ART

Vasarely : rétrospective sur le père de l’Op Art au Centre Pompidou

Jusqu’au 6 mai 2019, le Centre Pompidou consacre une rétrospective à Victor Vasarely, l’occasion de (re)découvrir ce précurseur, figure centrale de l’Op Art.

Découvrir (ou redécouvrir) Vasarely, c’est se laisser émerveiller par la lumière. Lumière qui jaillit des contrastes en noir et blanc ou qui sculpte les reliefs des compositions géométriques. C’est aussi s’émerveiller du jeu de l’assemblage de couleurs. Le regard se laisse envoûter par la magie que créent les superpositions et les juxtapositions des cercles et des carrés ou de leurs déclinaisons en ellipses et en losanges ou trapèzes.

Près d’un demi-siècle après la dernière exposition qui lui fut consacrée au musée des Arts décoratifs de Paris en 1963, le Centre Pompidou propose un retour sur le travail de cet artiste dont l’œuvre reste très méconnue. 

Du design à l’art

Un parcours à la fois chronologique et thématique retrace la totalité des facettes de l’œuvre de Victor Vasarely, artiste originaire de Hongrie, où il nait en 1906. Installé à Paris en 1930, son travail de graphiste au sein d’une agence de publicité lui permet d’appréhender le travail des contrastes et de la forme qui fera sa renommée dans les décennies suivantes. La publicité, qu’il perçoit comme un art à part entière, constitue alors la voie idéale de son expression artistique. 

Dès ses débuts, sa série sur les Zèbres, qui s’impose d’ailleurs dès l’arrivée au sein de l’exposition, atteste d’un travail sur les lignes qui seront au cœur du mouvement de l’Op Art. Au fil des années son langage se précise, de Belle-Île-en-Mer (Bretagne) aux fragments des carreaux dans les couloirs du métro parisien, Vasarely puise ses sources d’inspiration dans la nature et le réel. 

Zèbres-A, 1938 © Fabrice Lepeltier © Adagp, Paris, 2018

Dans les années 1950, insatisfait du statisme de ses formes abstraites, il rompt avec le vocabulaire traditionnel de l’abstraction géométrique en inventant l’art optico-cinétique. Vasarely définit lui-même le cinétisme comme un mot qui signifie le mouvement. Si certains utilisent les machines, Vasarely mise sur le déplacement du regard. La première partie de l’exposition est intéressante dans l’appréhension de l’ossature du travail de Vasarely, mais tout son talent se dévoile dès la vision de ses créations en noir et blanc. C’est avec ces œuvres, à l’image de la série Vega, qu’il met en place la vibration, la perspective, le jeu du positif et du négatif, stimulant ainsi notre regard constamment inquiété, attiré. 

Vega, 1956 © Centre Pompidou / Philippe Migeat © Adagp, Paris, 2018

En créant au début des années 1960 ce qu’il appelle «  l’alphabet plastique  », Vasarely tend à fonder un langage visuel à portée universelle. Le jeu des formes et des couleurs rend possible un nombre de combinaisons presque infini. L’éclat de la palette utilisée par l’artiste s’impose alors à notre œil emporté par le spectacle qu’elle créé.

Majus, 1967-1968, Courtesy Galerie Lahumière © Adagp, Paris, 2018

L’artiste des Trente Glorieuses

Attaché à cet art qu’il veut social, Vasarely tend, selon le principe du Bauhaus, à créer un monde meilleur en alliant art et technique. Ainsi il affirme : “Je ne suis pas pour la propriété privé des créations, que mon œuvre soit reproduite sur des kilomètres de torchon m’est égal ! Il faut créer un art multipliable.” À partir de 1965, les formes de l’artiste se retrouvent partout  :  dans la mode, les journaux, les pochettes de disques, notamment celui de Space Oddity de David Bowie, ou encore à la télévision, preuve de la réussite de son programme. 

Son projet de renouvellement visuel à travers les objets urbains prend forme dans la réalisation d’intégrations architecturales, débouché logique de sa vision sociologique de l’art. C’est au début des années 1970 que naissent ses intégrations les plus célèbres ; dans le nouveau bâtiment de la gare Montparnasse, dans la conception d’une nouvelle version du fameux losange de la marque Renault ou dans la salle à manger de la Deutsche Bundesbank à Francfort, reconstituée pour l’occasion au Centre Pompidou. 

Logo Renault, Victor Vasarely et Yvaral, 1972 © Fabrice Lepeltier © Adagp, Paris, 2018

Rapidement passé de mode à la manière de tout produit de consommation, le mouvement de l’op art tout comme sa vedette ont très vite été oubliés. Trop vu ? Peut-être. Reste que le Centre Pompidou, par cette exposition aussi bien inédite que fascinante, donne l’espoir de raviver ce dessein d’un art accessible à tous.

 « Vasarely – Le partage des formes », Centre Pompidou, Paris IVe, jusqu’au 6 mai. 11 heures-21 heures sauf le mardi, 11-14€.

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