Rendez-vous situé à la croisée du social et du cinéma, le Festival du film social revient du 13 au 16 octobre 2025 en multisites. Sa programmation éclectique met en lumière des réalités complexes de difficultés sociales et d’accompagnement.
Regards croisés sur le social
Le Festival du film social a lieu chaque année pendant trois jours en octobre dans 40 villes de France. Il permet, à travers la représentation cinématographique, de mieux comprendre des difficultés sociales pansées par un secteur médico-social en crise. L’association La 25e image crée ce rendez-vous en 2019. L’idée est de « sensibiliser le public au vécu des personnes en difficulté sociale et aux réalités du travail et de l’intervention sociale ». En plus de ce temps fort annuel, l’association organise des projections toute l’année dans des établissements de formation en travail social, des collectivités, et des cinémas.
Les 21 films de cette édition 2025, répartis dans 5 programmes, présentent des formats, des tons et des nationalités variés. Si une majorité ont lieu dans des contextes français, la programmation explore aussi des situations internationales. Le Québec est mis à l’honneur avec Dissidente et Mercenaire de Pier-Philippe Chevigny. Des regards sont aussi tournés vers l’Espagne avec Cura Sana de Lucia G. Romero, ou l’Inde avec un moyen-métrage d’Anna Hints (The Weight of life).

Donner la parole, visibiliser
Le festival s’attache à faire voir des réalités sociales invisibles, en particulier celles prenant place au sein d’institutions fermées. Si celles-ci sont parfois mises à l’écran, elles le sont souvent en tant que fantasmes. La sélection fait cette année un focus sur la prison, notamment avec le documentaire La peine, de Cédric Gerbehaye. Le réalisateur nous emmène en immersion dans la réalité quotidienne des détenu·e·s et du personnel pénitentiaire d’une prison bruxelloise. La caméra passe derrière les murs, mais aussi en dehors. Le film de Marine Giraud documente en effet le quotidien de personnes bénéficiant de mesure d’aménagement de peine à la campagne.
D’autres œuvres projetées font état d’expériences de violences invisibles, souvent soumises à des omerta. C’est le cas d’une enquête intime sur le scandale de violence au collège-lycée Notre Dame de Bétharram (JAMES HADLEY PORTE PLAINTE de Eric Pinatel). Un docu-fiction qui brise le silence et résonne avec les prises de parole des victimes d’un scandale dans un centre de redressement catholique (Les Oubliés de la belle étoile de Clémence Davigo). Ces films, comme d’autres de la sélection, sont des espaces d’où émergent des récits cachés. Ils sont aussi des vecteurs d’analyse sensible de violences intimes inscrites dans des systèmes de domination.

Questionner la norme
L’un des enjeux du festival est de visibiliser des identités et parcours d’individus en prise avec des difficultés sociales multiples. Il s’agit non pas de les représenter comme des objets de regards, mais comme des sujets complexes. Leurs vécus, s’ils sont singuliers et parfois dramatiques, nous invitent aussi à repenser nos représentations et décaler nos regards. La comédie dystopique Inadapté de Tristan Zerbib prend le contrepied du réalisme en imaginant un monde où la norme est d’être handicapé. Le court-métrage Malo fait du vélo de Yannick Muler suit avec tendresse et humour une personne autiste dans sa recherche d’amour.
Réhabiliter le soin
Le festival entend réunir professionnel·le·s du cinéma et du social. Dans cette même perspective de croiser les regards, un objectif qu’il se donne est de contrer l’invisibilisation des métiers du travail social. Cette entreprise apparait essentielle dans un contexte où les métiers du lien peinent à attirer, faute de valorisation suffisante. Cela passe par exemple par un geste cinématographique sur les gestes de soin et un langage non-verbal inventé dans un institut médico-social (Pépites de Thierry Vallino).
Ces films peuvent ainsi provoquer de la compréhension mutuelle entre ces deux secteurs, voire des vocations. Travailleur·se·s du social et du cinéma proposent des éclairages après chaque film, pour nourrir les débats d’expériences de terrain. Loin de proposer une vision monolithique du social, c’est une pluralité de relations d’accompagnement qui est visibilisée.
Le Festival du film social a lieu du 13 au 16 octobre 2025 dans 40 villes/9 régions. Retrouvez en ligne les programmes 2025, ville par ville, salle par salle, de l’ensemble des projections prévues sur le territoire.








