La friche du fort de Tourneville au Havre a vibré fort, le 19 et 20 mai dernier, face à la programmation pointilleuse du festival et ses festivaliers bien décidé·es à en découdre.
Le Havre devient de plus en plus une ville à festivals. Son architecture portuaire et bétonnée laisse beaucoup de grands espaces utilisables pour y célébrer la musique et la culture. C’est ici le cas de la friche du fort de Tourneville, qui abrite en son enceinte la salle de spectacle Le Tetris, salle où concerts et autres spectacles s’y produisent. Il était donc logique pour l’équipe de Foul Weather Festival de s’approprier le lieu et d’y déverser l’énergie rock d’une programmation énervée pour cette troisième édition sulfureuse.
Des femmes derrière les guitares
Nous le savons, de plus en plus de festivals souhaitent installer une parité hommes/femmes au sein de l’organisation et de la programmation. Cet objectif a été grandement rempli à son échelle avec 11 groupes sur 16 ayant une femme dans leur formation dont 8 sur 16 avec un lead féminin. C’est avec le groupe australien Delivery que le bal commence pour nous. Du garage à la sauce Worcestershire comme on aime en entendre. Nous avons pu entendre Métro Verlaine qui comme d’habitude ne déçoit pas, mais notre véritable découverte reste la formation première de l’australienne Baby Cool, les Nice Biscuit. C’est avec leur rock psychédélique que la formation enjaillera le public du festival. Tel deux fées magiques, les deux chanteuses aussi nous font rentrer en transe dans leurs compositions longues et envoutantes.

La grosse déception, si nous pouvons l’appeler comme ça, fut le show des Cumgirl8. Certes, le style du groupe est la provocation et l’exhibitionnisme (tout est dit dans le nom du groupe) mais malgré un show visuel pauvre ainsi que des chansons massacrées, sûrement par le taux d’alcoolémie dans leurs sang, le concert devient au fur et à mesure une vaste farce qui rend la performance amusante tant le ridicule ne les tue pas. Heureusement, les A Place To Bury Stranger, tête d’affiche du festival relève le niveau haut la main avec un concert hypnotique. C’est avec leur brouhaha musical que le trio nous emmène dans leur univers épileptique. Une transe intense où le groupe s’installe au milieu de la fosse, durant la moitié du concert, pour ne faire qu’un avec le public. Une performance aussi édifiante qu’infernal.
Rock testostéroné
En hommage à Kraftwerk, le groupe anglais Autobahn chauffera le public encore à jeun de son punk et pogoteux. Le groupe sans batteur laisse les machines donner le rythme sur ce garage punk électronique puissant au chanteur intriguant et rempli de toc. Puis le coup de grâce et notre coup de coeur arrive déjà beaucoup trop tôt. La machine rock garage de Brighton, les Ditz, impressionne avec une performance détonnante. Le chanteur, armé d’une robe léopard, rayonne sur scène et titille le public en faisant des aller retour entre la scène et la fosse. La basse lourde et leur punk dur ravivera les festivaliers en manque de musique brutale.

Autre grosse déception du festival, le duo parisien Bracco. Le concert tel une massue viendra nous donner un mal de crâne presque impossible à faire passer. Que ce soit entre leur musique bien trop bordélique et inaudible ou les obscénités prononcées lors de la performance, nous seront tout simplement déçu d’une attente personnelle bien trop élevée. Heureusement qu’un autre groupe français Clavicule, remplaçant les Acid Dad, relèveront le niveau avec un concert frénétique où slam et pogo ont éclos de part et d’autre de la salle de La Halle. Mélangeant des mélodies orientales et du garage bien crasseux, les festivaliers en auront eu pour leur tympans. Une belle réussite pour le Festival Foul Weather qui clôture sa troisième édition en sueur et imbibé de bière. Vivement l’année prochaine.