La nouvelle petite pépite du label soul Big Crown Records, Les Imprimés, nous présente son premier album étincelant empli de douceur Rêverie.
Le grand label soul de Brooklyn, Big Crown Records (Lady Wray, El Michels Affair, Bobby Oroza) dirigé par Léon Michels et Danny Akalepse, nous présente leur nouveau protégé. Venu tout droit de Norvège, Morten Martins nous introduit son alter ego Les Imprimés, premier projet solo du multi-instrumentiste et producteur. Après avoir remporté en 2006 un Spellemann Award, équivalent des Grammy en Norvège, Morten se voit énormément sollicité dans la production d’album. Ayant toujours eu cette idée d’écrire pour lui-même, le norvégien se lance pendant la pandémie et embrasse la musique soul avec ses talents de compositeur.
Les Imprimés sont créés et le premier album Rêverie voit le jour en ce mois d’août torride. Ce fantastique opus touche en plein cœur grâce à sa pureté et sa douceur. Maze a donc voulu en savoir plus sur ce mystérieux artiste au nom de groupe écrit en français. C’est en visio que nous appelons Morten Martins de sa ville natale Kristiansand pour discuter de son premier projet solo et de sa vie d’artiste.
Comment te sens-tu à propos de la sortie de ton premier album ?
C’est très excitant. J’ai réalisé de la musique pour d’autres artistes avant mais ici on est sur un autre niveau d’excitation car je le sors en solo.
Tu nous évoques ces autres artistes avec qui tu as travaillé et ça me fait penser au Spellemann Award que tu as gagné en 2006 avec le groupe hip hop Dark Side of The Force et leur album El dia de los puercos. Nous sommes loin de ce temps-là, qu’est-ce qui c’est passé et qu’est ce qui a changé entre ce prix et ton premier album Rêverie ?
Après cet album que j’ai produit avec ce groupe de rap et un très bon ami à moi qui s’appelle Salvador Sanchez, ça m’a lancé dans le hip hop. C’était mon premier gros album que j’ai signé et produit. Après ça, j’ai travaillé sur beaucoup de choses car j’ai mon propre studio et en tant que producteur j’ai pu faire énormément de musique et de styles différents. Mais cette fois-ci, j’ai voulu faire un album plus classique, sans sample, juste jouer tous les instruments.
Mais quand as-tu commencé à jouer de la musique ?
Dans ma famille, nous écoutions beaucoup de musique et de différents styles. J’ai dû commencer la guitare classique quand j’avais 6 ans et on avait beaucoup d’instruments dans la maison donc j’ai juste commencé à les jouer un par un en écoutant de la musique. Je jammais beaucoup.
J’ai lu que tes parents avaient même une collection d’étranges instruments, tu peux nous donner des exemples ?
(Rires) Oui c’est vrai, mais c’était surtout moi qui en ramenais. On voyageait beaucoup avec mes parents et du coup je ramenais des percussions africaines par exemple, ou des instruments à cordes et des petits pianos. Beaucoup de choses différentes.
Tu joues combien d’instruments en tout ?
C’est dur à dire… énormément. Tous les instruments studios déjà, comme la basse, la batterie, l’orgue, les guitares, le piano, etc… Je les joue tous. Après, c’est une autre compétence que j’ai avec les vieux instruments. Dans le sens où j’essaye de trouver un son sympa pour ensuite en faire quelque chose avec.
Revenons sur le groupe Les Imprimés et ton premier album Rêverie. Pourquoi avoir choisit des mots en français ?
Je voulais un nom qui sonne bien et je voyageais souvent en France étant petit, même si je ne parle pas un mot de français. J’aime la culture française, l’esthétique des années 60-70 et le nom de l’album, Rêverie, je trouvais que ça sonnait bien et du coup je l’ai laissé en français.
Est-ce que tu peux nous parler du lien que tu as avec la musique soul ? De tes influences et de la première fois où tu as entendu ce style ?
