Toutes les deux semaines, les rédacteur·ices de Maze vous proposent un tour d’horizon des albums et EP qui ont fait l’actualité musicale.
Petite-Vallée – Petite-Vallée
Dès les premières notes de ce morceau instrumental d’introduction, « Petite-Vallée », également nom de l’album et du groupe, la douceur envahit nos oreilles jusqu’à cet « Adieu » final « avant ce long voyage ». Sorti le 3 mai dernier, ce premier opus de Petite-Vallée, trio réunissant trois musiciens en parfaite harmonie : le chanteur et guitariste Yoann Marra (Adé, Hindi Zahra), Pierre Grizzli, bassiste pour Clara Luciani et Martin Lefebvre au clavier avec Serpent, Julien Doré ou Radio Elvis.
Adoptant le nom poétique d’une ville québécoise comme pour symboliser leurs influences naviguant entre les sonorités et l’esprit de la folk américaine et celui de la chanson française. Le voyage qu’ils entament ici affirme une sensibilité rare et touchante. Les mélodies se mêlent dans un esprit de communion et de partage entre les trois artistes. Et c’est beau.
Sortie le 3 mai 2024
Coups de coeur : Amour mordant, Ella, Ce présent.
Diane Lestage
Macy Lu – L.O.V.E
Après un premier EP intitulé Ego paru en 2021, Macy Lu nous dévoile son premier album L.O.V.E., habile anagramme pour « Libre. Ode. Vivante. Énamourée ». Un projet intimiste dans lequel l’artiste partage ses différentes visions de l’amour et nous encourage à le célébrer quelle que soit la forme qu’il prend dans nos vies. Cette notion est d’ailleurs au cœur du message que la chanteuse nous transmet. Elle nous fait entrer dans son cercle privé et brise sa pudeur afin de s’abandonner à ses émotions.
L’amour est un sujet à la fois vaste, complexe et fascinant auquel Macy Lu ajoute une dimension poétique et touchante. Sa voix enchanteresse et ses mélodies nous accompagnent tout au long de l’album afin de peindre une atmosphère onirique. Les morceaux oscillent entre pop, soul et r’n’b tout en laissant une grande place aux instruments qui, eux aussi, jouent leur rôle dans l’immersion. L’intervention de sa mère et de son père, exprimant à leur tour leur vision de l’amour, renforce l’aspect personnel de l’album et apporte un regard neuf sur les relations qui rythment notre quotidien.
Un adage bien connu dit que l’on peut soigner les maux par les mots, alors je vous l’annonce notre remède s’appelle L.O.V.E.
Sortie le 17 mai 2024.
Coups de cœur : Soleil, If U Die, 12//S’enfuir
Gaël Saquer
Les Manivelles – IKIAIKA
Voici un joli mélange d’origine et de musique. Les Manivelles, couple dans la vie et duo créatif, viennent de Bueno Aires, Montréal, Paris et Rio de Janeiro. Un mixte délicieux et original qui émoustille avec ce deuxième album pop et folk, IKIAIKA. Gorgé de musique traditionnelle et de bonnes vibrations, ce nouvel opus aux accents argentins vous fera voyager à travers l’Atlantique. Chanté en français, en anglais et en espagnol, Les Manivelles puisent donc dans l’ikiaika, mot finnois qui désigne l’immémorial et le temps infini. Une façon pour eux de nous présenter leur vision de l’éternité.
Nous retrouvons dix chansons où chaque titre aborde un thème en rapport avec ce fameux ikiaika. Les cordes des violons s’envolent à travers les nuages de guitares comme sur le sublime morceau « Bistanclac » où les voix se mélangent divinement aux notes presque orientales de leur musique. Nous pourrions retrouver un peu de Voyou sur le titre introductif de « 8e Jour » ainsi que sur « Velorution » où les sonnettes de bicyclette deviennent une douce mélodie. Enfin, nous avons surtout « Des trous noirs dans les ailes », balade bossa nova délicieuse qui ne peut que nous faire penser à Henri Salvador et son « Jardin d’Hiver ». Un album concept pop et folk aux influences latines qui réchauffera les esprits et le corps.
Sortie le 24 avril 2024.
