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Rencontre avec Dope Lemon :« Avec mon imagination, je peux être n’importe où »

Crédit : Thomas Soulet

Le projet psychédélique et groovy d’Angus Stone, alias Dope Lemon, revient avec un 5ᵉ album renversant et sexy, Goldent Wolf, qui sent bon l’été.

Le Smooth Big Cat se transforme en Golden Wolf. Angus Stone, musicien australien connu grâce à son duo avec sa sœur Julia Stone, revient avec un nouvel album, suintant les bonnes ondes, la joie de vivre et beaucoup de chaleur. Expérimentant de nouvelles voies sonores sans prendre trop de risques et restant dans ce qu’il sait faire de mieux, c’est-à-dire de la musique sensuelle pour amateurs de psychotropes, Stone n’a jamais aussi bien porté son nom. Sa musique est azurée et solaire. Ici, il change sa « Rose Pink Cadillac », single groovy de 2022, pour une « Electric Green Lambo », titre ravageur de son dernier bijou.

Angus Stone nous racontera qu’il est à la recherche de son animal totem et c’est avec cette image de loup doré qu’il revient en force. Nous l’avons rencontré dans le très privé Soho House Hotel pour un échange humainement et chimiquement renversant. Nous y parlerons de sa musique évidemment, mais aussi de sexe, de drogues récréatives, de cinéma et d’alchimie. Rencontre.

Crédit : Thomas Soulet

Quel a été le processus de composition de ce nouvel album ?

Je préfère toujours être dans le moment, car sinon on est toujours en train de courir après quelque chose. Pour cet album, comme je suis en permanence en train d’écrire, nous sommes arrivés à un point qu’on appelle de « saturation », où j’avais toutes ces informations que j’avais besoin de partager de peur de les perdre.

Est-ce que tu enregistres toujours à ton ranch ?

C’est nouveau, mais j’ai acquis, c’est vraiment cool, un nouveau grand manoir des années 70 qui a une sublime vue sur les champs de canne à sucre. Comme une capsule temporelle. C’est vraiment incroyable. J’ai appelé cet endroit le Sugarcane Mountain Studios. Cela fait seulement une semaine que c’est devenu commercialisé et qu’on peut aller y enregistrer sa musique. Des groupes internationaux viennent, il y a aussi une piste d’atterrissage, c’est vraiment un endroit spécial.

À part cet endroit, quel est le meilleur endroit pour toi pour créer de la musique ?

Je ne veux pas sonner prétentieux, mais avec mon imagination, je peux être n’importe où. Je peux ensuite me repasser le film dans ma tête. J’imagine que c’est la beauté de cette forme d’art. Je peux être dans une chambre d’hôtel, être au milieu d’une ville où je n’ai pas forcément envie d’être ou peu importe. Ça vient juste de l’inspiration, du moment, et tu t’empresses d’aller vers elle.

Tu préfères quelle voiture maintenant ? Ton ancienne « Rose Pink Cadillac » ou ta toute neuve « Electric Green Limbo » ?

(Rires) Tu sais, c’est drôle, car cette image revient souvent, celle de la voiture. Mais nous voyageons depuis maintenant près de vingt ans en tournée. On passe beaucoup de temps dans les avions. Parfois, on volait deux fois par jour pendant trois mois. Je pense que ces navires dans lesquels nous étions sont comme des distorsions temporelles vers le futur et je trouve ça incroyable.

Mais tu aimes conduire ?

Oui, j’adore conduire. J’aime conduire et écouter de la musique. Je pense que c’est même un des meilleurs endroits pour écouter de la musique.

Ça me fait penser à ta chanson « On The 45 ». Qui est avec toi dans cette voiture ?

Qui est à l’arrière (Rires) ? Cette chanson est sur une fille qui fondamentalement obtient tout ce qu’elle veut et qui n’a jamais dû travailler trop difficilement pour obtenir ce qu’elle considère déjà acquis. Et donc elle est toujours sur la banquette arrière. C’est une personne fictive dans ma tête, mais je peux la voir là. Je ne sais pas, c’est une histoire qui m’est venue comme ça.

Mais comment tu créais ce genre de son ? Car quand on écoute Dope Lemon, surtout sur les trois derniers albums, il y a comme quelque chose de sensuel, sexuel et intense. Est-ce que c’est venu naturellement ou tu voulais créer ce genre de son ?

Pour être honnête, je ne sais pas ce que je fais vraiment. Ça arrive juste. Je suis le flow. Je pense que c’est la beauté de rester dans le même corps de métier aussi longtemps. Tu as comme ces cadeaux tombés du ciel, ces récompenses que tu obtiens pour affiner tes compétences afin de devenir une fête. Je n’essaye à aucun moment d’être autre chose que moi-même. Et c’est intéressant, car j’entends les gens parler et se poser des questions sur comment je crée ce genre de son dans ma voix, et comment je deviens ce personnage. C’est tellement important que je pense que c’est devenu une partie de moi maintenant.

Mais tu sais que des gens font l’amour sur ta musique ?

