Toutes les trois semaines, les rédacteur·ices de Maze vous proposent un tour d’horizon des albums et EP qui ont fait l’actualité musicale.
Panda Bear – Sinister Gift
Grand nom de la pop alternative depuis le début des années 2000, en solo ou avec Animal Collective, Panda Bear revient avec un album sublime et lumineux. Sinister Gift est en effet une bulle de douceur bienvenue en cette sortie d’hiver. Le multi-instrumentiste américain s’y montre plus apaisé et moins torturé qu’auparavant, le long de 10 titres alternant entre pop vintage à la Beach Boys, plages instrumentales vaporeuses et refrains psalmodiques. Ici, tout est donc délicatesse et harmonie, évidence mélodique d’une simplicité jamais simpliste. On pourrait même entendre ici ou là quelques discrètes rythmiques fado ou kuduro, notamment dans « Ends Meet », influence évidente pour celui qui vit depuis maintenant 20 ans à Lisbonne.
Entouré de certains de ses compères d’Animal Collective, mais aussi du canadien Cindy Lee ou de Rivka Ravede, bassiste de Spirit of the Beehive, Noah Lennox continue donc à puiser son inspiration dans des sources variées et à sans cesse se renouveler, pour notre plus grand plaisir. Délaissant un psychédélisme qui pouvait parfois dérouter pour épouser un son plus pop, son septième album solo est une vraie réussite.
Coups de coeur : Praise, Ends Meet, Left in the cold.
Sortie le 28 février 2025.
Antoine Pons
FOZE – FOZE (EP)
Avec ce premier EP éponyme, FOZE plonge son auditoire dans un moment hors du temps. Un format six titres au parcours intense, dans lequel s’installe une dualité. À l’énergie du rock se mêle une plume introspective et à la nostalgie se conjugue une esthétique moderne.
L’introductif « JUDY » surprend par la puissance d’un son pop/rock parfaitement maîtrisé et entraînant. Le voyage se poursuit avec les titres tout aussi percutants que sont « Things Like U » et « Gotta Be Someone » porteurs d’une forme d’insouciance. Cette atmosphère empreinte de légèreté prend une tournure plus dramatique avec « TELEPHONE » et son synthé grésillant. Puis, nous terminons avec les morceaux « Could You Hate Me (please) » aux discrètes notes synthétiques et « Where We Belong » se rapprochant d’un registre folk mélancolique.
Ce n’est pas un hasard si ce projet porte un titre éponyme, car l’artiste a fait un EP qui lui ressemble. Un EP dont la construction est directement influencée par une envie d’évasion.
Coups de cœur : JUDY, Gotta Be Someone, TELEPHONE, Where We Belong
Sortie le 14 février 2025.
Gaël Saquer
Candice – Premier pétale (EP)
C’est à l’occasion de la Saint-Valentin que Candice nous dévoile Premier pétale. Un projet au titre évocateur et qui résonne tout particulièrement à l’aube de cette jeune carrière prometteuse. Pour l’artiste, ce premier EP est une façon de se dévoiler dans un registre qu’elle affectionne, le r’n’b.
Entre féerie et désillusions, Candice explore les traumas des relations passées. L’amour est ici la cause des joies et surtout des peines qu’elle a traversées. Mais c’est confiante qu’elle nous laisse contempler sa détresse amoureuse à laquelle se joignent Tayc et Tsew The Kid. L’alchimie entre les artistes donne lieu à deux morceaux émouvants que sont « Jolie cœur » et « Une dernière fois ». Puis, le récit de ses chagrins prend fin avec « Sommeil » et sa délicieuse acoustique.
Premier pétale offre une ambiance onirique, portée par la douce voix de Candice ainsi que son talent d’interprétation permettant à chacun et chacune de s’impliquer émotionnellement dans l’histoire.
Coups de cœur : Le rêve, Fleurs fanées, Une dernière fois, Sommeil
Sortie le 14 février 2025.
Gaël Saquer
Voxish Creek – It’s Fun To Be Clean (EP)
« Moi aussi, je peux faire de la musique alors que je n’y connais rien », voilà l’une des notions clés et inspirantes de Voxish Creek, nom en référence à Mark E Smith, leader de The Fall. « Cheating is knowledge », phrase martelée par l’artiste complètement autodidacte, Luca Beux-Prère, nous présente son premier EP It’s Fun To Be Clean enregistré et produit dans le studio de POUSH.
