Acclamée lors du dernier Festival de l’Alpe d’Huez, l’adaptation au cinéma de la rom-com littéraire L’Amour c’est surcoté, de et par Mourad Winter, débarque cette année en salles et dépoussière le genre. Hakim Jemili, Laura Felpin, Benjamin Tranié, ou encore Alassane Diong, forment la distribution rayonnante du film.
À travers le point de vue tourmenté d’Anis (Hakim Jemili), trentenaire perdu et crédule, L’Amour c’est surcoté suit principalement sa rencontre et sa romance avec Madeleine (Laura Felpin), vingtenaire sûre d’elle en apparence et sarcastique. Opposé·e·s aussi bien par leurs personnalités que par leurs classes sociales, les personnages se lient véritablement autour de l’humour. Construite autour de blagues acérées et border, cette idylle est l’occasion pour Anis d’une exploration plus intime, qui lui permettra, peut-être, de s’arracher aux remords.

L’humour comme liant amoureux
« Anis, appuyé sur le comptoir du bar, observait la foule dansante, l’air désabusé. Quand soudainement, Madeleine apparut et… » L’Amour c’est surcoté aurait effectivement pu introduire ses deux amants ainsi. Or, Mourad Winter délocalise le moment du coup de foudre loin de la piste. Lors d’une soirée, Anis, alors déprimé par ses échecs amoureux, aperçoit Madeleine en direction du vestiaire. À l’écart des néons rosâtres de la fête, celle-ci est présentée comme une femme réservée, le nez dans son livre.
Mais, très vite, le livre de cette dernière coupe court notre a priori : Affaire Grégory, une famille désunie. Vraie amorce du ton du film, qui manie le contrepoint à merveille, la scène déjoue nos attentes. Alors que la mélodie extra diégétique qui se joue annonce la naissance d’un amour, le premier échange entre les deux amants est débarrassé de toute séduction. Bien que positionnée dans un sobre halo, Madeleine demeure pour Anis une « madame » à qui il serait tout juste bon de demander où se trouve les toilettes.
Cette scène de rencontre lie ainsi les personnages par l’humour. La fascination arrivera plus tard. Chapitré, ou parsemé de « niveau » à « débloquer », pour reprendre le lexique d’Anis et Madeleine, l’amour est précédé par une connivence comique. Lors du premier date, l’humour prend d’ailleurs le pas sur le romantique. En voix off, Anis commente le rendez-vous. Dans un rythme soutenu, leur conversation, en champs-contrechamps rapides, souligne la naissance d’une alchimie. Mais comme pour la scène de leur rencontre, leur date subit un revirement de ton. De blague en blague, les personnages entament finalement une conversation sur la mort qui fait remonter à la surface un souvenir douloureux pour Anis.
Tout au long du film, ce dernier tente d’articuler sa relation naissante à des peines passées encore enflammées. « C’est marrant, plus elle parlait, plus j’en apprenais sur moi », dit Anis lors de son premier rendez-vous avec Madeleine. Et c’est bien là l’enjeu du récit.

L’Amour c’est surcoté portraiture, comme beaucoup d’œuvres, certes, les trentenaires/vingtenaires paumé·e·s en amour. Mais ici, Mourad Winter démultiplie les ruptures narratives et de ton, permettant ainsi à sa romance de se renouveler, mais surtout de décentrer celle-ci. Le personnage d’Hakim Jemili s’en retrouve étoffé, car, bien que désireux de poursuivre cette idylle, il doit affronter des maux antérieurs. Et, qui sait, se laisser pleurer.
L’Amour c’est surcoté de Mourad Winter (Studiocanal, 1h30), sortie le 23 avril.