Le réalisateur Nick Bloomfield signe un documentaire émouvant sur la vie stonienne de Brian Jones, figure emblématique et créateur du plus grand groupe de rock’n roll au monde.
Vous vous demandez peut-être qui peut bien être Brian Jones ? Ce dandy aux cheveux d’or n’est rien d’autre que le créateur et fondateur des Rolling Stones. Nick Bloomfield, spécialiste des documentaires sur les rock stars comme Leonard Cohen (Marianne & Leonard : Words of Love, 2019) ou encore Kurt Cobain (Kurt and Courtney, 1998), retrace dans Brian Jones et les Rolling Stones le parcours semé d’embûches de ce musicien aux talents multiples et au charme ravageur. À travers des archives choquantes, bouleversantes, rares et plus ou moins inconnues, il nous plonge dans une fresque visuelle sur ce personnage qui a vécu une vie à mille à l’heure, avant de chuter face au succès et la réussite de l’un des plus grands groupes de musique au monde.

Brian Jones dans Brian Jones et les Rolling Stones, a Magnolia Pictures release. © Bent Rej.
Photo courtesy of Magnolia Pictures.
Son amour du rhythm’n’blues
La création des Rolling Stones part d’un amour commun pour le rythm’n’blues. Brian Jones et Mick Jagger se rencontrent pendant des sessions de jam jazz. Ils y échangent leur passion pour la musique afro-américaine de cette époque. Muddy Water, BB King, Howlin Wolf : voilà des noms qui peuvent vous paraitre étrangers mais, pour les Stones, ce sont eux les stars. Et c’est Brian Jones lui-même qui amènera au Royaume-Uni ce genre musical. Il créera, par la suite, les Rolling Stones, aux côtés de Mick Jagger, Keith Richard, Charlie Watts et Bill Wyman.
De 1962 à 1966, Brian mènera d’une main de fer son groupe. Pendant cette période, la formation ne jouera que des reprises de rythm’n’blues, et quelques compositions mythiques, comme « I Can’t Get No (Satisfaction) ». S’en suivra l’effacement de sa personne face aux compositions de Mick et Keith, et leur charme naturel. Le film plonge dans cette époque révolutionnaire à coup de lives délirants, et de photos sublimes du groupe en tournée aux États-Unis et au Royaume-Uni. Cet amour de la musique noire animera l’ascension du groupe. Brian, en particulier, ne cessera pas, jusqu’à son dernier souffle, de la chérir et de la défendre.
Brian Jones à travers les yeux des femmes
Les témoignages exclusifs de la plupart des compagnes de Brian Jones sont un élément clé de ce documentaire. Grand coureur de jupons, jeunot à gueule d’ange, charmeur et musicien, Brian se retrouvera souvent dans les bras de femmes inconnues comme célèbres. Avec ces confessions, une partie de l’intimité du jeune homme se dévoile, tout comme ses sentiments et ses pensées les plus profonds. Les femmes, dans la vie de l’artiste, ont une place très importante. Elles lui vaudront beaucoup de bonheur, d’inspirations, d’ennuis et d’excès.
Pat Andrew, Linda Lawrence, Anita Pallenberg, la chanteuse Nico, Linda Keith (ancienne petite amie de Keith Richards), Suki Potier, Zouzou, Amanda Lear : toutes témoignent, à travers leur regard, sur le personnage intrigant qu’était Brian Jones. De même, la rivalité avec Mick Jagger laissera le musicien de génie, manquant de confiance en lui, se faire happer par tout ce que le succès engendre parfois. En quelques mots : le sexe, la drogue, et de moins en moins de rock’n roll.
Sympathy For The Devil
Malgré sa gueule d’ange, le film dépeint un esprit créateur et talentueux qui s’auto-sabote. Souvent influençable, en particulier par les femmes qui l’entourent, Brian Jones se voit de plus en plus mis à l’écart face au duo Jagger/Richard, qui prend de plus en plus la tête du groupe. Le musicien perd pied. C’est une face moins glamour et charmeuse guidée par la paranoïa, la jalousie et beaucoup de drogues, qui s’affiche alors. D’ailleurs, les témoignages émouvants du bassiste Bill Wyman tentent de le sauver. Et pourtant, rien ne peut faire face à cette descente en enfer que le musicien s’inflige.
Après de multiples tentatives de la part de son entourage pour le faire revenir sur le droit chemin, il sera contraint de quitter le groupe en juin 1969. Moins d’un mois plus tard, il sera retrouvé mort dans sa piscine, et rejoindra le célèbre Club des 27.
Nick Bloomfield signe ici un documentaire passionnant sur le premier des Rolling Stones, un documentaire touchant en forme de plongée dans la vie de Brian, et de ses abysses.