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Pete the Monkey 2024 – Altın Gün : « Être un groupe multi-culturel est un avantage »

Altin Gün

De passage à Pete the Monkey, quelques mois après le départ de leur chanteuse, nous avons échangé avec Erdinç Ecevit Yıldız (chant, clavier, sax) et Thijs Elzinga (guitare). Rencontre.

Direction la Turquie. Formé il y a maintenant sept ans, le groupe Altın Gün continue de conquérir les cœurs. À la croisée des musiques traditionnelles turques et du rock psyché moderne, la formation sortait il y a trois ans un nouvel album : Ask. Passé d’un sextet à un quintet suite au départ de la chanteuse, le groupe se réinvente et poursuit compositions et concerts. Ils passaient notamment il y a quelques jours par le délicieux festival normand Pete the Monkey, pour notre plus grand plaisir.

Le groupe est né il y a sept ans maintenant. Comment vous est venue l’idée de mêler musique traditionnelle turque et sonorités actuelles ?

Erdinç Ecevit Yıldız : Tout est parti de Jasper (ndlr  : Jasper Verhulst, basse, claviers). Il avait un autre groupe avant, ils étaient en tournée à Istanbul et il a trouvé de vieux vinyles de musique traditionnelle turque. Ça lui a donné l’envie de faire quelque chose autour de ça. Il a mis une annonce sur Facebook pour contacter d’autres musiciens, un ami à moi m’a recommandé et c’est comme ça qu’on s’est rencontrés. On a progressivement été rejoints par les autres musiciens.

Enfant, adolescent, qu’est-ce qui vous écoutiez comme musique ?

Erdinç : Surtout de la musique turque traditionnelle, car ma famille en écoutait beaucoup. Puis j’ai commencé à jouer de la musique très jeune, quand j’avais cinq ou six ans.

Thijs Elzinga : De mon côté c’était beaucoup d’anciennes musiques américaines, et aussi pas mal de reggae, de folk.

Quand vous avez commencé à avoir du succès, quel était votre état d’esprit ?

Erdinç : On était plutôt surpris, on ne s’y attendait pas. On a démarré il y a à peu près sept ans maintenant, on a répété quelques mois puis on a rapidement fait des lives. Très vite, il y a eu l’attention des bookers etc, on a fait une session KEXP, les Transmusicales… On a eu de la chance !

L’année dernière, Merve Daşdemir (chanteuse) a quitté le groupe, comment est-ce que ça va se passer pour le live ?

Erdinç : On joue des chansons plus anciennes aujourd’hui. Puis on a beaucoup de parties instrumentales. On a changé un peu les arrangements. Mais sinon le processus de composition reste à peu près le même.

Thijs : La dynamique est peut-être un peu différente mais on trouve des moyens de s’adapter, ça ne fait pas si longtemps donc on est encore dans le processus. On a fait notre dernier concert en avril, tous les six. Depuis, on a dû faire cinq ou six concerts.

Avant son départ vous avez dévoilé les deux derniers enregistrements signés par cette dernière, comment est-ce que ça s’est passé ?

Erdinç : On avait commencé à travailler dessus il y a un petit temps, puis on a eu les tournées donc on a laissé ça de côté. On a appris que Merve voulait arrêter, donc on s’est dit que ça serait beau de terminer les deux titres, un peu comme un cadeau d’adieu.

Le fait d’être six, désormais cinq, ce n’est pas trop dur pour composer ?

Erdinç : Au contraire. Parfois vous n’avez pas l’inspiration, et le fait d’être nombreux aide. Je préfère composer avec cinq ou six personnes qu’avec une seule, on se nourrit des idées des autres.

Thijs : Je pense qu’en effet c’est plus facile avec un grand groupe. Même sur la route, le fait de ne pas être deux ou trois, enfermés dans un microcosme, je pense que ça aide.

Vous êtes passés par des tonalités plus rock, puis folk, puis disco, qu’est-ce que vous préférez dans cette exploration des genres ?

Thijs : À vrai dire, on ne pense pas vraiment aux étiquettes, c’est surtout les autres qui le font pour nous. On voit notre musique comme un seul et même ensemble, on ne se dit pas «  allez faisons du psyché  ».

Erdinç : Pour moi, peu importe les mélanges de genre, on fait de la musique traditionnelle turque. Mais d’une manière moderne, qui fait que ça dépasse cela, mais ça reste la base, le noyau dur. On compose de manière assez fluide. Parfois, l’un de nous commence avec une idée chez lui, fait une petite démo sur son ordinateur et nous l’envoie, puis chacun met son petit quelque chose.

Comment est-ce que vous faites la balance entre le traditionnel et le nouveau ?

Thijs : Erdinç part parfois d’une chanson traditionnelle, dans son coin, puis on le rejoint et le mélange se fait comme ça. Être un groupe multi-culturel est un avantage. Nous venons de différents pays, avec différents bagages culturels, on est déjà un mélange nous-même à la base, au-delà de la musique (rires).

Le fait de ne pas parler la langue pour certains membres du groupe, comment est-ce que vous avez faites ?

Erdinç : J’essaye de leur expliquer la signification générale des paroles. Après, c’est assez dur de traduire mot pour mot, c’est une langue très différente de l’anglais.

Thijs : Très souvent je ne sais pas ce qui est dit dans les chansons (rires), mais je demande, je découvre progressivement en parlant à d’autres personnes turques.

Quels sont les retours du public turc à propos de votre musique ?

Erdinç : La plupart sont fiers, que leur musique et leur langue soit diffusée dans plusieurs pays. Il y a toujours des personnes qui ne vont pas être contentes que des non-turcs jouent leur musique mais il y en a très peu.

Si vous deviez définir un but à votre musique, ça serait lequel ?

Thijs : À vrai dire il y en a plusieurs. La musique peut servir à tellement de choses, c’est assez complexe à définir. Typiquement, vous pouvez être triste et vouloir danser sur de la musique joyeuse, ou à l’inverse être de bonne humeur mais vouloir écouter des musiques mélancoliques. Le principal, je pense, est de réunir les gens !

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