SOCIÉTÉ

DECRYPTAGE – La crise des subprimes, quel bilan dix ans après ?

Photo : © NICHOLAS ROBERTS / AFP FILES / AFP


Le 14 septembre 2008, la grande banque d’affaire américaine Lehman Brothers fait faillite, conséquence de la crise américaine des subprimes. Dix ans après cette crise d’ampleur mondiale, comment a-t-elle éclaté et quels enjeux persistent aujourd’hui ?

 

Le système des subprimes

Tout commence en 2001. A la suite des efforts du gouvernement Clinton, le marché de l’immobilier est en pleine expansion. Les subprimes font leur apparition : des prêts immobiliers accordés à des ménages américains aux revenus modestes. L’idée étant de permettre l’accès à la propriété pour la classe moyenne américaine. Les mensualités sont abaissées les premières années mais les taux d’intérêts sont, eux, variables, provoquant un risque d’insolvabilité important. Autrement dit ces ménages ont peu de chance d’être en capacité de rembourser leur prêt et de faire face à leurs engagements.

Chute des crédits immobiliers

Ce risque se révèle réel lorsqu’en 2008 les taux d’intérêts directeurs de la Réserve Fédérale (Fed) augmentent, entrainant la hausse des crédits immobiliers. De plus, la demande en biens immobiliers s’amoindrit, leur prix est tiré vers le bas et les propriétés ont donc moins de valeur, ce qui appauvrit les nouveaux propriétaires. Les situations d’insolvabilité des foyers et les défauts de paiement se multiplient, une véritable crise sociale éclate aux Etats-Unis.

© Reed Saxon/AP

Une crise financière généralisée

La crise financière suit peu de temps après. Les prêts immobiliers étaient titrisés, c’est-à-dire qu’ils étaient combinés avec d’autres prêts plus sûrs pour ensuite pouvoir être proposés aux investisseurs sur le marché. Or, la crise des subprimes fait que les investisseurs se retirent de ces produits considérés comme trop risqués. Il n’y a plus de demande pour certains titres, ils sont alors impossibles à coter. Cette défiance s’étend à d’autres marchés, notamment celui des « commercial papers » (titres de créances négociables émis par les entreprises sur le marché monétaire à court terme), qui représentent d’énormes montants.

Les solutions

Le gouvernement américain réagit tout de même rapidement pour sauver les banques et éviter d’autres faillites. Les banques centrales interviennent en injectant des liquidités dans le circuit monétaire. La première semaine d’août 2008, les instituts d’émissions américains, européens et asiatiques investissent 330 milliards d’euros. Un accord international est voté en décembre 2010, suite aux discussions du G20, ceux de Bâle III qui assainissent le système bancaire international. Pour autant, Lehman Brothers fait faillite, produisant une panique générale sur les marchés financiers qui ralentit l’économie mondiale.

Des analyses différentes pour des enjeux similaires

Dix ans après, beaucoup d’experts se sont interrogés sur les causes et conséquences de cette crise d’une gravité similaire à celle de 1929. Pour beaucoup d’entre eux, le système capitaliste est responsable, en particulier la spéculation qui conduit quasi-systématiquement à une crise. Cependant, par la suite, le système n’a pas été remis en question,les solutions ont été trouvées dans une logique financière. Pour certains, la crise de 2008 est à l’origine de la montée actuelle des populismes dans le monde entier car elle a eu un fort impact social et politique.

Tous s’accordent à dire qu’une crise semblable peut éclater à tout moment. Car même si le marché financier est plus régulé qu’auparavant, la régulation reste très flexible. De plus, l’opacité du système financier, très importante en Chine notamment, ne permet pas d’anticiper une crise financière.

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