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Rencontre avec Baxter Dury : « En Angleterre, les gens se sentent libres de dire n‘importe quoi par-dessus la musique »

Baxter Dury fêtait l’année dernière ses 20 ans de carrière et dévoile ce vendredi 2 juin son nouvel album, I Thought I Was Better Than You. Un opus personnel qui est dans la continuité de ses précédents disques mais ouvre également la voie à des sonorités plus musicales et moins parlées.

Il est le dandy anglais par excellence. Bien que parfois dans l’ombre de son père, Baxter Dury trace sa route avec un style musical et esthétique si particulier qu’il en a fait sa marque de fabrique. À la fois très connu mais inégalement, sa nonchalance sur scène comme dans la vie font du personnage de Baxter un artiste attachant et complexe qu’on se plaît à suivre au gré de ses albums souvent autobiographiques.

Salut Baxter ! Ton nouvel album sort aujourd’hui et il ressemble à une mosaïque faite de plusieurs morceaux de ta vie… Était-ce l’idée initiale ?

Un peu oui ! C’est un assemblage de références. J’ai regardé en arrière, pris du recul. Je n’ai pas vécu une vie qui génère autant d’histoires que ça mais c’est comme si j’avais écrit un livre. J’ai abordé la chose d’une façon un peu hip-hop mais c’est peut-être exagéré.

On sent bien les influences dans ton dernier album. Tu t’es inspiré de Tyler, The Creator ?

Ce genre d’artistes oui. J’aime le genre de liberté que ces gens-là prennent. Je ne veux pas m’inspirer, c’est plus comme une énergie à distance.

Y-a-t-il un message derrière ton album ?

Non je ne crois pas, c’est toujours pour défendre ce que les gens pourraient penser de moi, par exemple les Nepo babies, j’ai essayé d’en parler avant que quiconque n’en parle ! C’est un truc pour transformer tes histoires d’enfance et les mythes. C’est un des aspects hip-hop de ma musique.

Es-tu fatigué de parler de ton père ?

Non pas vraiment mais je l’ai mis en musique pour ne plus avoir à le faire ! [rires]

On pourrait croire que le titre de ton album lui est adressé…

Ah non non, ce n’est pas une compétition ! Il n’y a que de l’amour et de l’appréciation. On est une famille d’artistes mais quand-même !

Est-ce adressé à quelqu’un en particulier alors ?

Non, c’est plus confus que ça. C’est une sorte de crise d’authenticité, une forme d’hésitation.

Musicalement, ton nouvel album est plus entraînant, presque plus musical…

Oui, je voulais être plus expressif, hybride en quelque sorte, entre chanter et parler. Je m’ennuie vite si je ne me renouvelle pas. Ce que je fais vient d’Angleterre. Là-bas, les gens se sentent libres de dire n‘importe quoi par-dessus la musique. Ils parlent juste. J’essaye d’étendre mon univers musical et mes influences.

Pourquoi as-tu choisi « Leon » comme single ? J’ai l’impression qu’il ne reflète pas complètement l’esthétique de l’album…

Je ne l’ai pas choisi, les Français l’ont choisi ! [rires] Ce n’était pas vraiment choisi, ni un single principal. Et puis je crois que je m’en fiche un peu.

Pour la pochette, quelle était l’idée derrière ?

Oh, juste tu prends un photographe cher, tu shoot en haut d’une colline et tu utilises tes yeux [rires] !

Comme tu montres ton visage sur cet album, on a l’impression que tu ne veux plus te cacher derrière un personnage…

Oui, tu as peut-être raison ! Je ne crois pas que ça soit à ce point réfléchi mais c’est possible ! Je ne l’aurai pas dit mais c’est peut-être vrai.

L’année dernière tu fêtais tes 20 ans de carrière ? Qu’est ce que ça fait ? Comment te sens-tu ?

Oh, je n’y pense pas vraiment à vrai dire… Je me sens à l’aise avec tout ça. Je pense que quand les gens mettent de l’ordre dans leur vie c’est nul, j’espère que ça ne m’arrivera pas. Avec l’âge tu peux prendre de la distance par rapport à ce que tu voulais atteindre au départ. Selon ton succès tu arrives juste avec des demandes plus ou moins hautes au niveau des guitares [rires] ! Et je voudrais m’éloigner le plus possible de tout ça. Mais je me sens bien, tant que je peux faire des choses différentes c’est cool.

