CINÉMA

Premiers Plans Angers – Palmarès et coups de coeur

Premiers Plans
© Jour 2 Fête

Le jury 2023 du festival Premiers Plans d’Angers – présidé par Mia Hansen-Løve – a décerné son Grand Prix à Chevalier noir de Emad Aleebrahim-Dehkordi. Retour sur cette 35ème édition qui révèle comme chaque année de grands premiers films.

Ce samedi 28 janvier, le festival Premiers Plans d’Angers s’est clôturé en beauté avec la projection en avant-première de La Grande Magie de Noémie Lvovsly. Pendant une semaine, la cité angevine a vibré au rythme des premiers balbutiements cinématographiques européens, des rencontres avec Sandrine Kiberlain ou Rodrigo Sorogoyen et de nombreuses rétrospectives.

Pour cette 35ème édition, le jury long métrage présidé par Mia Hansen-Løve, accompagnée de Rebecca Marder, Mikhaël Hers, Félix Moati et Jean-Baptiste de Laubier (Para One) ont remis leur Grand prix au poignant Chevalier noir du cinéaste iranien Emad Aleebrahim-Dehkordi. Déjà récompensé de l’Étoile d’Or au Festival de Marrakech 2022, ce premier long puissant suit les trajectoires de deux frères à Téhéran, entre naturalisme et conte.

Le public, quant à lui, a préféré une autre histoire de frères, choisis ici et non de sang, et a décerné le prix Jeanne Moreau à Chien de la casse du réalisateur français Jean-Baptiste Durand, comédie inventive avec Raphaël Quenard, Anthony Bajon et Galatea Bellugi.

La jeune et talentueuse Frankie Corio repart avec un prix d’interprétation féminine pour son rôle dans le sublime Aftersun de Charlotte Welles où elle partage l’affiche avec Paul Mescal. Le prix d’interprétation masculine a été attribué à Quentin Dolmaire pour Fifi de Jeanne Aslan et Paul Saintillan.

Du côté de la sélection Diagonales, Unrest de Cyril Schäublin a remporté le Grand Prix et Fragile memory d’ Igor Ivanko une Mention Spéciale. Le jury court métrage présidé par Samir Guesmi a remis son Grand Prix européen à Haulout d’Evgenia Arbugaeva et Maxim Arbugaev, une mention spéciale à Euridice, Euridice de Lora Mure-Ravaud alors que le public a récompensé It’s nice in here de Robert-Jonathan Koeyers.

Pour les courts métrages français, le génial Ville éternelle de Garance Kim est lauréat du Grand prix du jury, ex-aequo avec Ne pleure pas Halima de Sarah Bouzi. Le public a récompensé Rapide de Paul Rigoux.

Premiers plans – trois coups de coeur :

Euridice, Euridice de Lora Mure-Ravaud (court métrage européen)

Euridice, Euridice s’inspire, comme son titre l’indique, du mythe grec d’Eurydice, compagne d’Orphée errant aux Enfers après une morsure mortelle de serpent. Dans son court métrage, (primé d’une mention spéciale à Angers et d’un prix à Locarno), Lora Mure-Ravaud déplace son récit en Italie et s’immisce dans la passion amoureuse entre deux jeunes femmes, Alexia et Ondina.

Cette dernière, interprétée par Ondina Quadri aux yeux bleus perçants, irradie chaque plan quand le visage d’ Alexia est souvent caché de notre regard. La réalisatrice interprète métaphoriquement l’histoire antique, imprégnant la pellicule de cet amour éternel, sublimant chaque plan.

Tigru de Andrei Tănase (long métrage européen)

Une femme vise une tigresse à travers les grilles d’une cage. Vétérinaire d’un zoo en Transylvannie, Vera vient de récupérer l’animal, nommé Rihanna. Mais, épuisée par son travail, l’église orthodoxe qui lui refuse les rituels religieux d’enterrement pour son bébé décédé, et son mari qu’elle vient de surprendre avec une jeune fille, elle laisse par mégarde la cage ouverte.

S’ensuit une poursuite, une chasse du village entier pour retrouver la tigresse. Une échappée à travers la forêt où Rihanna va éprouver de ces quelques heures de liberté totale tandis que Vera remet en cause les fondements de sa vie. Haletant.

Suro de Mikel Gurrea (long métrage européen)

Les premières minutes de Suro laissent apparaitre un couple de trentenaires, Elena et Ivan, à la complicité inébranlable. Ils s’apprêtent à quitter Barcelone pour les campagnes catalanes avec un projet en tête : retaper la maison héritée et reprendre l’exploitation de chêne-liège qui entoure le domaine.

Isolés, très vite des complications vont survenir dans le couple entre l’intransigeante Elena et Ivan, qui va vouloir prouver sa virilité en travaillant avec les ouvriers dans la forêt. Menacés par leurs idéaux, les conflits et la possibilité d’un incendie. Le cinéaste décortique le craquèlement de l’intime porté par un duo d’acteur.rices hypnotiques.

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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