QUINZAINE DES CINÉASTES – Pour son troisième long-métrage, le réalisateur américain Sean Byrne nous embarque dans un thriller déjanté au large des côtes australiennes. Alliant requins, tueur en série, et surfeur·euse·s musclé·e·s, Dangerous Animals a secoué la Croisette.
En tant que premier film de requins tueurs présenté lors de la Quinzaine des Cinéastes, Dangerous Animals s’est révélé plus que convainquant. La première cannoise fut aussi mémorable que celle de The Substance l’an dernier, acclamée par une belle standing ovation.
Il met en scène Zephyr (Hassie Harrison), une surfeuse au caractère bien trempé, qui se fait kidnapper par un tueur en série (Jai Courtney) obsédé par les requins. Séquestrée sur son bateau de pêche et condamnée à être dévorée vive par les squales, Zephyr tentera tout pour échapper à la folie de son ravisseur.
Un film d’horreur qui déconstruit les codes du genre
Cette année 2025 célèbre les 50 ans de Jaws (Les Dents de la mer, 1975) de Steven Spielberg, considéré comme le premier blockbuster américain. Quoi de mieux que de faire un film reprenant la thématique principale du requin tueur, mais d’en déconstruire point par point les schémas attendus.
Tout commence comme dans un film d’épouvante classique. Une jolie surfeuse un peu perdue dans sa vie rencontre un jeune homme, Moses (Josh Heuston). Tous·tes deux passent la soirée ensemble. Au petit matin, alors qu’elle part en quête des meilleures vagues, un serial killer faisant deux fois son poids la capture et l’enferme dans la cale de son bateau de pêche. Cet homme, dont le nom et les motivations restent assez floues, s’amuse à filmer ses victimes qu’il donne en pâture aux requins. Jusque-là, le scénario a tout d’un bon thriller.
Cependant, notre héroïne se révèle être une badass coriace, redéfinissant ainsi les codes de la final girl. Lorsque Moses arrive pour la sauver, il est lui aussi capturé, et sa présence n’aide nullement Zephyr à s’en sortir.
Outre ses nombreux screamers et moments de tensions, Dangerous Animals est avant tout un slasher et un body horror bien gore. Sean Byrne s’amuse avec le·la spectateur·ice avec des scènes toutes plus invraisemblablement gore les unes que les autres. Le sang coule à flot, les corps sont découpés, les têtes cognent dans tous les sens… Et lorsque l’on croit notre héroïne enfin hors de danger, la course-poursuite reprend de plus belle.

Une volonté hyper pop
Dangerous Animals peut être vu comme une parodie des films de requins tueurs. À la manière de L’Année du requin de Zoran et Ludovic Boukherma (2022), le comique prend rapidement le dessus sur la peur. L’on comprend rapidement que le film n’a pas forcément une volonté de réalisme. Comme la plupart des films d’horreur, la priorité est davantage à la mise en scène, qu’à la cohérence dans le récit. Pour autant, cela n’empêche pas la compréhension des enjeux, et rajoute même une touche de comique. Les dialogues volontairement clichés apportent un côté satirique, qui ne manquent pas de faire exploser de rire le public.
De nombreuses références pop rythment les scènes – même les plus gores, en particulier à travers la BO, très punchie. Le film présente une volonté et une esthétique hyper pop, avec des personnages fort·e·s et attachant·e·s. Les couleurs vives comme le bateau rouge, orange et jaune, contrastent avec le bleu de l’eau, et se confondent avec la couleur du sang. L’héroïne est une sorte de hippie blonde, habitant un van aménagé et volant dans les magasins, aux airs de sauveteuses en mer des films comme Baywatch.
Contrairement à la plupart des films de requins tueurs, comme Sharknado (2013) ou Jaws (1975), Dangerous Animals est un film de genre sur les requins où, pour une fois, les requins ne sont pas les méchants. Le vrai monstre n’est pas le requin, c’est le serial killer. En témoigne l’une des scènes finales assez surréaliste, où le grand requin blanc échange un regard compatissant avec Zephyr, alors sur le point d’être dévorée.
Dangerous Animals de Sean Byrne (The Jokers Films, 1h37) sortira en salles le 23 juillet 2025.