SOCIÉTÉ

Le rugby féminin en quête de reconnaissance

Il y a quelques jours, l’Équipe de France féminine de rugby échouait aux portes de la finale avec tristesse face à des Canadiennes beaucoup plus explosives. Pour la 6ème fois d’affilée, elles ne verront pas la finale. Un échec, vraisemblablement… Mais la Fédération n’attendait pas forcément un titre pour les jeunes Françaises. En effet, l’attente se faisait surtout autour d’une retombée médiatique qui permettrait au rugby féminin, tout comme le football ou le basket avant lui, de sortir d’un certain anonymat.

Une Coupe du Monde à domicile

17 août, dernière journée des Mondiaux féminins de rugby. L’Angleterre est sacrée championne du Monde et les joueuses françaises sauvent l’honneur en finissant troisième. Voilà ce que l’on peut retenir sur le plan sportif, où nos représentantes visaient logiquement le titre suprême sur leurs terres.

Depuis la création des tournois des VI nations et de la Coupe du Monde dans les années 80 ainsi que la reconnaissance du Haut Niveau chez les femmes à la fin des années 1990, le rugby féminin est resté dans un relatif anonymat. Dans l’ombre des hommes, les demoiselles du rugby (environ 13.000 licenciées en France) étaient en recherche de reconnaissance depuis quelques années.

Un des acteurs majeurs des retransmissions sportives, France Télévision, tente depuis plusieurs saisons de faire découvrir le rugby féminin au grand public grâce à la diffusion du tournoi des VI nations version féminine, avec des retombées moyennement satisfaisantes. Il fallait donc un événement majeur pour pouvoir attirer les amateurs de sport. L’International Rugby Board ayant attribué l’organisation du Mondial féminin à la France, après l’édition de 2007, la Fédération Française de Rugby a donc investi près de 400.000€ pour attirer les médias et les spectateurs.

L’exposition médiatique grâce à France Télévisions

C’est ainsi que France Télévisions s’est logiquement positionné pour obtenir les droits de diffusion d’une partie des matches, en souhaitant les diffuser sur sa chaîne France 4, qui tente depuis plusieurs années le pari du sport féminin, avec une grande réussite (plus de 2 millions de téléspectateurs pour des matches de football féminin). En acquérant une partie des droits avec Eurosport, pour une somme bien dérisoire face aux droits des compétitions du Top 14 ou d’autres compétitions, la chaîne du service public permet ainsi de donner à la discipline une très grande visibilité durant cet été.

Du 1er au 17 août, les audiences furent très vite au rendez-vous : environ 1 million de téléspectateurs pour la première rencontre des Bleus face au Pays de Galles, plus d’1.5 millions pour celle entre la France et l’Afrique du Sud, et enfin plus de 2 millions de fans étaient devant leur petit écran pour la demi-finale France-Canada (16-18), ce qui se trouvent être de superbes audiences pour une chaine de la TNT.

Un sport sur le devant de la scène… mais dans l’ombre du football et du rugby

Habituées aux matches de championnat avec une centaine de spectateurs installés autour du terrain, les joueuses françaises ont pris plaisir à jouer devant plusieurs milliers de spectateurs : leur demi-finale, dans un stade Jean-Bouin flambant neuf, a attirée près de 17.000 curieux. En terme d’image, on comprend vite que l’Équipe de France féminine et sa fédération ont réussi leur Coupe du Monde, en réussissant à attirer les spectateurs, les téléspectateurs et les journalistes.

C’est logiquement que le rugby féminin français espère avoir sa part du gâteau dans le paysage médiatique d’ici ces prochaines années. Mais cela sera certainement difficile : seulement 7 % des diffusions sportives télévisées sont des compétitions féminines, et d’autres sports ont une longueur d’avance sur les techniciennes du ballon ovale. En effet, les coups d’éclats du football féminin à tout les niveaux (clubs français et sélection nationale) depuis plusieurs années ainsi que l’exploit des basketteuses françaises lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012 (médaille d’argent) ont été bénéfiques pour ces deux disciplines. Augmentation du nombre de licenciées, exposition médiatique en augmentation, sollicitations des îcones de ces équipes comme Céline Dumerc pour le basket ou Gaëtane Thiney pour le football, amélioration des compétitions nationales et de la formation, attention et considération croissante pour le sport féminin : voici les quelques exemples des bénéfices de la mise en lumière de ces disciplines, et la liste est encore longue !

Le rugby féminin français doit donc prendre exemple sur ces modèles pour rattraper son retard et porter encore plus au haut l’image du sport féminin en France. Cependant, il ne faut pas se le cacher, le rugby va rester dans l’ombre des footballeuses et basketteuses, à cause du manque de performance majeure lors de cette Coupe du Monde, du faible avancement des compétitions nationales, et de l’absence du statut professionnel pour les joueuses de rugby en France.

Quoiqu’il en soit, espérons pour le rugby féminin que le parcours de l’Équipe de France pendant cette Coupe du Monde ne soit pas qu’un simple tube de l’été. Du moins, les joueuses du monde entier pourront se réjouir, puisque la Coupe du Monde, menacée de disparaître au profit du rugby à VII, est reconduite jusqu’en 2021, après la ferveur sur les terres françaises pendant ce mois d’août. Enfin, avec leur jeu séduisant et leur accessibilité envers la presse, les françaises ont su conquérir le cœur du public, et espèrent revenir très vite pour décrocher le titre mondial.

Jeune étudiant caennais passionné par une musique éclectique (Foals, Muse, Hyphen Hyphen et autres Watsky), intéressé par un cinéma grand public, mais aussi avide de sports en tout genre.

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