Sens-tu le succès, avec les années ?

Je n’arriverai pas à le mesurer correctement je pense… La satisfaction est de courte durée, je pense qu’elle dure à peu près 8 minutes. Je suis en perpétuel découragement mais ça me pousse vers l’avant, ça me motive.

Tu as fait beaucoup de collaborations. On en connaît plusieurs mais je voulais revenir sur celle avec Fred again… Cela s’est juste fait via un coup de fil ?

Quelqu’un que je connaissais le connaissait, il m’a demandé, on s’est vus quelques fois, c’était cool et on est devenus copains. A l’époque il n’était pas aussi connu qu’il l’est aujourd’hui. Récemment il a [mime un bruit d’explosion] ! Mais pour le morceau en question, son label n’a pas voulu en faire un single, un vrai. C’est dommage mais ce n’est pas grave.

Y a-t-il quelqu’un avec qui tu aimerais collaborer ?

Pas vraiment, j’essaye de ne pas en faire trop.

Tu n’aimes pas ?

Si mais je pense que je l’ai trop fait. Maintenant c’est bon. Je dis oui à tout le monde mais je ne sais pas si c’est une bonne idée. Il y a un groupe de rock irlandais qui s’appelle Kneecap. Ils sont très controversés, ils voulaient que je fasse quelque chose avec eux et je me suis dis « merde ».

En parlant de ta carrière, peut-on parler de ton album avec Delilah et Etienne de Crécy ? C’est comme un ovni dans ta discographie…

C’était insufflé par Etienne. Ça s’est fait super vite, on s’est vu pendant un été et on a fait ça super rapidement.

Tu composais déjà avec Etienne ?

On avait fait une ou deux choses ensemble oui du coup c’était facile de re-composer ensemble. Quand est venu le temps de décider si on allait jouer l’album en live, on est très vite tombés d’accord pour ne pas le faire ! [rires]

Je sais que c’est difficile mais as-tu une chanson préférée dans ton nouvel album ?

Non pas vraiment, je n’y pense pas. La première est toujours nostalgique et la dernière est la plus fraîche dans ta mémoire. J’aime cette fraîcheur mais je pense aussi souvent à l’après, qu’est ce que je vais faire après.

Ma mère s’appelle Claire et elle voulait savoir de qui tu parles dans ta chanson éponyme sur ton album Happy Soup ?

Oh, c’était une amie que j’avais à l’époque. C’était très facile parce qu c’est une chanson simple, comme ma relation avec cette personne. Je n’ai pas vraiment réfléchi pour écrire cette chanson, c’était juste de l’art qui parle de ma relation passée. Je me répète un peu trop dans la chanson je trouve d’ailleurs.

Ma mère s’imaginait que tu lui parlais…

Je ne parle pas à ta mère !

Ta voix sonne presque comme une voix-off d’un film d’auteur… Aimerais-tu travailler sur une bande originale ?

C’est bien plus difficile que juste aimer le faire malheureusement. Les BO de films ne sont données qu’à un certain type de gens. J’aimerai bien mais les producteurs ne prennent pas beaucoup de risques… Si quelqu’un me le demandait je le ferai sans hésiter mais personne ne m’a encore demandé. Je ne crois pas que cela arrivera, il y a trop d’argent en jeu.

Si c’était possible, avec qui aimerais-tu travailler ?

Cela dépend du sujet mais avec un paquet de gens ! J’aimerais que ce soit quelqu’un d’au moins un peu anglais, dans un certain sens disons, pour partager des références communes. Je ne sais pas, quelqu’un d’intelligent j’imagine.

Quel est ton dernier coup de cœur musical  ?

Un chanteur anglais, je l’aime vraiment beaucoup, il s’appelle Hak Baker. Il est vraiment intéressant. Sa musique est un peu cotonneuse, il ne rape pas mais c’est intéressant. C’est différent, c’est son propre truc. Ça sonne un peu londonien mais je ne sais pas vraiment ce que c’est, c’est vraiment intéressant. Il est plus jeune que moi, dans la trentaine peut-être, il fait la première partie de Pete Doherty en ce moment, c’est cool.

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