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« La mode comme indiscipline » – Scène vestimentaire

© B42

Qu’en est-il de la mode aujourd’hui ? Est-elle une pratique émancipatrice ou aliénante ? La mode comme indiscipline regroupe des articles pluridisciplinaires sur les enjeux de l’habillement et en appelle à une conception critique et concrète.

Dirigé par Mathieu Buard, Céline Mallet et Aurélie Mosse, cet ouvrage collectif est la « restitution augmentée » d’un colloque, organisé par l’École des Arts Décoratifs et l’École Duperré, qui s’est tenu à Cerisy en 2021. Il rassemble chercheurs, historiens, philosophes, artistes, stylistes, designers.

Précis et documenté, La mode comme indiscipline se veut un « objet de dialogue et de partage interdisciplinaire » à la croisée de l’histoire de l’art, de l’industrie, de la sociologie et de la philosophie. Il propose une étude du champ de la mode selon quatre axes. D’abord comme fait culturel et historique, puis comme objet de conservation, produit industriel et enfin comme lieu d’expérimentation à l’écoute des nécessités écologiques. 

La recherche en mode – c’est-à-dire aussi bien la recherche sur que par et pour la mode – ne s’élabore pas seulement depuis l’analyse concertée, elle se pense depuis la pratique elle-même dès lors que cette dernière assume une dimension prospective, comme dans bien d’autres champs du design. Chercher en mode, c’est donc faire feu de tout bois, embrasser l’ensemble des cultures qui façonne ce phénomène.

Introduction – La mode comme indiscipline 

Un état des lieux

Une manière individuelle de se vêtir influencée par un goût de l’époque, un art, une gigantesque industrie, un ensemble de codes témoignant d’une appartenance sociale, un champ de recherche. Tentaculaire, le domaine de la mode sous-tend une myriade d’interrogations esthétique, éthique, économique, sociale, géographique… Contributeurs et contributrices font jaillir de leurs analyses des points de réflexion : Qu’est-ce qu’un basique dans un vestiaire ? Quels sont les dangers de la fast fashion ? Quand un style devient-il démodé ? Quelles sont les techniques innovantes dans le textile ? La mode n’est-elle pas le parangon de tous les arts ? Qu’est-ce que la photographie de mode ?

Porter un vêtement revient à inverser le rapport que l’on entretient habituellement avec une œuvre d’art : plutôt que de la placer à distance, dans un lieu séparé de notre quotidien, et d’entrer ainsi sporadiquement en contact avec elle, on l’a fait adhérer à notre corps, on fusionne avec elle et on la laisse sculpter notre identité.

Emanuele Coccia – La mode comme indiscipline 

Que nous disent nos garde-robes ? Elles révèlent que s’habiller est une performance et que la mode est le lieu d’une histoire et d’une philosophie du style et du vêtement. En cela, étudier la mode passe par une analyse critique de son industrie mais aussi par une recherche active tournée vers des innovations telles que le biodesign (production d’une matière par des bactéries), les matériaux thermochromiques (textiles changeant de couleur selon la température) ou la conception zéro-chute (limite la perte de tissu non usité). De la parole à l’écriture, La mode comme indiscipline est devenu un livre. Paru aux éditions B42, cet ouvrage pose concrètement la question des différentes dynamiques qui structurent la mode comme phénomène de société transversal.

Contribution : Samuel Bardaji, Odile Blanc, Guillaume Blanc-Marianne, Claire Brunet, Mathieu Buard, Cyril Cabellos, Olivier Châtenet, Emanuele Coccia, Colette Depeyre, Rebecca Earley, Laetitia Forst, Zoé Guédard, Gabrielle Hamilton Smith, Émilie Hammen, Eléna Jouffe, Agnès Laboudigue, Céline Mallet, Jesse Marsh, Aurélie Mosse, Marlène Van de Casteele, Pauline Van Dongen et Jeanne Vicerial.

La mode comme indiscipline, dirigé par Mathieu Buard, Céline Mallet et Aurélie Mosse, éditions B42, 25euros. 

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