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Rencontre avec Biig Piig : « La musique a toujours été une façon de me fixer quelque part »

Actuellement en pleine tournée européenne, la chanteuse irlandaise Biig Piig était de passage à La Maroquinerie le 10 mars pour défendre sa nouvelle mixtape, Bubblegum, sortie en janvier. Juste avant un concert endiablé, on a pu discuter avec elle de ses nombreuses collaborations et envies d’album.

Biig Piig change autant de lieu d’habitation qu’elle joue avec les styles musicaux. Née en Irlande, elle a vécu à Cork, en Espagne, puis à Londres… Côté musique, c’est plus ou moins le même cheminement : venant initialement de la lo-fi, la chanteuse est passée par le R’n’B, le rap, l’électro et lorgne parfois même du côté de la jungle. Révélée au grand public par une COLORS session et une collaboration avec Metronomy, Jessica Smyth ne se met aucune barrière et trace sa route dans un milieu musical qu’elle semble connaître sur le bout des doigts.

Salut Biig Piig ! Tu es en pleine tournée, comment se passent les concerts jusqu’ici ?

C’est fou ! C’est une telle expérience ! J’avais déjà joué à Paris, en 2019, c’était au Botanique je crois… et c’était fou ! Cette année c’est un show différent, très différent. C’est ma première tournée en tant qu’artiste solo, avant j’étais la première partie. J’étais si nerveuse sur scène à l’époque ! Ma musique était plus chill, j’aimais beaucoup, mais c’était différent. Il y a toujours des éléments d’avant dans ma tournée actuelle, mais avec ma nouvelle musique j’ai pu trouver mes habitudes sur scène. Je suis arrivée à ma partie préférée dans la musique. Quand je monte sur scène, c’est comme si je mettais le monde sur pause pendant une heure.

Tu as appelé ta première mixtape Bubblegum. Est-ce parce que ta musique est élastique entre les styles, que ce soit pop, R’n’B, hyperpop, jungle ?

Oui. En fait, le nom actuel de la mixtape est un message pour dire combien les choses peuvent avoir l’air douces et exploser à tout moment. À quel point on peut rapidement se retrouver dans une situation délicate. Sur le plan personnel, la musique et les histoires se suivent au long de la mixtape. Les chansons parlent de comment on tombe et retombe dans les mêmes schémas de relations toxiques, encore et encore. Il faut se poser la question de comment, à la fin, on reproduit toujours les mêmes patterns. Arriver au point de réalisation, se rendre compte. Et enfin, la musique change.

Pourquoi Bubblegum est une mixtape et non un album ?

Parce que pour moi, faire un album c’est une marche encore au-dessus. Réfléchir, faire des sons différents. L’idée derrière un album pour moi serait d’essayer de faire sonner tout dans un même univers. Est-ce que je peux ? Parce que si j’y arrive c’est cool. Je travaille actuellement sur un album, je veux aller vers ça. Je commence à comprendre comment construire quelque chose de cohérent autour de tout ça. J’ai commencé à écrire et c’est tellement bien. J’arrive à un point auquel je n’étais pas forcément prête il y a peu.

Tu veux écrire une histoire entre les chansons ?

Oui, à 100 %. Mais cela vient inconsciemment parfois. J’ai l’impression que lorsqu’on utilise le subconscient, c’est comme écrire un flux de conscience. Lorsque je me plonge dedans, que je commence à écrire des trucs dans mon journal, les morceaux prennent peu à peu forme tous seuls. Je commence à me dire ce que je veux vraiment. Et tout est cohérent d’un coup.

Tu as vécu à Los Angeles et en Irlande ?

Oui, je suis née à Cork, j’y ai grandi et après je suis allée en Espagne, puis en Angleterre.

Tu as vraiment besoin de bouger. Cela influence-t-il ta musique ?

Beaucoup, oui. Je pense qu’on apprend beaucoup en bougeant autant, en allant à droite et à gauche. Les seules qui restent consistantes pour moi sont les relations avec la musique, parce que les relations humaines changent quand tu déménages et essayes de ne pas être isolé·e dans une nouvelle ville, de trouver qui tu es. La musique a toujours été une ancre pour moi, une façon de me fixer quelque part. Ça me ramène toujours à la maison, malgré des influences très différentes. Quand l’espagnol vient dans mes chansons par exemple, c’est très personnel. C’est complètement différent de quand j’écris en anglais. Puis, l’influence irlandaise revient, dans la façon de raconter. Tout ça évolue avec l’expérience aussi.

