CINÉMAFestivals

47e Festival International du Court Métrage de Clermont-Ferrand – Coupez courts !

47e Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand
© Marie Larrivé

Aujourd’hui, et jusqu’au 8 février, s’ouvre la 47e édition du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand. Un rendez-vous incontournable de la création cinématographique nationale et internationale, qui s’inscrit dans un contexte économique menaçant.

En mai 2023, l’association Sauve qui peut le court métrage, qui chapeaute le Festival du court métrage de Clermont-Ferrand depuis 47 ans, était victime d’une coupe assassine de 110 000€ dans son budget. À l’origine de cette décision, le président d’alors de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR), y menant une politique culturelle particulièrement mortifère.

Depuis, le festival, pourtant grandement populaire, a un peu plus de mal à boucler son budget. Mais qu’à cela ne tienne, les contrastes colorés de l’affiche, créée par Marie Larrivé, de la 47e édition du Festival International du Court Métrage de Clermont-Ferrand, sont là pour nous rassurer. Si les conditions économiques rendent la production et la circulation d’œuvres audacieuses, aussi bien esthétiquement que politiquement, de plus en plus compliquée, les acteur·ice·s de l’industrie cinématographique ne sont pas prêt·e·s d’abdiquer.

Des nuances de rose-orangé du ciel, au vert de la chaîne des Puys, en passant par le gris industriel de la ville bétonnée, le 47e Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand donne le ton  : cette année encore, le programme sera aussi audacieux qu’hétérogène, et chacun·e est invité·e à s’y perdre.

C’est que la forme du court métrage est intrinsèquement liée à l’expérimentation et à la transgression de certaines normes et conventions, valables pour le long. Enfin, c’est ce que nous glisse, chaque année, la riche et dense programmation du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand.

Parité, hétérogénéité

Car le format court, vit, et plutôt bien. C’est ce que nous prouvent les quelques chiffres suivants, communiqués par le festival.

Pour la compétition nationale, le comité de programmation du festival a reçu 1903 films. Parmi les 52 films sélectionnés, 48 % sont réalisés par des femmes. Une parité qui ne semble pas être d’actualité au sein de la compétition internationale, puisque le site du festival ne communique pas sur ces données. L’on sait pourtant que 64 films ont été sélectionnés, pour 6368 films inscrits  ! Loin de nous l’idée blâmer le comité de sélection de la compétition internationale. La parité pensée comme but en soi est une impasse politique. Car le critère du genre n’est qu’un parmi tant d’autres. Et il est d’ailleurs à souligner qu’à travers cette programmation de 64 films, 49 pays seront représentés. L’hétérogénéité des visions du monde partagées à travers ces deux programmations, est donc bien réelle.  

Reste qu’il serait intéressant de se pencher sur les causes d’un tel écart. Cela en examinant les critères de sélection des comités dédiés à la compétition nationale et à la compétition internationale. Mais aussi sur le contexte de production de chaque pays présent en compétition. Tout un programme.

En avant

Bien qu’accueillant régulièrement des films hybrides, tant en termes de genre que d’esthétique, il n’est pas assez des compétitions nationale et internationale pour accueillir les formes les plus extravagantes, irrévérencieuses et curieuses que le format court soit capable de proposer. C’est pourquoi, pour la 24e année consécutive, le Festival du court métrage de Clermont-Ferrand accueillera la compétition Labo. Une sélection pensée comme un véritable laboratoire propice aux expérimentations en tout genre, et dans lequel le documentaire a fait son nid depuis maintenant quelques années.

Toujours dans le même esprit, cela fait maintenant 10 ans que le festival s’est ouvert à la réalité virtuelle. Cette année, 6 films seront en compétition.

Coup d’œil dans le rétro

La programmation du 47e édition du Festival international du court métrage de Clermont Ferrand épouse donc la création contemporaine dans toutes ses formes. Mais il jettera aussi un petit coup d’œil dans le rétro pour élargir encore un peu plus le champ de vision des spectateur·ice·s via deux programmes bien nommés «  Panorama  ».

Le premier se concentre sur un territoire  : le Liban. Le deuxième, sur un thème souvent oublié au cinéma  : le son. En pagaille, dans ces deux très beaux programmes, des films de Wissam Charaf, de Jocelyne Saab, la Palme d’or du court métrage 2015 (Waves’ 98 d’Ely Dagher), et d’autres capsules sonores rappelant que l’espace cinématographique se dessine aussi, et peut-être avant tout, par son architecture sonore.

Enfin, le Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand demeure un lieu de rencontres et d’échanges nécessaire pour tout un écosystème fragilisé et pourtant si précieux. Le marché du film court (3-6 février) est le plus important marché pour les professionnel·le·s du monde entier. Un rappel, s’il en fallait, que les festivals restent un rouage crucial dans l’industrie cinématographique.

You may also like

More in CINÉMA