Toutes les trois semaines, les rédacteur·ices de Maze vous proposent un tour d’horizon des albums et EP qui ont fait l’actualité musicale.
Ronnie – La Romance (EP)
Un peu de soleil dans le froid de ce mois de janvier qui semble s’éterniser. La Romance, premier EP de Ronnie, nous enveloppe dès le premier titre dans une nostalgie douce-amère. L’artiste de 27 ans chante les souvenirs et les réminiscences du passé amoureux, tout en délicatesse et en retenue. Les regrets des choses que l’on n’a pas dites, avec « Les Mots ». L’autre que l’on perçoit toujours malgré l’absence, avec « Le Parfum », co-composé par Voyou.
Un souffle dans la voix, elle passe des graves aux aigus avec agilité et aisance, dans une atmosphère planante, pleine de reverb et de sonorités rétro. Ses textes sont une invitation à la mélancolie, à la langueur. Six titres à savourer au chaud.
Coups de cœur : L’Italie, Les Mots.
Sortie le 17 janvier 2025.
Marie Starecki
Mathieu Boogaerts – Grand piano
Voilà presque 30 ans que le fanfaron Mathieu Boogaerts nous berce et nous anime de ses compositions poétiques, mélancoliques, absurdes et enjouées. De retour avec un 9ème album, Grand piano, encore une fois il propose une oeuvre original, généreuse et délicieuse.
Il laisse l’anglais, essayé sur son dernier LP EN ANGLAIS, pour revenir à ce qu’il sait faire de mieux : de la chanson française. Nous y retrouvons la beauté et la poésie de ses précédents albums dans ses 12 titres légers. Que soit le sublime Promeneur (2015) avec les titres « C’est beau la vie » et « Bancal », ses débuts roots de Super 2 (1996) et son tube « Ondulé » avec « Dans une case », single aux rythmes d’un autre pays que le sien. Ou encore I Love You (2008) avec le rock burlesque imbibé de vibrato sur « Il faut toujours écouter son corps ».
Grand piano se voit comme un album puissant revenant sur 30 ans d’idées folles, radieuses et surprenantes. Nous y voyageons à travers les styles que Mathieu s’est apprivoisés tout au long de sa carrière pour en faire sa marque de fabrique et son originalité.
Coups de cœur : Dans une case, Ma jeunesse, Vallée, Pas drôle, Il faut toujours écouter son corps.
Sortie le 17 janvier 2024.
Thomas Soulet
Melissa Weikart – Easy (EP)
Avec Easy, Melissa Weikart frappe fort et nous embarque dans un voyage musical aussi intime qu’audacieux. Mélange explosif de jazz, électro et pop avant-gardiste, cet EP fait la part belle à une artiste en pleine liberté créative. Fortement influencée par Kate Bush et Lana Del Rey, elle dévoile une pop cinématographique et théâtrale qui n’a pas peur de se confronter à des sujets aussi deep que passionnants : amour, santé mentale, liens familiaux…
Portés par sa voix envoûtante, chaque morceau nous invite à une immersion émotionnelle intense. Loin des conventions, Melissa Weikart ose tout, casse les codes et propose une musique audacieuse, mais surtout incroyablement touchante. Easy est une déclaration d’indépendance artistique, à découvrir absolument.
Coups de cœur : Wasting time, Better When You Wait.
Sortie le 17 janvier 2024.
Romane Fragne
Flora Hibberd – Swirl
Nous plongeons dans le monde étriqué de l’indie rock où la relève des This Is The Kit et Aldous Harding est bien là. Flora Hibberd, jeune compositrice britannique installé à Paris, nous délivre un album transcendant aux productions étincelantes et aux mélodies lumineuses intitulé Swirl.
La folk poétique de « Baby » et le tremolo de la guitare soliste fait de cette chanson la musique parfaite pour un lever de soleil au bord de l’eau, puis les six cordes électriques investissent ce deuxième album pour créer un univers folk rock délicieux grâce à des titres comme « Auto Icon », « Code » ou encore l’entrainant « Jesse » parlant des désirs maladifs. Puis nous dansons lentement avec la basse serpentine de « Fern » rappelant les riffs psychédéliques de CAN ou encore Jefferson Airplanes.
Ce LP est comme son titre l’indique un tourbillon de sonorités indie savoureuses où Flora Hibberd entre dans ce monde unique et léger aujourd’hui élevé par des Cate Lebon, Aldous Harding ou encore Jessica Pratt vues comme les Joan Baez et Joni Mitchell des temps modernes.
