CINÉMA

CINÉ-CANAPÉ – JUILLET

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Tous les deuxièmes vendredis du mois, les rédacteur·ices de Maze vous proposent une sélection de films à voir (ou revoir) sur Mubi ou CINÉ+. Au programme de ce mois de juillet : Jacques Rozier, Bouli Lanners et Pierre Kast.


Maine Océan
, Jacques Rozier (1986)

Dejanira (Rosa-Maria Gomes), une danseuse brésilienne n’a pas composté son billet. Les deux contrôleurs (Luis Rego et Bernard Menez) tentent de se faire comprendre pour la verbaliser. Une avocate délurée (Lydia Feld) prend sa défense et sert d’interprète.

Le cinéma de Jacques Rozier peut se résumer à l’expression « heureux hasard ». Maine Océan est un film sur la communication. Beaucoup de personnages sont difficilement compréhensibles. Un marin-pêcheur à l’accent fortement vendéen, une avocate passant du coq à l’âne, impresario mexicain, etc. Rozier prend bien soin de ne sous-titrer aucun de ses personnages ; ils sont tous égaux devant leurs inégalités.

On peut voir le film comme une fugue musicale. Chaque personnage entrant comme dans une ronde se croisant, se séparant. Parfois, les rencontres sont houleuses comme celle de Petigas (Yves Afonso) et des contrôleurs. Elles sont toujours résolu non pas par la clef du quiproquo, mais par la réalisation de son absurdité. Pour comédie de situation, aucune n’est forcée.

Une ambiance proche des films de Philippe de Broca, Maine Océan est un joli petit film sur l’humanité de circonstance.

A voir (ou revoir) sur CINÉ+.

Pierre-Théo Guernalec

L’Ombre d’un mensonge, Bouli Lanners (2022)

L’Ombre d’un mensonge, c’est la profondeur des paysages écossais, la fragilité de l’existence et les tourments du sentiment amoureux condensés par le réalisateur belge Bouli Lanners dans ce long-métrage sorti en France en 2022.

Sur l’île de Lewis, Phil (incarné par le réalisateur) est victime d’un AVC. Il perd la mémoire. S’ensuit alors une quête vers la reconstruction sociale et personnelle, quête dans laquelle Phil est accompagné par Millie (Michelle Fairley). Alors que les deux êtres semblent se vouer un amour sincère, l’ombre du mystère plane sur eux. Il ne faut rien dire, rien laisser transparaître. Ne pas parler du passé, ne pas chercher à comprendre au-delà des mots, des gestes et des regards. Le compte à rebours est lancé : combien de temps leur reste-t-il avant que le voile ne soit levé ?

À travers un tandem principal harmonieux et authentique – le festival de Chicago a décerné à l’un comme à l’autre le prix du meilleur acteur et de la meilleure actrice, L’Ombre d’un mensonge propose une lecture toute en finesse de la douleur d’un traumatisme et de la complexité de la tentative de résilience engendrée.

Aude Cuilhé

A voir (ou revoir) sur CINÉ+.

Vacances Portugaises, Pierre Kast (1963)

Madame Françoise et Monsieur Jean-Pierre se prélassent dans leur admirable demeure du Portugal. Le temps y est bon, mais l’ennui parvient à s’installer. Las, ils décident de convier un certain nombre de leurs amis à les rejoindre.

Entre imprévus et querelles inavouées, le panier de convives s’avère éclectique en troubles émotionnels. Une histoire d’amour qui en compte tant d’autres et met en évidence la complexité des alchimies. Le désir, les apparences, les ressentis, l’âge, tous ces attributs qui mettent en question les relations interpersonnelles, sont dépeintes par la multitude de couples se présentant à la Villa portugaise. Les questionnements sont nombreux : comment déceler l’amour que l’on ressent, que l’on exprime, que l’on retient ? Chaque couple arrive avec son lot d’incertitudes, sans pour autant parvenir à les résoudre.

Daté de 1963, le noir et blanc de Vacances Portugaises est absolument seyant au propos. L’expression et la retenue des sentiments, des désirs ou tourments. Ce ne sont autres que Françoise Arnoul, Michel Auclair, ou Daniel Gélin qui gracient l’écran par leurs prestances respectives, incarnant l’intelligentsia représentée dans ce long-métrage. La photographie n’en est que perfectionnée, chaque séquence formulant une nouvelle proposition de cliché dont le papier pourrait être glacé. Ce qui pourrait parfois manquer en rythme, se retrouve alors en esthétisme tant imagé que langagier.

A voir (ou revoir) sur CINÉ+.

Léïna Jung

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