Une rentrée littéraire c’est toujours une effervescence, un branle-bas de combat. Cette année 2023 n’est pas plus calme, elle est au contraire orientée vers le désir sous toutes ses formes.
Au commencement il faut du désir. D’abord, pour choisir un livre parmi le large choix de la rentrée littéraire. Ensuite, il faut que le désir soit entretenu à la lecture ; que le désir aille jusqu’au bout. Une fois le livre rangé, il faut que le souvenir du désir demeure, au départ ardent puis de plus en plus étouffé mais jamais éteint. Pour cette année 2023, les piles de livres s’accumulent et chacun·e est sur les starting-block. La rédaction Littérature de Maze a passé son été à sélectionner, à feuilleter, à lire, à construire puis à déconstruire les ouvrages qui commencent à apparaître en librairies. Dans cette cuvée 2023, beaucoup de surprises, quelques déceptions. Et déjà l’été des lectures s’achève, laisse la place à la rentrée.
La dernière rentrée littéraire avait été très riche, placée sous le signe du soleil noir de la mélancolie. On s’était laissé porté par le doux spleen de Sally Rooney ; la délicatesse toute proustienne de Pierre Adrian ; le deuil poétique d’un petit garçon avec Pauline Desmurs ; la pensée vive et chaotique de Sylvia Plath ; les aventures initiatiques et poétiques imaginées par Simon Parcot ou le désespoir du personnage de Zéro Gloire de Pierre Guénard.
Désirs en cascade
Sans totalement délaisser la mélancolie, les livres de cette année retrouvent la fougue du désir. Les myriades de personnages qui peuplent les pages sont tour à tour désirés, désirants, désirables. Il s’agit parfois d’un désir encore naissant : brut et sexuel (Vierge de Constance Rutherford) ; musical et amoureux (Le Grand Feu de Léonor de Récondo) ou à la frontière du fantasme (Mary de Anne Eekhout). Le désir peut également rendre fou (Plus jamais de Megan Nolan, Pauvre Folle de Chloé Delaume, L’Unique objet de mon regard de Aurélie Lacroix et La Foudre de Pierric Bailly).
Il y a les désirs qui se cherchent, étouffés par des sociétés encore trop corsetés comme celle décrite par Samia El Moumni (Adieu Tanger). Il y a le désir d’être toujours plus libre – et toujours plus trans – dont témoigne Imogen Binnie, autrice du déjà culte Nevada. Et le désir peut aussi être fuit, perdu ou recherché (Tout ce qui manque de Florent Oiseau et le bien nommé L’indésir de Joséphine Tassy). Ou le désir de vivre et de s’aimer simplement, sans bruit ni fureur, comme l’imagine François Bégaudeau dans un nouveau roman qui s’impose sans grand fracas, avec douceur (l’amour). D’autres livres, nombreux, échappent au désir, le contournent pour mieux le faire voir, dans les recoins et les non-dits.
Comme toujours chez Maze, nous avons voulu faire la part belle aux nouvelles plumes. Les premiers romans sont donc très représentés dans notre sélection pour cette rentrée littéraire 2023. Et qui dit premier roman, dit maladresses et tâtonnements, fulgurances et trouvailles. Il ne faut pas oublier le plus important lorsqu’on lit des primo romanciers et romancières : leur désir d’écrire, plus fort que tout. Alors que cette nouvelle rentrée littéraire soit pour vous une joie, faite d’envies et de désirs.