LITTÉRATURESorties BD

BD du mois – Portraits en pagaille

BD du mois
Crédits : Fanny Monier

Chaque mois, la rédaction littérature vous offre un petit résumé de quelques nouveautés BD, fraîchement parues. Ce mois-ci, des portraits de personnalités réelles ou inventées, et des autobiographies qui disent les mondes actuels et passés.

Gisèle Halimi, une jeunesse tunisienne – Danièle Masse et Sylvain Dorange

Gisèle Halimi est morte depuis peu, mais sa mémoire reste plus vivante que jamais. Pour rendre hommage à l’avocate franco-tunisienne, Danièle Masse et Sylvain Dorange reviennent sur la genèse de son engagement, moins connu que le reste de son illustre parcours. C’est ainsi que l’on retrouve la jeune Gisèle, l’œil espiègle et le cheveux orange, dans sa Tunisie natale où elle est témoin de nombreuses injustices liées à la colonisation. Cette confrontation brutale au racisme et aux inégalités de genre forge, très jeune, son engagement. Dès le lycée, elle milite, fait de la politique. Ces expériences vécues avant de quitter son pays pour rejoindre Paris feront d’elle la militante exceptionnelle que l’on connaît. Cet album s’offre à nous comme la pièce manquante du puzzle, pour mieux comprendre les luttes de cette femme exceptionnelle.

© Decourt/Encrages

Gisèle Halimi, une jeunesse tunisienne de Danièle Masse et Sylvain Dorange, éditions Delcourt/Encrages, 136 p., 17,95€

Emma Poesy

La Femme corneille Camille Royer et Geoffrey Le Guilcher

Marie-Lan est une élève exceptionnelle. À seulement seize ans, l’adolescente est diplômée du baccalauréat. Ses brillantes études la conduisent à passer par les bancs du lycée Henri-IV, avant d’intégrer conjointement Normale sup et SciencesPo Paris. La classe prépa derrière elle, la jeune fille peut renouer avec des activités plus futiles. Alors qu’elle se remet à jouer à Pokémon Go, elle fait la connaissance d’un spécialiste des corneilles. Et développe une fascination pour ces oiseaux dotés d’une intelligence exceptionnelle. Derrière cette histoire bien menée, Camille Royer et Geoffrey Le Guilcher partagent leur passion pour les corneilles. Une exploration fascinante dans la psyché de ces animaux que les scientifiques considèrent comme les plus intelligents après les humains.

© Futuropolis

La Femme corneille de Camille Royer et Geoffrey Le Guilcher, éditions Futuropolis, 160 p., 22€

Emma Poesy

Hmong – Vicky Lyfoung

Pour parler de sa famille, Vicky Lyfoung dresse l’histoire de tout le peuple Hmong, peuple d’Asie du sud-est. Avec un humour (trop) cartoonesque, 112 pages lui suffisent à cette immense tâche. Des premières guerre à celles du 20ème siècle, l’autrice a lu tous les documents à disposition pour construire une chronologie exacte. À ce récit historique se mêle étroitement celui de sa propre famille qui a dû fuir en France et aux États-Unis. Vicky Lyfoung signe ainsi un premier roman graphique très personnel, dans la veine des récits de filiation.

© Éditions Delcourt, 2023 — Lyfoung

Hmong de Vicky Lyfoung, éditions Delcourt/Encrage, 160 p., 16€50

Anaïs Dinarque

Djarabane Adjim Danngar

Peut-on devenir artiste dans un pays en guerre ? À seulement sept ans, le petit Kandji est fasciné par une peinture que ses parents ont accroché dans le salon du foyer familial. Il en est convaincu, il deviendra peintre lui aussi. Mais Kandji vit dans le Tchad des années 1980, frappé durement par la guerre qui l’oppose à la Libye. Dès lors, comment s’en sortir ? À travers ce récit largement autobiographique, Adjin Danngar retrace, dans un trait hypersensible et sublime, les difficultés d’une enfance percutée par la guerre. Et évoque, dans le même temps, le pouvoir émancipateur de l’art. Un récit somptueux.

© Delcourt/Mirages

Djarabane de Adjim Danngar, éditions Delcourt/Mirages, 192p., 24,95€

Emma Poesy

Voler au dessus des trous – Catherine Lepage

C’est un petit alter ego dans les tons pastels que présente Catherine Lepage dans sa bande dessinée Voler au dessus des trous. Elle y raconte son enfance, puis son évolution vers l’âge adulte avec un seul mot d’ordre en tête : faire ce qui lui plait. Mais la vie n’est pas un long chemin tranquille. Il est plutôt semé d’embuches, plus précisément de trous dans lesquels il arrive parfois de tomber. Avec humour et finesse, Catherine Lepage propose une première BD décalée.

© La Pastèque éditions
© La Pastèque éditions

Voler au dessus des trous de Catherine Lepage, La Pastèque édition, 136 p., 25€

Anaïs Dinarque

La Dernière artiste soviétique – Victoria Lomasko

Aujourd’hui exilée en Allemagne, Victoria Lomasko avait envisagé avant la pandémie, de dresser une sorte de portrait des vestiges de l’Empire soviétique. Pour se faire, elle a choisit un format hybride, à cheval entre le documentaire et la bande dessinée. Un mot d’ordre : de la couleur et surtout laisser la parole aux autres, à celles et ceux que l’on entend jamais. Mais le premier confinement l’a brusquement arrêté dans son entreprise et lui a fait revoir sa pratique artistique. Un cheminement extérieur et intérieur intéressant pour quiconque s’intéresse à la géopolitique de cette région du monde et aux réflexions sur l’art. L’art doit-il être utile ou non ?

© The Hoochie Coochie & Victoria Lomasko

La Dernière artiste soviétique de Victoria Lomasko, traduit du russe par Gérald Auclin, éditions The Hoochie Coochie, 300 p., 26€

Anaïs Dinarque

You may also like

More in LITTÉRATURE