Il paraît, oui.

Tu te sens comment par rapport à ça ?

Je pense que c’est bien. C’est surement l’un des compliments les plus cools que tu puisses recevoir.

Comment tu travailles avec tes musiciens ? Est-ce que tu arrives d’abord avec quelques démos ou vous composez tous ensemble ?

C’est vraiment cool qu’on puisse vivre dans une époque où nous pouvons être aussi volatils, comme par exemple être virtuellement ensemble alors que nous sommes tellement loin de l’autre sur terre et avoir l’impression d’être dans la même pièce. Et beaucoup d’albums sont faits comme ça maintenant, et je trouve ça vraiment cool. J’envoie ma partie de piano à mon ami qui est à New York, puis à mon guitariste qui est à Berlin. C’est cool de pouvoir choisir certaines personnes pour jouer tels types d’instruments.

Il y a d’ailleurs un featuring sur ce nouvel album. Sur la chanson « She’s All Time » avec Nina Nesbitt. Peux-tu m’en dire plus sur cette chanson et la rencontre avec Nina ?

Cette chanson a été créée juste par le fait d’être assis au bord de la piscine à boire des piña colada. (Rires) Le son que tu entends est vraiment ce qu’il se passait au studio. Nous étions à Sugarcane. Et quand on est arrivé au refrain, j’ai suivi Nina et elle est une femme tellement puissante. J’ai tellement adoré comment elle parlait de la vie et de ce que c’est d’être humain et d’être ému par le monde. Et je respecte beaucoup ça. Donc je lui ai écrit en lui demandant si elle voulait chanter sur cette chanson. C’était vraiment drôle, facile et naturel. Si tu gardes l’esprit ouvert et que tu es vrai avec les gens, je pense que des choses incroyables peuvent arriver.

Dans ta musique, il y a quelque chose de très cinématographique. Si Golden Wolf était la bande son d’un film, quel serait le scénario ?

Très bonne question, j’adore. Ça pourrait être un film d’amour français à Biarritz traversant les forêts jusqu’à la mer. De belles lumières, un chagrin d’amour, se remettre ensemble, tout ce qu’un film d’amour pourrait être.

Pas de triangle amoureux ? Ce qui est très français.

Oui. (Rires) Ça sonne plutôt bien. Avec un voilier quelque part.

Sur tes anciennes pochettes d’albums, tu gardais la même identité, sauf sur ton dernier album, Kimosabe, où la cover est une photo de toi. Pourquoi être revenu à ton ancienne direction artistique sur Golden Wolf ?

Je pense qu’au moment de Kimosabe, j’étais prêt à révéler qui était derrière Dope Lemon, d’où la photo de moi sur la pochette. J’aime cette part de révélation, mais je pense que les gens commençaient à savoir que c’était moi. J’étais en mode : «  Faisons le. Disons bonjour  ». Puis, quand je suis arrivé pour ce nouvel album, je me suis dit : « Revenons à notre DA ». J’aime cette image, cette métaphore, que, quand tu mets un masque, ici le citron, tu peux devenir qui tu veux. C’est ce que je veux faire ressentir avec ma musique. Il y a tellement d’univers qui s’ouvrent quand on vient au fait de faire des albums où l’on crée pour l’auditeur et soi-même.

J’écoute tes projets solo depuis Lady Of The Sunshine, puis ton album solo avec ton nom Angus Stone et enfin Dope Lemon. Quand ce groupe est arrivé, quand tu as trouvé ta musique, l’artiste spirituel que tu voulais être, comment tu t’es senti ? Est-ce que tu as su que Dope Lemon allait devenir le groupe qu’il est aujourd’hui ?

Pour être honnête, les moments de clarté, quand ils frappent comme ça, pour moi, personnellement, c’est comme quand un étranger vient me voir dans la rue pour te raconter une histoire sur la première fois où il a entendu ta musique et l’effet que ça lui a fait, de la personne avec qui il était à ce moment-là, une personne qui est décédée aujourd’hui. Ce genre de nouvel amour, élément où tu vois toutes ces superbes histoires où ta chanson peut leur faire ressentir quelque chose de complètement différent par rapport à l’idée originale de création. Je pense que, quand ce genre de chose commence à arriver, c’est un signe très fort que tu es sur le bon chemin.

J’ai vraiment commencé à apprécier ça ; je l’appréciais déjà avant, mais maintenant encore plus, car quand quelque chose nous frappe, on le ressent. Ce genre de sentiment éthéré où tu fais partie d’une communauté. Je pense que je l’ai compris à ce moment-là.

Dernière question, si Dope Lemon était une drogue, laquelle serait-elle ?

Je pense que la musique est la meilleure drogue sous toutes ses formes. J’ai eu mes moments sous psychotropes et je pense que la fréquence de la musique est de loin le pouvoir le plus ultime. Tu peux y revenir quand tu veux, sans effets secondaires à part peut-être perdre l’ouïe. Puis il y a aussi peut-être le sexe. Sûrement les deux drogues les mieux pour nous.

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