J’aime les filles est rééditée dix ans après sa première parution. L’autrice-illustratrice Obom compile dans sa BD des récits d’amies sur leurs découvertes du plaisir lesbien. Un livre qui embrasse tous les tracas et les joies de ces premières fois.
Préfacé par Emilie Plateau, J’aime les filles est paru pour la première fois en 2013. En 2015, Obom reçoit le prix du jury des Prix Bédélys pour l’ouvrage puis, en 2016, l’adapte en court métrage avec la technique de la rotoscopie. Elle documente dans cet ouvrage la découverte du lesbianisme, ses errements, ses révélations. En se réappropriant la chanson de Jacques Dutronc, elle dit son désir pour les femmes, le combat pour la décriminalisation de l’homosexualité et les mille expériences de découvertes de l’émois entre filles.
Il est des oeuvres que l’on découvre et que l’on ne veut plus lâcher, qu’on garde précieusement sur sa table de chevet comme un trésor. (…) Obom, tu es pour moi une pépite de la bande dessinée.
Emilie Plateau – préface
Artiste québécoise, Diane Obomsawin a grandi entre la France et le Canada. Dans les années 1980, elle publie dans des fanzines underground sous le pseudonyme de Ringo la balafre puis, elle emprunte celui d’Obom pour faire paraître ses bandes dessinées telles que Kaspar (2007) et Pink Mimi Drink (2010). Plus tard, elle se forme au cinéma d’animation. Elle commence à faire bouger ses dessins dans plusieurs films comme Distances (2002) ou Ici par ici (2006). Elle a même réalisé un album jeunesse, Le Petit Livre pour les Géants.
Un désir kaléidoscopique
Qu’est-ce que la découverte d’un sentiment inconnu ? Que faire d’un désir naissant ? Cette bande dessinée est le fruit d’échanges de l’autrice avec ses amies lesbiennes à propos de leurs premières amours homosexuelles. Dix filles. Dix histoires de crush. Obom ne désire pas raconter une trajectoire unique, isolée, marginale. Elle multiplie les récits et les points de vue pour former une image universelle de l’amour des filles. Elle raconte l’histoire d’un choeur. Comme Gertrude Stein, elle dit vouloir écrire une « autobiographie de tout le monde ».
J’aime les filles fait le pari d’histoires diverses rapaillées toutes ensemble. Chaque histoire est un petit conte. Elles ont quatre, dix, onze, quatorze, dix-huit ans. Elles parlent de palpitations, de regards qui s’attardent, de questions qui fusent, de rencontres ratées, de mains qui s’enlacent, de l’apprentissage des gestes d’aimer. Ces envies, jamais imaginées, se réalisent dans des écoles, des cinémas, des couvents. C’est tendre et maladroit, sexy et drôle.
© extraits de J’aime les filles d’Obom
Son dessin, en noir et blanc, met en scène des figures longilignes à l’allure animalesque. La simplicité du trait ajouté aux détails épurés donne un style singulier. Les décors réalistes alternent avec des fonds abstraits. Elle met en images des dialogues sur le sexe en langage des signes. Elle représente les kicks (attirances) par de petites fléchettes qui transpercent les corps ou encore l’amour ressenti par des yeux dont les iris prennent la forme de cœur. Avec kitsch, et sans pruderie, J’aime les filles fait des témoignages recueillis un livre sur le vertige du plaisir lesbien.
J’aime les filles d’Obom, éditions L’Oie de Cravan, 92p., 17euros, sortie le 15 novembre 2024.