Coups de cœur : Bistanclac, Des trous noirs dans les ailes, Ikiaika.
Thomas Soulet
Jessica Pratt – Here in The Pitch
Reconnaissable entre mille grâce à sa voix légère et rayonnante, Jessica Pratt revient après cinq ans d’absence avec un nouvel album époustouflant, Here In The Pitch. Nous nous envolons dans les années 60 où la folk brillait sur le continent américain, Jessica fait revivre cette époque délicieuse et douce à travers neuf chansons transperçantes et délicates.
Les accords de guitare acoustique se mêlent aux notes tendres de piano, aux envolées de cordes et de cuivres, aux rythmes étrangement beaux et psychédéliques de certaines compositions d’une délicatesse déconcertante. Ici, la chanteuse guitariste ose et surprend. Nous quittons la folk triste pour toucher une soul infime comme sur le titre « Better Hate » où Jessica nous fait des portés de voix à la Minnie Riperton. Nous partons direction le Brésil où Pratt s’essaye à la bossa nova avec « By Hook or by Crook », balade simple et savoureuse. Puis, nous sommes bouleversés par « Empire Never Know » où les accords d’un piano saturé se mêlent aux notes de synthétiseurs flirtant avec des sons de violons, flûtes et autres samples afin d’y faire vibrer la voix de Pratt.
Un album bien trop court mais que nous écoutons en boucle grâce à la pureté de ces neuf mignardises fleurissantes et émouvantes.
Sortie le 3 mai 2024.
Coups de cœur : Tout l’album.
Thomas Soulet
J. Bernardt – Contigo
Connu pour être la moitié de Balthazar, J. Bernardt revient en solo avec une oeuvre savoureuse et enjouée, Contigo. Sept ans après son premier album Running Days aux notes électroniques, Jinte Deprez revient à une formation classique et invite ses amis à jouer avec lui sur cet album renversant. Ce véritable touche-à-tout compose, produit et arrange ce bijou divin.
Violoniste de formation, nous y retrouvons sa patte avec une présence des cordes importante et sublime comme sur l’intro olympienne « Rio » ou encore sur le tendre « Last Waltz » où les violons et la basse y dansent cette fameuse dernière valse. Nous nous perdons ensuite dans le groove délirant de « Taxi », tube Balthazarien, ainsi que dans l’univers western à la Ennio Morricone sur le titre final « Free ». Mais c’est dans l’intime que Jinte nous touche en plein coeur avec cette balade sucrée « Our Love Was Easy » où la voix de J. Bernardt règle ses comptes avec sa guitare acoustique.
Un opus saisissant qui revient à ce que sait faire de mieux Jinte Deprez, de la vraie musique.
Sortie le 17 mai 2024.
Coups de cœur : Taxi, Last Waltz, Contigo, Our Love Was Easy, Free.
Thomas Soulet
Insomni Club – Aqua
Voilà un nouveau projet intéressant, original et vrai. Tel un Flavien Berger mais du Pays-Basque, Insomni Club est seul sur scène. Il fait de la musique par passion et pour s’amuser. Cette année, il nous présente un ovni musical étonnant et sans limites, Aqua. Accompagné d’une boite à rythme, le jeune musicien nous délivre une synthwave poétique et touchante assaisonnée parfois d’influence jungle ou encore reggae.
Ici, nous sommes plongés pendant presque une heure dans le monde étrangement beau d’Adrien. Nous voyageons dans le temps vers les années 80-90 et nous nous perdons dans le hit machine d’Insomni Club avec pour générique sa chanson « Ekhi et le Mur Magique ». Nous retrouvons une vibe à la Salut C’est Cool comme sur les chansons délirantes « Dr. Chaussure » et « Folies », ainsi que des morceaux new wave et dansants avec « Courage ou crise d’angoisse » et « Tututuutu » aux influences New Order et Indochine, époque « L’Aventurier ».
Bref, avec Insomni Club nous rigolons, chantons à tue-tête, dansons et surtout nous rêvons. Une ode psychédélique aux potes, à l’absurde et à l’océan.
Sortie le 3 mai 2024.
Coups de cœur : Courage ou crise d’angoisse, Aqua, Stinky Boy, Cigarettes, Tututuutu.
Thomas Soulet