J’ai écouté beaucoup de choses différentes quand j’étais petit et adolescent. Au début, j’écoutais beaucoup de gospel, puis je suis vraiment tombé dans la soul quand j’ai travaillé avec des artistes hip hop. C’est aussi en écoutant du hip-hop des années 90 et les samples utilisés que je suis tombé amoureux de ce genre. Je préférais les samples aux chansons elles-même et j’allais chercher les titres originaux samplés. La musique soul, je l’écoute quand je suis un peu déprimé ou joyeux, mais en tout cas elle me fait du bien.
Le thème principal de l’album est l’amour et les émotions qui entourent ce sentiment. Est-ce que c’était ton idée de départ d’écrire un album sur l’amour ou c’est venu naturellement ?
Au début, je créais juste ce qui me passait par la tête et j’ai commencé à véritablement enregistrer ces idées pendant le 1er confinement. Tous mes concerts étaient annulés et, en tant que musicien, je me suis demandé ce que j’allais devenir. J’ai donc commencé à faire des chansons, juste en instrumentales. Je n’avais jamais chanté auparavant donc c’était complètement nouveau pour moi. J’ai donc commencé à faire de la musique et je me fiais à ce que je ressentais en écoutant mes chansons pour choisir le thème. J’avais déjà quelques histoires en tête, en particulier sur l’amour et la vie en général.
Il y a une chanson qui m’a attiré par rapport à ce thème, c’est le titre « Chess ». Est-ce que pour toi l’amour est comme une partie d’échec ?
Oui, un peu. Mais cette chanson est une reprise d’un bon ami à moi qui s’appelle Hanne Kolstø. Je jouais dans son groupe Thelma and Clyde et quand nous avons joué ce titre j’en suis tombé amoureux. Ma version est complètement différente car la sienne est dans une vibe plus électronique.
« Rêverie » est une sorte d’état d’esprit où l’on serait dans un rêve constant. Tu nous parles beaucoup d’amour dans l’album, est-ce que ce serait ton rêve parfait ? Être aimé et aimer les autres ?
Je rêvasse énormément. Même je dirais tout le temps. Mais bien sûr que l’amour fait rêver tout comme cet album aussi, c’est un grand rêve qui se réalise. J’ai fait cet opus seul sachant que j’avais travaillé pour beaucoup d’autres artistes où je me disais qu’il serait temps de faire quelque chose pour moi-même. C’est peut-être la vraie raison pour laquelle l’album s’appelle Rêverie.
En parlant de rêve qui se réalise, tu as signé avec le grand label de soul brooklynien Big Crown Records. Comment es-tu arrivé à signer chez eux ?
Pendant le Covid, j’ai sorti une chanson qui s’intitule « No One To Fight », puis j’en ai sorti une autre. Puis je me suis dit que ça serait cool d’avoir ça sur un vinyle 45 tours. J’ai ensuite essayé de les contacter. Une fois que j’ai envoyé mes démos à Danny Akalepse du label, il m’a répondu : « est-ce que tu en as plus ? ». J’ai donc répondu : « Oui ! J’en ai pleins d’autres. ». Je n’avais pas exactement de chansons en plus enregistrées mais j’avais beaucoup d’instrumentales. Donc j’ai tout envoyé et il a adoré. Voilà comment ça c’est fait.
Et que penses-tu de ce label ? Tu aimerais travailler avec d’autres artistes du label ?
Big Crown Records est un label incroyable. Je pense qu’ils ont un son unique dans leurs choix d’artistes et il font avancer les choses dans la musique je dirais. Bobby Oroza, El Michels Affair ou encore Lady Wray avec qui je vais sortir un remix d’une de ses chansons. On sent qu’on est une grande famille.
Toujours en lien avec Big Crown, qu’est-ce que tu penses de cette renaissance de la soul ? Comme avec Durand Jones and The Indication, Thee Sacred Souls, Lee Fields, Kenny Finnigan, et pleins d’autres. Ont-il été une inspiration ?
J’ai surtout essayé de créer de la nouvelle musique en faisant des choses que j’aime. Ce sont mes propres pensées, et j’aime la musique des années 60, 70, 90 ainsi que les nouvelles musiques d’aujourd’hui. Je suis allé voir Thee Sacred Souls à Rotterdam et ça a été un super concert et le groupe est vraiment cool.
Dernière question, quelle serait, pour toi, la chanson d’amour parfaite ?
Je dirais, The Delfonics « La-La Means I Love you ».