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« Bianca et la forêt des parents égarés » – Panser la perte

© Marie Boisson

Dans sa bande-dessinée Bianca et la forêt des parents égarés, Marie Boisson use d’un dessin vif et délicatement coloré pour déployer l’aventure quelque peu kafkaïenne de la jeune Bianca. Arpentant des contrées imaginaires, elle cherche à donner du sens à la disparition de ses parents. 

Bianca baigne, depuis l’absence de ses parents, dans le quotidien ordinaire de la ville de Sourisville avec sa tante Clémentine, une exubérante conservatrice de musée, et son cousin Julien, passionné de droit. Collégienne aux cheveux toujours noués en couette au-dessus de la tête, Bianca vit depuis trop longtemps avec son lot de questions laissées sans réponse. Un jour, elle décide de partir à la recherche de ses parents dans l’espoir de comprendre ce qui est arrivé sans explication. Au cours de ce voyage, elle découvre un monde fantastique.

Après un diplôme à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg et la parution de l’album jeunesse La Visite, l’autrice et illustratrice Marie Boisson publie sa première bande-dessinée  : Bianca et la forêt des parents égarés. Ce conte initiatique haut en couleur aborde la peine et l’incompréhension nées conséquemment d’une perte mais aussi la joie et l’émerveillement qui surviennent grâce aux rencontres ou aux œuvres. 

© Marie Boisson – Bianca et la forêt des enfants égarés

Voyage au centre de l’imaginaire

Si Bianca rencontre de drôles de créatures qui l’aident tout au long de son enquête, elle traverse aussi, à dos d’éléphant ou par toboggan, une énigmatique cartographie aux lieux étranges et merveilleux. Ainsi, près du Lac Chagrin sont rassemblés tous les parents qui ont perdu leur enfant et dont la tristesse s’écoule en un flot continu de larmes qui remplit l’eau du lac. Chez le médecin attendent les personnages de tableaux qui sont tombés malades, contaminés par les visiteurs des musées où ils résidaient. Dans l’usine de globes terrestres travaillent sans relâche ouvriers et ouvrières pour reproduire ces mini-mondes  ; mais c’est au Bureau des problèmes à résoudre qu’il faut que Bianca se présente. 

Marie Boisson produit un livre qui a du rythme. La variation de la disposition des planches n’y est pas pour rien. Une cadence est donnée par l’alternance entre double-pages dessinées et planches plus classiques avec un quadrillage de cases. Réalisant les images et l’écriture à la main, au stylo feutre fin, l’autrice produit un dessin très libre et stylisé. C’est ensuite sur ordinateur qu’elle colorise ses dessins scannés dans une palette aux tons pastel rehaussée par des aplats plus vifs et francs. Elle utilise aussi un catalogue de motifs graphiques qu’elle réalise elle-même et qui contraste avec la technique dessinée. Poissons, pointillés ou arabesques habillent des fonds, des meubles et des vêtements. 

Ses personnages sont souvent excentriques et expressifs. Les décors et l’aménagement ont droit à une attention toute particulière. Ainsi, en parallèle de la lecture, l’autrice propose de mener une chasse au trésor pour retrouver une vingtaine d’objets d’arts dissimulés au fil de l’histoire (une statue de l’artiste Niki de Saint Phalle, la lampe toucan du designer Enea Ferrari ou le Frog phone de David Craft). 

Bianca et la forêt des parents égarés est un livre qui invente un espace labyrinthique où l’on célèbre, en forme et en couleur, la puissance de l’imaginaire et de la fantaisie face aux limites du savoir.

Bianca et la forêt des parents égarés de Marie Boisson, éditions Misma, 24euros.

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