Gia Coppola propose avec The Last Showgirl un film très intéressant sur les coulisses des spectacles de cabaret à Las Vegas. Mettant sous le feu des projecteurs une Pamela Anderson brillante, la réalisatrice questionne la parentalité, l’amitié mais aussi le passage du temps.
Shelly (Pamela Anderson), 57 ans, travaille depuis trois décennies pour un spectacle de cabaret à Las Vegas, The Razzle Dazzle. Lorsqu’elle apprend que ce dernier prend fin, elle tente tant bien que mal de réfléchir à son avenir. Deuxième long-métrage de Gia Coppola, The Last Showgirl a été filmé en seulement dix-huit jours, avec un budget total de deux millions de dollars. La réalisatrice a choisi de filmer en 16 mm, donnant au film un côté rétro très réussi. Et à ses actrices une certaine splendeur.
Golden age
Ce rôle marque le début d’un nouveau chapitre pour l’actrice canado-américaine Pamela Anderson. Très longtemps sexualisée, marquée par son rôle dans la série Baywatch et ses photos dans le magazine Playboy, elle revient devant la caméra après une longue pause.
Dans The Last Showgirl, le personnage de Shelly vit au contraire ses derniers instants dans la lumière. Habituée aux projecteurs, aux paillettes et aux applaudissements, le désenchantement est pour elle très violent.
A l’heure où des films comme The Substance de Coralie Fargeat dénoncent l’âgisme d’une société de divertissement où le profit passe avant tout, The Last Showgirl montre une fois encore que la bataille est loin d’être gagnée. Shelly peine à trouver un nouvel emploi dans son milieu, jugée pas assez sexy (sous-entendu, trop vieille).
Mais la beauté de ce personnage, au-delà de son apparence extérieure, réside surtout dans son pouvoir d’émerveillement. Shelly a presque soixante ans, mais des étoiles brillent dans ses yeux à chaque mention de son travail. Un enthousiasme qu’elle tente également de transmettre à sa fille, Hannah (Billie Lourd).

Petite maman
Suivant la célèbre phrase d’Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince) selon laquelle « Pour chaque fin, il y a toujours un nouveau départ », Gia Coppola offre à son personnage de nouveaux horizons, notamment familiaux.
C’est en effet à ce moment clé de sa vie que Shelly renoue les liens avec sa fille. Cette dernière, âgée de 22 ans, s’apprête à terminer son diplôme à l’université, où elle étudie la photographie. Après presque un an sans voir sa mère, Hannah décide de reprendre contact avec elle.
Cette nouvelle relation de proximité mère/fille ne s’installe pas sans difficulté. Animée par une grande rancœur contre Shelly, Hannah lui reproche d’avoir privilégié son travail à l’éducation de sa fille. A l’écran, un vrai ressentiment est filmé entre la mère et sa fille.
Mais Gia Coppola fait de cette histoire une belle leçon de réconciliation. Dans un monde où les femmes ne semblent jamais pouvoir tout avoir (un travail, une famille, une vie personnelle épanouie), Hannah comprend rapidement que sa mère a essayé de faire de son mieux.
En naît également un discours d’éducation assez puissant, brillamment récité par Pamela Anderson. Shelly conseille à sa fille de poursuivre sa passion et de faire ce qui l’anime. Selon elle, si son métier ne lui plaît pas, l’argent ne changera rien. Elle se montre extrêmement bienveillante et à l’écoute, mettant en avant la communication. Intimement persuadée qu’il n’est jamais trop tard pour réparer les erreurs du passé, Shelly redevient mère.
Sororité
Le métier de Shelly nécessite une grande solidarité entre les danseuses. The Last Showgirl est aussi une très belle histoire d’amitié. Annette, la meilleure amie de Shelly, interprétée avec ardeur par l’actrice oscarisée Jamie Lee Curtis, la soutient tout au long de cette épreuve.
Elle-même ex-danseuse et devenue serveuse dans un casino, elle est la première à affirmer qu’elle continuera à faire ce métier qu’elle aime, peu importe son âge. « Je ne partirai jamais à la retraite », affirme-t-elle au début du film. Elle est d’ailleurs toujours capable de s’amuser sur son lieu de travail, en découle une très belle scène de danse sur la chanson « Total Eclipse of the Heart » de Bonnie Tyler.
Collants transparents, body ultra-moulant et paillettes sur les yeux, les deux femmes continuent de se sentir belles et adorées de tous·tes, des années après leur entrée dans les strass et les paillettes. Leur amitié leur permet de tenir dans les moments les plus délicats de leur vie, car ces métiers ne viennent pas sans une certaine forme de précarité.

Annette n’est pas la seule à soutenir la doyenne de l’équipe. Jodie (Kiernan Shipka) et Marianne (Brenda Song), deux jeunes danseuses du Razzle Dazzle, deviennent les filles adoptives de Shelly. Ces deux personnages, beaucoup plus terre à terre, aident Shelly à comprendre que le monde du divertissement évolue.
Car c’est une grande désillusion pour Shelly. Elle réalise qu’elle n’est plus traitée en star de cinéma, contrairement à ses débuts dans le milieu. Elle refuse de se voir comme une denrée périssable, et le fait comprendre pendant son audition. Face à elle, le directeur de casting est blasé et obsédé par son âge.
Le film de Gia Coppola est donc le début d’une nouvelle aventure pour Pamela Anderson, qui figurera cette année dans The Naked Gun d’Akiva Schaffer, aux côtés de Liam Neeson. The Last Showgirl soulève de nombreux questionnements sur l’industrie du showbiz, et met en avant des actrices qui n’ont pas dit leur dernier mot.