Coups de cœur : Auto Icon, Remote Becoming Holy, Lucky You, Fern.
Sortie le 17 janvier 2024.
Thomas Soulet
Lyam LD – Rescapé (EP)
Porté par une mélancolie qui ne cesse de l’inspirer, Lyam LD nous livre avec Rescapé un premier EP à la couleur froide. Si jusqu’ici nous étions familiers à son univers via des singles, ce projet vise à le présenter tel qu’il est, à savoir vulnérable et ambitieux. Il n’y a qu’à observer la pochette pour comprendre que l’introspection est au cœur du récit.
Dès l’ouverture, le rappeur impressionne par son sens de la mélodie auquel se conjugue des influences musicales rafraîchissantes : piano, violons ou encore guitare. Mais Lyam LD est aussi un artiste qui vit avec son temps, et cela se ressent dans l’interprétation de ses textes. Ces derniers sont marqués par une utilisation de l’autotune faisant passer les émotions au premier plan.
On assiste à ses désillusions vis-à-vis des relations humaines avec « Amis de la veille » avant que son ambition prenne le relais sur « Rescapé ». Puis, Lyam s’en remet à la figure maternelle sur l’émouvant « Allo maman » afin de lui confier ses peurs.
Coups de cœur : Ce soir, Amis de la veille, Rescapé.
Sortie le 17 janvier 2025.
Gaël Saquer
Liquid Blunt – Decembre ‘24 (EP)
Son EP précédent nous avait déjà fait forte impression et Liquid Blunt continue sur sa lancée. Habité par l’envie d’expérimenter, le producteur s’aventure toujours plus loin dans la composition sans y perdre la subtilité qui le caractérise.
Decembre ‘24 s’apparente à un jeu de piste dans lequel l’artiste s’amuse à glisser quelques indices ci et là. On prend ainsi plaisir à écouter les morceaux afin d’y déceler la moindre note, le moindre sample dressant le portrait de ses inspirations. C’est le cas de « 061224 Shurayuki Hime » ponctué par des extraits de films d’arts martiaux, clin d’œil évident au Wu-Tang, et de ses touches de piano macabres rappelant la froideur du rap new-yorkais.
Liquid Blunt puise également dans ses inspirations cinématographiques, plus précisément du côté des BO de John Carpenter, avec l’utilisation de fines nappes synthétiques distillées sur l’ensemble du projet. Un EP qui surprend par son aspect immersif et le mélange des références.
Coups de cœur : 011224 Nocturnes, 061224 Shurayuki Hime, 151224 RER A, 271224 Synesthésie.
Sortie le 3 janvier 2025.
Gaël Saquer
Joseph Chedid – Hey Friend !
Le 3e album de Joseph Chedid a vu enfin le jour. Tel un remède au syndrome de notre mauvais monde, Joseph avec son album fait réveiller notre capacité à faire fraternité. D’ailleurs, ce nouveau disque n’aurait pas eu la trame que l’on contemple aujourd’hui sans la rencontre – digitale certes – de Joseph et de l’artiste brésilien Camilo Solano, avec qui il signe le titre éponyme « Hey Friend ! ».
Cet album est dans la continuité de Source, son précédent album, la continuité de ce que cet artiste complet aussi généreux qu’unique, aussi fou que profondément aimant, a toujours su nous partager comme émotions, messages et douceurs. Joseph n’est pas un militant avec des pancartes, et un haut parleur, son militantisme, pour un monde en paix, un monde où les âmes croient en elles, il le fait avec sa guitare et sa voix. C’est un peu tout ça ce projet, un bout de recette pour nous apprendre à cultiver le bonheur, notre âme d’enfant.
Sur ce disque, il décide par ailleurs de s’entourer d’autres artistes pour interpréter ses mélodies. Que ce soit avec BRÖ, Micky Green ou son père Louis Chedid, Joesph prend plaisir à vivre ces moments avec d’autres. C’est sans doute sa raison d’être sur scène. C’est encore une fois ça qu’il sait faire de plus, le partage. Hey Friend ! marque nos cœurs et fige notre âme.
Coups de cœur : Silences, Mémoires d’Éléphants, Pourquoi, Il Sait.
Sortie le 16 janvier 2024.
Stanley Torvic