CINÉMAFestival de Cannes

CANNES 2024 – «  Ce n’est qu’un au revoir  »  : Ce qu’il reste

Ce n'est qu'un au revoir © Batysphere Production

ACID – Ce n’est qu’un au revoir est l’un des neuf longs métrages de la sélection cannoise de l’Acid. Un court documentaire, réalisé par Guillaume Brac, qui aborde, l’air de rien, de nombreux enjeux politiques, écologiques et personnels.

Le printemps prend fin dans ce lycée du pays Diois. Et avec lui un cycle de la vie de ces jeunes qui, à la rentrée, iront pour la plupart, à la fac. Dans Ce n’est qu’un au revoir, Guillaume Brac s’intéresse à cet âge si particulier de la vie qu’est la sortie un peu forcée de l’adolescence. En suivant un groupe d’ami·e·s vivant à l’internat, il brosse un portrait sensible d’une jeunesse aussi désespérée qu’engagée et pleine de vie.

Dédié aux enfants du réalisateur, Ce n’est qu’un au revoir est d’abord un film sur la transmission et les différentes formes que celle-ci peut prendre. Les personnages de Guillaume Brac se posent ici tous·te·s la même question  : que restera-t-il de ces amitiés nouées au sein de la cellule intime de l’internat  ? Garderont-iels contact  ? Et même, partagent-iels toustes la même définition de ce que cela veut dire  ?

Action, transmission

Certain·e·s se montrent plus optimistes que d’autres. Et cette division, propre à l’appréhension de ce que réserve l’avenir, se retrouve lorsque sont abordés certains enjeux écologiques. Ce n’est qu’un au revoir, est un film post Sainte-Soline – commune qui a été le théâtre, en mars 2023, d’une répression policière féroce contre les militant·e·s mobilisé·e·s contre le projet de mégabassine – et post dissolution des Soulèvements de la terre – décision annulée par le Conseil d’état quelques mois plus tard. Deux événements politiques majeurs qui ont marqué les lycéen·ne·s du film et qui provoquent des discussions fécondes sur les modes d’organisation politique.

© Batysphere Production

À cet endroit, le regard de Guillaume Brac se fait très juste. Le placement de sa caméra et le montage rendant ainsi avec une grande efficacité toute l’intelligence et la pertinence des propos de celles et ceux dont l’inquiétude collective nourrit l’engagement.

Un engagement dont les racines se trouvent aussi à l’échelle individuelle. Le cinéaste prend ainsi le parti de s’attarder sur les trajectoires de trois lycéennes dont les récits, en voix-off, nourrissent les réflexions sur les enjeux de la transmission intergénérationnelle au sein de la cellule familiale. 

Ces récits permettent à Guillaume Brac d’aborder, tout en pudeur, le revers de cette transmission  : la perte. Comment composer avec ce qu’il reste sans ceux qui ne sont déjà plus  ? Ce n’est qu’un au revoir est une ode aux amitiés, à la famille choisie, à toutes ces communautés, petites et grandes, qui soulagent – même temporairement – le désespoir.  

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