ART

Anthony McCall – Solid Light Works

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Il n’est pas seul aux Abattoirs, le musée d’art contemporain toulousain, et pourtant c’est le seul nom que l’on retient : Anthony McCall. Depuis le 22 février dernier et jusqu’au 5 mai prochain, entre autres installations et supports, une de ses exposition s’y déroule et remporte un certain succès. Ce sexagénaire anglais, ancré dans l’art contemporain, développe un art particulier qui réveille tous nos sens.

L’aménagement de l’espace est réfléchi pour réaliser une immersion complète, c’est pourquoi on ne plonge que peu à peu dans l’obscurité, par paliers successifs. Une fois le seuil clef franchi, notre odorat est touché en premier par un relent de fumée aigre doux qui nous attrape le nez et nous attire dans ce voyage sensitif. C’est ensuite la noirceur quasi-totale qui nous frappe, où seuls des halos lumineux d’une clarté pure accaparent l’œil du spectateur. Cette lumière, structure d’une solidité en trompe l’œil, semble jouer sur le même terrain que les hologrammes, de par son effet de persuasion, de vrai/faux. Les curieux venus s’aventurer dans cette antre mystérieuse, observent avec attention et stupeur les sculptures lumineuses du britannique. Ceux qui prennent le temps et s’attardent sur différents points de vue remarquent que ce ne sont pas de simples sculptures mais des structures évolutives dont la migration lumineuse est d’une lenteur inouïe, quasiment imperceptible. D’autres vont aussi oser les traverser, tel le Passe-muraille de Marcel Aymé, en passant à travers un mur qu’ils avaient peur de briser. Sans briser l’installation, ils vont la modifier et devenir acteurs de l’exposition, rendant l’expérience encore plus intense. Ces œuvres fantomatiques sont parfois accompagnées de sonorités étranges variant selon les salles, comme celles d’un océan et de la faune qui l’entoure, et celles d’une grande agglomération vivante et pressée. Entre apaisement et stress, notre ouïe se retrouve transportée, et peut se croire à Londres, New-York ou Hong Kong, ou sur un littoral de Bretagne ou du Pays de Galles …
Après la vue, l’odorat (lié au goût que laisse la fumée) et l’ouïe, le toucher est lui aussi présent pour parfaire ce voyage sensoriel et bouleversant. A chaque instant perdu dans cet espace clos et sombre, on tente de percevoir la lumière, de la sentir, de la toucher, en vain. C’est donc ce non-touché qui la représente pendant un instant, mais à force de s’évertuer à vouloir la ressentir, c’est alors la chaleur qu’elle diffuse qui nous permet d’être sûre de ne pas avoir rêvé son existence.

De quoi est composé le travail du britannique ? D’œuvres horizontales et verticales réparties sur trois salles évoquant de vieux projecteurs, transmettant un film conceptuel et monochrome, dont la durée ne peut être déterminée par le promeneur incapable de la deviner.
Anthony McCall entraîne ses congénères dans un univers à part entière qui dérègle toutes nos perceptions, tout ce que l’on croyait réel, voire possible … On en ressort complètement déboussolé, conscient d’avoir vécu quelque chose de particulier, sortant de l’ordinaire.

Les autres artistes exposant aux Abattoirs complètent harmonieusement l’expérience précédente, tel Pierre Bismuth avec “Alternance d’éclaircies et de passages nuageux l’après-midi”, et la répétition involontaire que chaque protagoniste fait chaque jour. Le visiteur est déjà perdu, et cette projection lui fait perdre encore un peu plus ses repères. Répétition, allées et venues, déjà vu, détails qui changent, tout se mélange … Avec seulement quatre écrans, le français aura réussi à faire réfléchir et à troubler encore un peu plus le spectateur, sur la perception de son quotidien.

En amour avec la diversité artistique, immergée dans les images et les sonorités, en quête d'une fameuse culture hybride, à la croisée des idées. Sur la route et sur les rails, entre la France et les festivals.

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