Où veux-tu vivre après ?

À Paris je crois ! (rires) J’aime tellement cette ville. Je crois que la dernière fois que j’étais ici, c’était le mois dernier, je suis tombée amoureuse de la ville. Je ne sais pas si c’est à cause de la musique ou parce que j’écrivais. Les gens que j’ai rencontrés ici, les expériences que j’ai vécues… Il y a tellement de scènes, partout. Les arts débordent parce que les gens aiment ça. À un certain point dans ma vie j’aurai besoin de vivre ici. En ce moment je suis à Londres, je viens tout juste d’arriver.

Ton premier EP était lo-fi, puis tu es passée par le R’n’B, ensuite tes chansons étaient plus pop et maintenant certains de tes derniers titres sont électro… Essayes-tu plusieurs styles de musique avant de trouver le tien ?

Je pense que c’est un mix de tout ça. C’est difficile de définir ce qu’est la musique. J’ai l’impression de n’avoir qu’un seul job et c’est excitant. C’est comme quand je bouge de ville, j’essaye d’être influencée par tout ce que je vois et fais, afin de donner quelque chose qui ne ressemble à rien d’autre, comme une combinaison de différents genres. 

Tu as l’air d’aimer collaborer avec d’autres artistes. Comment cela se passe-t-il ?

J’ai toujours aimé collaborer ! Depuis le début, je cherche des instrus d’autres artistes sur YouTube, Soundcloud, j’envoie des messages à des producteurs… Maintenant que je vais en studio, que je travaille avec des producteurs, c’est incroyable ! Sur ma dernière mixtape, chaque chanson a été faite en un seul jour. Et ça sonne bien je trouve ! L’émotion est là, je trouve ça fou. Les paroles et les mélodies font corps ensemble.

Travailles-tu avec des artistes parce que tu es amie avec eux ?

C’est plus comme une petite communauté. Maintenant, je fais des sessions avec des gens avec qui je ne pensais jamais collaborer, et ensuite je développe des relations humaines. Lloyd et Mac, par exemple, ont travaillé sur beaucoup de mes morceaux et nous sommes devenu·es ami·es après. Je les connais depuis longtemps maintenant. Il y a aussi des personnes avec qui j’ai collaboré mais que je n’ai jamais rencontrées, comme Metronomy par exemple. On s’est envoyé et renvoyé l’ébauche de la chanson plusieurs fois, jusqu’à arriver à se dire « là c’est bon, c’est vraiment bien ». 

Es-tu déjà en train de travailler sur de nouvelles chansons ?

Oui, je n’arrête jamais ! Si j’arrête, ma tête explose. J’écris tout le temps. Pour être honnête, quand je sens que je suis sur quelque chose, j’écris encore plus. On a écrit trois chansons que j’adore, j’étais super contente. Après, j’ai dû partir en tournée, ce qui était encore plus cool. J’ai beaucoup appris sur les routes. J’ai imaginé la façon de mettre en scène les chansons, pour que ça rende le mieux possible en live. Je ne sais pas si j’avais la même appréciation pour mes anciennes chansons mais je l’ai fait.

Fais-tu les deux, la composition et l’écriture ?

Oui. Pour l’instrumental, je travaille avec un gars, Andrew Wells, qui était sur le dernier EP aussi. Je travaille avec différentes personnes, j’essaye de m’adapter à chacun·e. Parfois, composer, c’est comme avoir une conversation. Tu vibes avec certaines personnes plus qu’avec d’autres. C’est comme quand tu trouves un bon producteur qui fait des instrumentales qui résonnent en toi. D’un coup, tu veux parler avec lui pour toujours. 

Quel est ton dernier coup de cœur musical ?

Oh mon dieu, j’en ai plein, laisse-moi y réfléchir… Il faut que je regarde mon téléphone. Oui ! Glizz est cool. C’est un très bon rappeur, je l’adore. Dabeull ! Il est très fort et j’adore la pochette de son album, son univers… Un dernier ? Tu connais Kilo Kish ? Elle vient de New York. Cette chanson en particulier est chouette, « Nice Out ».

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