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Le Sziget Festival, on top of the world

Sziget Festival crédit Eva Duc

Maze a eu cette année l’occasion de se rendre au plus grand festival de musique d’Europe : le Sziget festival. La programmation et la réputation de l’événement promettaient beaucoup, et nous n’avons pas été déçu·es. Revivez avec nous ces quelques jours, et on espère vous convaincre de nous rejoindre en Hongrie l’année prochaine pour l’édition 2024 !

Premières impressions

Deux choses font la popularité du Sziget ; la diversité de son line-up, et l’attraction mondiale de l’événement. Sur ces deux points, la réalité est à la hauteur de sa réputation. Bien que nous n’ayons pu y passer que deux jours, déambuler sur le site permet déjà de se rendre compte de la diversité incroyable des styles musicaux et des festivaliers. Le festival décompte pas moins de soixante scènes, sur lesquelles se succèdent des artistes pop, rock psyché, folk, rap… Au Sziget, il faut aussi se laisser des moments pour découvrir les petites scènes le long des chemins, entre deux têtes d’affiche.

En parallèle des scènes musicales, il y a aussi des espaces qui font la spécificité du festival ; on croise des ateliers de danse Kpop menée par un professionnel de l’industrie, un concours de break-dance, et plusieurs ateliers de musiques venues du monde entier où les participants apprennent des rythmes nouveaux aux côtés des musiciens. Les arts du spectacle y sont aussi bien représentés ; plusieurs scènes proposent des spectacles de théâtre, de danse, et de quelque chose entre les deux.

En se promenant dans les allées du festival, on peut croiser à tous moments de la journée des automates, des comédiens sur échasses, des machineries musicales indescriptibles… Le cirque du Sziget propose chaque jour des spectacles d’acrobates et d’équilibristes dans des numéros spectaculaires, qui deviennent encore plus impressionnants à la nuit tombée, avec l’arrivée des jongleurs de feu. Le Sziget base aussi une large partie de son image sur l’ouverture et l’acceptation de son public ; une scène drag intègre la communauté lgbtqi+ à sa programmation dans son aspect le plus spectaculaire, et plusieurs conférences sur les sujets de l’identité de genre et de la sexualité sont données au cours de la semaine. 

Sziget Festvial crédit : Eva Duc

Un premier jour très rock 

Le 10 août, Maze était sur place, prêt à emprunter le petit pont tout décoré qui relie l’île Sziget à Budapest. Après un tour de repérage pendant lequel nous avons conclu que nous n’arriverions jamais à fait une visite exhaustive du site (76 hectares ne se visitent pas en deux jours), nous nous sommes dirigées vers la scène principale. 

C’est le groupe anglais Foals qui nous a accueilli, en pleine promotion de leur nouvel album Life Is Dub, sorti en mai. Sans scénographie particulière, le chanteur en petite chemise décorée de perroquets n’a eu besoin d’aucune aide pour prendre possession d’une scène immense, et communiquer l’énergie du groupe au public. Entre leurs nouveaux morceaux, ils nous ont aussi joué quelques-uns de leurs classiques, comme «  Mountain At My Gates  », ou le poignant «  Spanish Sahara  », que tout le public a chanté avec eux. L’ambiance est allée crescendo, et après les trois derniers morceaux, impossible de dire qui, des spectateurs ou des musiciens, s’étaient le plus dépensés.  

Nous nous sommes ensuite rendues sous le chapiteau, où jouaient Los Bitchos ; vous vous en souvenez peut-être, Maze a déjà eu l’occasion de les voir au festival Check In Party et de les rencontrer pour un entretien l’année dernière. Le quatuor féminin de groupe psychédélique instrumental a depuis bien monté en popularité, et c’est sur la grande scène du chapiteau que nous les avons retrouvées. Elles n’ont rien perdu en énergie, les quatre musiciennes s’amusent tellement sur scène qu’on a l’impression de voir jouer nos potes, et on ne peut que s’amuser aussi. Leur album Let The Festivities Begin !, sorti l’année dernière, a fait danser la foule tout au long du set, hypnotisée par leur backdrop très pop et le balancement des artistes. 

Los Bitchos crédit : Eva Duc

Juste le temps de croiser au loin sur la grande scène Sam Fender, artiste tout droit venu de Newcastle, en train de répandre ses hymnes rock, qu’il est temps de voir Viagra Boys se déchaîner sur la scène du chapiteau. Le groupe de post-punk suédois envoyait une énergie presque bestiale tout en autodérision avec leur morceaux comme «  Sports  » ou encore «  Punk Rock Loser  ».

Le vrai événement de la soirée de ce premier jour, c’était évidemment Florence and The Machine. L’artiste anglaise est suivie dans toutes ses tournées par des fan(atique)s qui font de chaque concert une expérience de communion mystique ; tout au long de la journée, on croisait partout sur l’île des elfes, des sirènes et des vampires couverts de perles, paillettes et couronnes de fleurs, et nous les avons tous retrouvés à 21:15, cramponnés aux crash barrières. Florence Welch, spectrale, a bondi comme à son habitude d’un bout à l’autre de la scène, pieds nus, dans une robe vaporeuse qui flottait derrière elle à chaque pas. Devant son autel sacrificiel, elle a ressuscité la danse, le rock, et l’amour au sein de son public, dans lequel elle a pris un de ses bains de foule comme une idole au milieu d’adorateurs.

