La 12ème édition du Champ Élysées Film Festival présente Split d’Iris Brey. Elle y filme des images qui lui tiennent à cœur, la naissance d’un amour lesbien, des questionnements autour de l’hétérosexualité. Ces scènes montrent une nouvelle forme d’intimité au cinéma.
Le Champ Élysées Film Festival a mis en lumière le vendredi 23 juin 2023, en avant-première, deux épisodes de la série Split réalisée par Iris Brey. Anna, interprétée par Anna Jodorowski, est cascadeuse. Sur un tournage, elle tombe amoureuse de Eve (Jehnny Beth). Bien plus qu’une série romantique, Split parle du choix de sortir de l’hétérosexualité comme acte politique. A été projeté par la suite Sex is Comedy d’Édith Chapin, documentaire qui présente l’envers du décor de la série d’Iris Brey et explique le métier de coordinatrice de l’intimité sur un tournage.
Split screen et le toucher
Dans Split, Iris Brey filme les corps, des caresses, les contacts physiques entres les personnages. Le spectateur est ému au travers des épisodes par la relation naissante entres les deux femmes. Le montage fait en sorte de juxtaposer plusieurs images, le split screen permet de suggérer le désir. Effectivement, on y voit de près des poils qui se hérissent, des lèvres, les chairs. Ce découpage de l’écran est une manière pour le spectateur de ressentir la tension croissante entres les deux actrices principales. On voit au même moment sur l’écran le corps et le visage des actrices pour qu’elles se répondent et que les scènes de sexe soient un vrai partage et non un rapport de domination. Iris Brey décide aussi de superposer des scènes de tendresse entres les deux actrices avec des scènes dans la nature.
Ce toucher est le sujet principal de cette série et du documentaire qui l’accompagne. Effectivement, Iris Brey voulait aussi, à travers Split, créer un nouvel imaginaire pour le spectateur, habitué à voir au cinéma des scènes d’amour hétéronormées. Ici on rencontre une autre représentation de l’amour et plus particulièrement celle de deux femmes. Et derrière l’écran, Iris Brey a importé une nouvelle technique de réalisation, tout aussi politique. Elle a fait appel à une coordinatrice de l’intimité. C’est le propos du documentaire de Edith Chapin, Sex is Comedy.
Redessiner l’amour au cinéma
Plus démocratisé en Angleterre, notamment avec les séries telles que Bridgerton ou Sex Education, le métier est encore peu développé en France. Or, Iris Brey, en prenant cette décision délivre une promesse au spectateur : les actrices ont posé leurs limites. Elles ont choisi ce qu’elles voulaient montrer de leur intimité, que ce soit concernant leur nudité en tant que telle ou par ce qu’elles suggèrent au spectateur par les scènes de sexe. Elles ont aussi appris à se toucher. Le documentaire est un témoignage de la condition des femmes dans le cinéma.
Aussi, la rencontre avec Iris Brey au travers du documentaire touche le spectateur. Jusqu’aux larmes, elle défend son projet. Pourquoi, lorsque les scènes de sexe sont lesbiennes, le film est interdit au moins de 16 ans ? Le spectateur ressent la frustration de la réalisatrice. La sexualité féminine est trop peu représentée et la sexualité lesbienne encore moins. Iris Brey, dans sa série révèle une théorie féministe, celle de sortir du schéma de l’hétérosexualité et décider de perdre ses privilèges et de devenir une menace. Split est une série politique, féministe, qui raconte d’autres modalités d’amour et de manières de le filmer dans le cinéma français.
