SOCIÉTÉ

Elections locales au Népal, une première depuis 20 ans

Le 14 mai et le 28 juin derniers, les Népalais ont eu l’occasion de mettre leur bulletin dans l‘urne. Une pratique disparue pendant 20 ans à cause de nombreux conflits internes.

Le Népal, pays d’Asie situé entre l’Inde et la Chine, retrouve aujourd’hui un nouveau souffle politique. Les citoyen·ne·s népalai·se·s ont regagné leur droit de vote pour la première fois depuis des années. Quel sera l’impact de ces élections sur l’essor du pays ? Le Népal a été meurtri par une décennie de guerres civiles (1996-2006). Elle a causé de nombreuses pertes pour ses habitant·e·s et a abouti à la chute de la monarchie hindoue pluriséculaire.

Cette année, les népalai·se·s participent, pour la première fois depuis longtemps, activement à la vie politique de leur pays. Par cause d’instabilité, le vote a dû se dérouler en deux phases. Les citoyen·ne·s de trois régions sur sept se sont déplacé·e·s aux urnes le 14 mai tandis que le reste a attendu le 28 juin. La Commission électorale a estimé la participation à 71 % pour le premier tour et 73,4 % au second. Trois principaux partis se sont opposés : les maoïstes (communistes), le Congrès népalais (centre droit) et les nationalistes du CPN-UML.

Une nouvelle constitution à l’origine du changement : victoire du CPN-ULM

Le 21 septembre 2015, une réforme est votée pour instaurer la république fédérale. Grâce à cette nouvelle constitution, les gouverneur·e·s loca·les·ux renforcent leurs pouvoirs notamment dans leurs dépenses. Avec une victoire dans 250 régions, c’est le CPN-ULM qui aura l’occasion d’envisager son programme dans la majorité du pays. Mais tous les Népalais ne cautionnent pas ce renouveau. La communauté Madhesi, qui réside dans les plaines du sud, s’oppose encore à la mise en place d’une nouvelle organisation politique. Représentant 20 % des 28 millions d’habitant·e·s, elle remarque sa place minoritaire dans chacun des nouveaux états.

« Ce scrutin va-t-il raviver les tensions ethniques ou participer au contraire à la stabilisation institutionnelle ? » se demande Jean-Luc Racine, directeur de recherche au CNRS, et vice-président d’Asia Centre, interrogé par La Croix. Malgré tout, la plus grande circonscription électorale située à Katmandou a validé 878 candidatures au premier tour, ce qui montre la volonté des hommes et femmes politiques de s’engager. C’est sur un bulletin de vote de près d’un mètre qu’ont été inscrits les noms.

Des tensions internes ravivées par l’élection

Malgré ce renouveau pour les népalai·se·s, leur démocratie est encore fragile. A la fin de la guerre civile, les maoïstes avaient réussi à instaurer une démocratie grâce à un accord de paix. Avec toutes les instabilités politiques que le pays a connues, il pourra aussi vite replonger dans les conflits et la violence. Des tensions se sont ressenties dans le pays pendant le premier tour. Dans le district de Dolakha, au nord-ouest de la capitale, la police a ouvert le feu alors qu’un groupe d’hommes tentait d’attaquer un bureau de vote. Une bombe a été désamorcée le dimanche matin près du domicile d’un des candidats de Bhaktapur près de Katmandou. En tout, près de 231 000 membres des forces de l’ordre ont été mobilisés pour rendre les deux phases de vote les plus sûres possible, a rapporté l’AFP.

Malgré ce renouveau, la corruption n’a cessé d’augmenter. Elle risque de nuire au service public, qu’il s’agisse aussi bien de l’éducation, de la santé ou de l’administration. En termes de corruption, le pays arrive à la 131ème place sur 176 dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International, parmi les pays les plus corrompus d’Asie du Sud.

A l’entre deux tours, le Parti Rastriya Janata-Nepal a appelé à une grève générale pour protester contre le second tour dans les différents districts de Tarai, rapporte le Katmandu Post. Le second tour s’est même vu repousser au 28 juin (initialement 14 juin).

Une démocratie en pleine construction

Mais rien n’est joué : le Nepali Congress, avec 211 des régions, est très proche de la victoire. A la suite des élections de 2017 suivront des élections provinciales puis nationales au plus tard en janvier 2018. Une réelle transition démocratique n’est pas envisageable suite à une seule élection.

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