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Rock en Seine 2023 – Snail Mail : « Je ne suis pas si triste que ça »

© Guillaume Lacoste

Le phénomène rock Snail Mail a enflammé le 27 août dernier la grande scène de Rock en Seine. Rencontre avec la meneuse du groupe américain, Lindsey Jordan.

Derrière Snail Mail, il y a Lindsey Jordan, 24 ans, sur scène depuis ses 15 ans. Pour les 20 ans du festival, elle et ses musiciens s’offrent la grand scène, et le public est au rendez-vous. Il n’existe pas en français d’équivalent pour l’expression snail mail, qui désigne un type de courrier distribué plus lentement. Que cela ne vous induise pas en erreur sur le tempo du groupe qui a proposé sur scène une performance survoltée et ponctuée d’interactions avec un public aux anges. Maze a pu rencontrer Lindsey juste après le concert.

Bonjour Lindsey ! Qui est Snail Mail ?

Salut ! Snail Mail s’est formé quand j’avais quinze ans et à l’origine, c’était moi, mon ami Sean et cette personne, Ryan (rires, ndlr elle lui a dédié la chanson « Fuck That Guy » durant le concert). Un mois ou deux après avoir commencé à jouer des house shows et des basement shows, j’ai rencontré Ray et Alex qui font partie du groupe maintenant et depuis, ce sont les mêmes gars qui jouent de la basse et de la batterie. Ça fait huit ans qu’on est un groupe, c’est vraiment fou ! J’écris les chansons – sur Lush, on les a travaillées ensemble, sur Valentine, j’ai fait ça toute seule. Pour le prochain album, je le ferai probablement à nouveau avec Ray et Alex… Nous sommes une équipe, même si techniquement, c’est mon projet.

Qu’est ce que ça fait de jouer à Rock en Seine ?

C’était génial, c’était vraiment un super concert ! J’étais super nerveuse, je suis très nerveuse dans les festivals parce que la scène est grande, et on est tellement petit·es, ça peut être intimidant ! Et du coup je me demande si nous sommes assez amusants, assez divertissants, surtout sur ces scènes hautes où tu peux voir quand les gens se désintéressent… Mais celui-ci était génial, c’était l’un des meilleurs concerts de la tournée. C’était fou, c’était tellement amusant. Je n’arrivais pas à croire qu’il y avait autant de monde, ça m’a vraiment fait halluciner.

Peux-tu nous parler de tes influences musicales ?

Grave ! Je dirais… The Velvet Underground, Oasis, Elliott Smith… J’essaie de penser à des projets originaux dont j’étais vraiment fan avant genre maintenant… J’ai grandi en étant une grande fan de St. Vincent, j’adore les albums Strange Mercy et Actor. Beach House, parce que je viens de Baltimore, c’était l’un de mes premiers groupes préférés… J’essaie de penser aux premières influences, Sonic Youth, My Bloody Valentine, Joni Mitchell, je suppose, si on résume tout de manière extrêmement sauvage !

Il y a des groupes contemporains qui te font vraiment vibrer ?

Oh mon dieu, oui, honnêtement, Alvvays, le groupe déchire ! Et nous avons tourné avec eux plusieurs fois, ce sont de très bons amis, de très bonnes personnes et j’aspire aussi à être comme eux musicalement parce qu’ils travaillent dur, ils s’entraînent dur, ils sont tellement sérieux à propos de la musique. Il n’y a pas de conneries, ils sont géniaux et cool, il n’y a rien de prétentieux chez eux, juste de grands musiciens qui aiment la musique et ils sont vraiment sympas.

J’admire tellement leurs compositions, et à chaque fois qu’on les voit à un festival ou autre, on se dit « C’est les Jeux olympiques du rock indé ! ! ». J’aime aussi Bar Italia – j’ai beaucoup écouté ce groupe… J’essaie de penser à d’autres groupes que j’ai écouté dernièrement… Ok, le groupe Crushed m’obsède en ce moment… J’aimerais avoir une playlist spécifique avec ce que j’aime en ce moment, parce que ça m’aiderait beaucoup… Brennan Wedl… Je suis en train d’en faire une affaire personnelle (rires) . Oh, This is Lorelei, et Lily Konisgberg. Ce sont mes dernières réponses. Ah et Soccer Mommy !

Et avec quel·les artistes aimerais-tu travailler ?

Julie, ce serait génial, je les adore, elles déchirent tout. Momma, j’adore ce groupe, ma copine y joue, mais juste je les adore. D’ailleurs c’est comme ça qu’on a commencé à sortir ensemble, qu’on est partis en tournée ensemble… Ce groupe est complètement fou, ils sont tellement bons ! Il y a aussi un nouveau groupe, Narrow Head, qui fait du rock, pareil, ils sont tellement bons, et vraiment sympas.

As-tu ressenti la renommée que t’as apporté ton premier album Lush ?

J’ai toujours été très sérieuse à propos de la musique, de l’écriture des chansons et tout, mais je ne pensais pas que ça irait un jour quelque part. C’était juste pour l’amour de la musique qu’on jouait. Même si on n’avait fait qu’une seule tournée, je pense que je serais morte heureuse à l’idée d’avoir eu ce minimum d’attention. Je me souviens à onze ans avoir pensé à une petite salle à Washington appelée The Black Cat, et d’avoir dit à mes parents que si je faisais partie d’un groupe qui ferait salle comble là bas, je serais juste tellement heureuse.

Parce que j’aime ça et que j’aime me concentrer sur la musique. Il y a eu évidemment des défis, parce que j’étais au lycée et que j’apprenais à devenir une personne et tout, mais j’ai adoré ça, avec toute la confusion qui en a découlé. Mais c’était quand même génial, j’étais aux anges et ma tête est devenue énorme – maintenant elle a dégonflée. Mais c’était vraiment dingue. J’allais devoir aller à l’université, payer moi-même, et je ne voulais pas m’endetter. Alors je me suis dit « cool, je vais devenir une rockstar ! ». C’est bien mieux que de payer l’université de ma poche (rires).

SNAIL MAIL
© Louis Comar
Ton dernier album est sorti en 2021, est-ce que tu travailles sur de nouveaux projets ?

Oui, c’est un processus tellement fou, il y a une chanson sur laquelle je travaille depuis plus d’un an, ce qui est dingue. Mais je me suis imprégnée de ce qui se passe…. Avec les chansons, je veux vraiment qu’elles soient parfaites, ce qui est un peu mon défaut aussi, parce que ça me prend beaucoup de temps. Mais je suis vraiment contente de ce qui se passe pour l’instant, je pense que je sais comment je veux le faire, j’ai une palette de couleurs pour la façon dont ça sonnera. Et aussi une sorte de palette lyrique.

Je veux vraiment que ce soit quelque chose de différent au niveau de l’écriture. J’ai l’impression d’être tombée dans une ornière. Les gens pensent que je suis une fille triste, et honnêtement, je ne suis pas si triste que ça ! J’étais une adolescente qui écrivait sur des sentiments forts, mais je ne veux pas capitaliser sur ce qui a rendu Snail Mail célèbre, je veux juste grandir en tant qu’écrivaine. C’est comme ca que font tous mes groupes préférés, je veux juste rester authentique, rester à 100 %.

Dernière question, quelle est ta chanson du moment ?

Ouah ! Tu sais quoi je vais chercher mon téléphone et je vais regarder parce qu’il y en a quelques unes sur lesquelles je suis en ce moment. Je vais dire, comme ultime réponse, « Save it from later » de The (English) Beat. Je l’ai beaucoup écoutée. Dernier mot, c’est elle ma préférée.

Journaliste

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