L’émotion était assez forte pour qu’on ne se souvienne pas de grand-chose, mais Florence nous a régalé en commençant avec un magistral «  Heaven is Here  », écrasant d’énergie sur un fond de lumière sanglante et de cire de cierge répandue sur l’autel ; suivi de «  Ship to Wreck  », aux paroles désespérantes mais au rythme si léger que la chanteuse paraissait ne pas toucher terre. Après une demande de sacrifices humains – si poliment formulée que le public n’a pu que proposer des candidats par dizaine – pour accompagner «  Rabbit Heart  », le concert s’est clos sur «  The Dog Days Are Over  », de loin le morceau le plus connu du groupe, et longuement réclamé par la foule qui a accompagné la chanteuse de son mieux. 

Un deuxième jour court mais intense

C’est après une visite de Budapest que nous mettons le pied sur l’île en fin d’après-midi pour le deuxième jour ; nous arrivons juste à temps pour le set de Loyle Carner sur la scène du chapiteau. Le rappeur anglais aux influences soul prend possession de la scène avec une passion que lui renvoient ses fans, qui chantent avec lui tous ses lyrics devenus cultes. 

Sziget Festival crédit : Eva Duc

Quoiqu’on aurait pu vouloir faire ou voir après, c’était l’heure pour Imagine Dragons de monter sur la scène principale, et c’est le moment où l’on prend conscience du monde que concentre le Sziget festival. Impossible de circuler, même à des centaines de mètres de distance de la scène ; nous avons fini par accepter notre place devant un stand de hot-dog et notre vue quasiment parfaite sur les écrans, entre les têtes de deux Anglais d’un mètre quatre-vingt-dix. Que l’on écoute Imagine Dragons ou pas, on se rend compte au cours du concert que l’on connaît forcément leurs morceaux, et au risque de gâcher un grand moment de romance pour les couples aux yeux embués devant les visuels de fumée, éclairs et oiseaux enflammés qui accompagnent la performance, on finit par hurler en cœur avec les vrais fans.

Fidèle à sa réputation en concert, Dan Reynolds était rapidement torse nu et luisant sous les spots, mais on sautait tellement avec lui qu’on le comprenait facilement. S’il y a une impression à garder de ce concert, c’est son ambiance festive. Même pour les fan moins inconditionnels d’Imagine Dragons, le temps de quelques chansons, tout le monde peut se retrouver comme à Disneyland devant les confettis, les ballons et les paillettes qui accompagnent le show. Et soyons honnête, il n’y a pas une seule personne qui soit restée insensible au cri de joie collectif, dès les premières notes d’ «  On Top of The World  ». 

Tout juste le temps d’apprécier jusqu’au dernier centime une part de pizza à l’équivalence de 8€, il était temps de voir pour la première fois depuis des années le set du célèbre DJ londonien Jamie XX, anciennement faisant partie du groupe The XX. Le DJ a entamé son set par un remix de son célèbre morceau «  I know there’s gonna be (good times)  », avec les voix de Young Thug et Popcaan. Le show était électrique et les stroboscopes y allaient bon train.

Jamie XX crédit : Eva Duc

Il était temps de quitter l’île de la liberté, non sans difficulté – c’était une soirée passée principalement à piétiner, mais on n’avait après tout qu’à dormir sur place – on s’engage à faire un festival pour de vrai, ou on ne râle pas pour rentrer dans son Airbnb avec de vrais murs et de l’eau courante. 

Un festival au cœur de Budapest 

Un mot tout de même sur une autre très bonne raison de nous retrouver au Sziget pour l’édition 2024 : c’est l’occasion de découvrir Budapest, et un peu de la culture hongroise, le temps d’une semaine. Maze a eu la chance de pouvoir participer au tour presse proposé par l’organisation du festival. Nous avons pu découvrir le quartier de Kelenfold, au cœur de la ville ; même sans guide pour vous faire découvrir des coins secrets comme une minuscule galerie d’art ou une encore plus minuscule boutique de magie, se promener dans la ville et se laisser tomber par hasard sur des endroits cachés est à la portée de tous les voyageurs.

Budapest n’est pas une de ces villes fermées aux non-initiés ; il suffit de mettre de bonnes chaussures et de regarder autour de vous pour découvrir des indices de la vie budapestoise. On vous donne quand même nos astuces de touristes ; essayez tous les desserts que vous voyez, ils sont tous bons ; prenez les vieux trams en bois ; allez passer quelques heures aux bains ; achetez vos cigarettes là-bas avant de rentrer (le vrai choc des cultures, c’est votre buraliste français qui vous annonce « onze euros » pour un paquet).

Budapest crédit : Eva Duc

Bilan 

Enfin, on vous recommande absolument le Sziget, pour une programmation folle chaque année, dans laquelle vous trouverez forcément votre bonheur. Pour profiter pleinement de ce que le festival a à offrir, préférez quand même y passer la semaine. Il y a tant de choses à voir et à faire qu’on a l’impression d’avoir à peine gratté la surface de l’évènement. Le camping est gratuit, la nourriture est horriblement chère – et pas incroyable – mais les festivaliers endurcis que vous êtes sans doute auront prévu le coup et amené des sandwiches. Rester sur place une semaine, permet aussi de ne pas courir de scène en scène et de se poser en journée pour voir les spectacles, les sculptures, visiter le quartier des musées ou la mini fête foraine. Personnellement, on repart de Budapest avec la ferme intention de revenir, et de continuer la découverte. 

Lili Morel-Almonté & Eva Duc

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