Voyage sonore étrange et punk, cette première expérience musicale nous emmène dans la tête complexe et excentrique du jeune artiste. Nous y retrouvons évidemment du Suicide tant la transe post-punk s’invite dans cet EP bizarrement réussi avec l’excellent « Normans In Palermo », où le riff de basse martèle des notes piquantes et efficaces. Énorme trip sonore et psychédélique à l’image du titre yéyé sous amphète « Fire is On », nous voyageons dans cet essai sans sujet, mais où la règle primaire est « I d’ont care, I’ll make it » et nous adorons ça.
It’s Fun To Be Clean nous touche de façon abracadabrante par son originalité et par cette liberté de créer où aucune limite n’est dessinée afin d’y faire vivre une expérience entière et curieusement sensuelle.
Coups de cœur : Fire is On, Normans In Palermo, To be my Fantasy.
Sortie le 28 février 2025.
Thomas Soulet
The Altons – Heartache In Room 14
Direction les années Motown et Stax, où la soul inondait les rues du monde occidental, faisant des villes nocturnes un rassemblement d’amour et de tendresse. The Altons, groupe signé chez le mythique label Daptone Records (Thee Sacred Souls, Charles Bradley), nous invite dans leur monde rétro à souhait où les voix d’Adriana Flores et de Bryan Ponce dansent doucement et sensuellement sur les rythmes charmeurs de Caitlin Moss à la batterie et Chris « Bolillo » Manjarrez à la basse.
Heartache In Room 14 est une ode délicieuse à la soul et à la musique latine. Dès les 2 premiers morceaux (« Waiting » et « Tangled Up In You ») nous savons que nous entrons dans un univers délicat où nous tutoyons les anges. Nous voyageons en Amérique latine, vers les origines d’Adriana, avec les sublimes titres chantés en espagnol « Perdóname » et « Del Cielo Te Cuido » où les harmonies nous font chavirer. Puis c’est le coup de grâce avec la sublime balade « Show You Love » qui clôture cet album flamboyant.
Un premier LP extraordinaire et beau qui amènera The Altons vers un succès, on l’espère, aussi retentissant que Thee Sacred Souls ou encore Durand Jones and The Indications.
Coups de cœur : Waiting, Tangled Up In You, Float, Over and Over, Show You Love.
Sortie le 14 février 2025.
Thomas Soulet
The Limiñanas – Faded
Ce qu’il y a bien avec les Limi, c’est qu’on est rarement déçu. La recette, si l’on peut dire, que Marie et Lionel cultivent depuis leurs débuts ne fane pas malgré les années qui défilent et une industrie qui continue d’abonder d’hybrides musicaux en tous genres. Alors oui, le duo ne se réinvente pas dans les grandes largeurs, mais il s’y tient remarquablement avec de belles et puissantes mélodies, distillant ici et là des clins d’œil à leurs idoles : du Velvet à Bowie, ou au cinéma de Sergio Leone. Leur nouvel album Faded (Fâné), qui intervient 4 ans après leur collaboration avec Laurent Garnier (De Pelicula) et 7 ans après Shadow People (leur dernier album solo) se dresse, dixit les Limiñanas, comme un « patchwork à l’italienne » .
Un album concept qui rend hommage à des stars hollywoodiennes déchues, victimes du temps qui passe, et qui ont disparu des écrans. Et qui dit stars dit mastodonte d’invités (mais hyper cohérents) pour les faire revivre : le patron Bobby Gillespie (môsieur Primal Scream), Bertrand Belin qu’on retrouve souvent à leurs côtés, Rover (on comprend pas qu’ils n’aient pas collaboré avant), un Jon Spencer (Blues Explosion) mué en Philippe Katerine fou, mais aussi Anna Jean et son incomparable et doux filet de voix (comme sur L’effet domino avec Lionel et Golden Bug). Puis un coup fatal porté au cœur par la chanteuse Penny. Rookie dans les stats mais déjà très forte et qui, dans le titre éponyme, nous replonge dans les grandes heures des seventies de Nancy Sinatra, The Ronettes ou Lesley Gore.
Coups de cœur : Faded, Shout, Prisoner of Beauty
Sortie le 21 février 2025.
Guillaume Lacoste
