Comme à son habitude, le Champs-Elysées Film Festival a mis, cette année encore, en lumière le cinéma indépendant français et américain. Retour sur nos coups de cœur parmi la sélection des courts métrages américains en compétition… entre traumatisme générationnel et deuil.
Tennis, Oranges de Sean Pecknold (Animation, États-Unis, 2023)
AvecTennis, Oranges, le réalisateur Sean Pecknold, originaire de Seattle, nous plonge dans un monde où tout est possible. Les aspirateurs font des burn out et les lapins rêvent de danse classique. Des oranges aux balles de tennis, chaque objet agit comme une madeleine de Proust. Sean Pecknold crée un univers tout en rondeur, avec une animation qui plonge le spectateur dans de doux souvenirs d’enfance. La bande originale s’articule autour d’une composition élégante de Claude Debussy et confirme le caractère onirique de ce court métrage. Une belle histoire d’entraide entre entités animées, essayant tant bien que mal de trouver un but à leur existence.
Bob’s Funeral de Jack Dunphy (Documentaire, États-Unis, 2023)
En partant d’un sujet des plus universels, le deuil, Jack Dunphy parvient avec Bob’s Funeral à créer une œuvre touchante et personnelle. Ses plans filmés « à l’arrache », mêlant zooms indiscrets et mains posées directement sur l’objectif, créent une immersion totale dans la vie privée d’une famille américaine. En utilisant différents médiums, comme l’animation, le réalisateur comble les périodes de sa vie qu’il n’a pas pu filmer. Grâce à cette méthode, le public reconstitue pas à pas les étapes marquantes d’une relation père-fils. Non-dits, rires, mais aussi violence, plus tard regrettée, se mêlent. Bob’s Funeral semble être pour Jack Dunphy une étape nécessaire dans son deuil, mais également un hommage à sa famille, aussi charmante que dysfonctionnelle. Ce film a remporté le Prix du Public du Meilleur Court Métrage Américain Indépendant, décerné lors de la clôture du Champs-Elysées Film Festival.

I Would’ve Been Happy de Jordan Wong (Documentaire, États-Unis, 2023)
Dénominateur commun de cette sélection, la rupture familiale continue d’enrichir les créations des jeunes réalisateurs. Dans I Would’ve Been Happy, le réalisateur sino-américain utilise une méthode audacieuse pour illustrer un script d’une puissance remarquable. Sur des carreaux de céramique émaillée et de l’impression cyanotype sur tissu défilent abstraitement les lieux domestiques qui ont marqué son enfance. La voix off, portée par la figure de sa mère, raconte l’absence d’un père. Elle se lie avec rythme à l’animation schématique et conceptuelle. Les dédales des pièces, escaliers et immeubles prennent tout leur sens et trouvent leur logique grâce au récit en arrière-plan qui tente justement de reconstituer les pièces du puzzle de ce foyer brisé.
