À travers Tengo sueños eléctricos, la réalisatrice Valentina Maurel dresse un portrait audacieux des violences intra-familiales, dans un premier long-métrage prometteur.
C’est pour la journée internationale des droits des femmes, le mercredi 8 mars, que sort en salles le premier long-métrage de la réalisatrice Valentina Maurel, Tengo sueños eléctricos – J’ai des rêves électriques en français. Le film raconte poétiquement la découverte par une adolescente de sa sexualité, de la complexité du consentement et de la violence.
Eva, 16 ans, vit avec sa mère, sa petite sœur et leur chat. Après la séparation de ses parents, elle ne pense qu’à quitter la maison et à aller vivre avec son père qui, désorienté, expérimente une seconde jeunesse et se rêve une vie d’artiste. En quête d’identité, Eva est partagée entre l’insouciance de sa vie d’adolescente et la brutalité du monde adulte. Marquée par cette violence symbolique autodestructrice, la maison familiale devient un enjeu très fort dans la construction de chacun·e. Ce drame mène à une audacieuse exploration d’une relation entre une fille et son père, et de la rage intime qui les anime.
Un regard courageux et profondément complexe
On ne compte plus les films qui parlent de transmission de valeurs, mais combien parlent de la transmission de la violence ?Tengo sueños eléctricos s’en saisit sans pincettes. Ainsi, les attitudes perverses du père se calquent sur une adolescente aussi troublante qu’attachante, en adoration pour sa figure paternelle. Désormais, la violence n’est plus seulement masculine, comme on l’associe souvent, mais devient également féminine. Eva s’émancipe alors complètement du personnage typique de l’héroïne, seulement perçue sous le prisme de la victime. Ici, la confusion règne entre le bien et le mal, l’agressé·e et l’agresseur·se.
Un si beau premier film, doux, aimant et délicat
La réalisatrice Valentina Maurel n’en est pas à ses débuts. Après deux courts-métrages primés, la franco-costaricaine se lance donc dans le long-métrage. Le film était en compétition officielle à Premiers plans, festival d’Angers dédié aux premiers films européens. En 2022, le long-métrage avait déjà remporté trois prix au festival de Locarno (mise en scène, meilleures interprétations féminine et masculine). Un début qui s’annonce très prometteur.