Pour leur 44ème édition, les Trans Musicales de Rennes nous ont régalé·es avec plus de 80 groupes du monde entier sur cinq jours festifs et chaleureux.
Du 7 au 11 décembre, Rennes devient le centre du monde de la musique avec 82 groupes venant de France et d’ailleurs, et surtout d’ailleurs. Nous allons rarement aux Trans pour voir de grosses têtes d’affiche, nous nous y rendons surtout par soif de découverte, de sonorités nouvelles, exotiques et savoureuses. Un festival créé et toujours programmé par le grand Jean-Louis Brossard, durant lequel Rennes se voit guider par les concerts qui l’envahissent et lui donnent une ambiance de voyage. C’est avec une fréquentation d’environ 60 000 festivalier·es sur l’ensemble du festival que se closent les premières Trans musicales de Maze – et qui sont loin d’être les dernières.
De la musique pour tous·tes gratuitement
L’une des particularités du festival des Trans Musicales, c’est qu’une partie de l’évènement est ouvert à tous·tes et gratuit. Cette partie, au lieu de prendre place au Parc des expositions, s’installe dans les grands espaces dédiés à la musique et à la culture à Rennes comme les salles de concert l’UBU et l’Étage, le théâtre l’Aire Libre ou encore la cité de la danse, le Triangle. Ces concerts gratuits ont présenté des groupes de différents styles et horizons comme le rock psychédélique des Québécois de Hippie Hourrah, la pop-folk anglaise de Lewis Evans en passant par le rap latino de Baby Volcano, ainsi qu’une compagnie de danse, la compagnie S’poart.
Mais notre grand coup de cœur de ces shows-là reste le groupe extraterrestre Gondhawa qui, de sa musique mélangeant Orient et rock à la King Gizzard & The Lizard Wizard et ayant créé son propre langage, déchaînera la foule abasourdie par sa performance à l’Étage. Mais c’est aussi le groupe suisse Omni Selassi que l’on verra hypnotiser le public de l’UBU (salle de concert étrange en forme de L) avec sa transe krautrock aux couleurs parfois électroniques et mystiques.
Une programmation éclectique
La grosse partie des concerts a lieu au Parc des expositions de Rennes, soit à une quinzaine de minutes en navette, nécessaire pour s’y rendre, minutieusement organisée par le festival. On pourrait voir ça comme un problème, mais l’organisation est telle que ça en devient agréable. Une fois sur place, c’est l’émerveillement face à ces grands hangars où concerts, bars, restaurants et autres folies sont installés. Dans ces vestibules de tôle, la musique prend place et notre voyage musical commence.
La musique du monde est un des leitmotiv des Trans. Tous les styles pour tous les genres. On y découvrira la cumbia psychédélique des Colombiens de Combo Chimbita, la folk pop étrange et les instruments bizarres et étonnants du duo estonien PUULUUP, ou encore le digital vaudou du groupe de femmes Nana Benz Du Togo. Nous allons de pays en pays à travers ces halls gigantesques dans lesquels les festivalier·es adorent s’engouffrer.
Notre coup de cœur de ce voyage autour du monde vient d’Israël, avec le groupe psychédélique Şatellites. La formation turque Altin Gün en est en partie responsable, mais la musique orientale des seventies est à la mode et surtout, elle plaît. Entre percussions effrénées, lignes de basse groovy, saz électrisant et envolées de chant lyrique arabisant, voici la recette folle d’une réussite détonante et transcendante. Şatellites fera danser la foule, en délire face à leur musique et à la joie de vivre transmise lors de leur passage.
Mais dans les festivals, nous le savons, l’énergie du rock et de la pop n’est jamais très loin. Tout comme cette première claque anglaise du groupe post punk Porchlight. Ça détonne, ça rebondit, ça larsen, bref : du gros son comme on aime pour se défouler et se bousculer. Nous avons été ensuite charmé·es par la pop soul du flamand Jan Verstraeten qui, habillé d’une casquette Mickey et accompagné de son lama en peluche Luciole, nous emmènera loin dans les cordes douces et chaudes de ses violonistes et violoncellistes. Nous remercions aussi le courage du groupe ovni Dalle Béton qui, en plein chantier au milieu du froid entre les hangars, dégoulinera sa musique animée et punk à coups de bétonnière (réellement présente sur scène) et de truelle.
Ici, le coup de cœur rock de ce festival restera les frapadingues Belges de SONS. Montés sur ressors et connus pour leur performance live, le quatuor n’a pas déçu. Dans la continuité timbrée de Idles ou encore Shame, le groupe clôt le Hall 3 en y mettant un bordel sans nom. La basse et les guitares se chevauchent pour rendre le public ahuri face à la puissante machine à pogo qu’est SONS. Suintant la bière et la sueur à la fin de cette performance névrosée, nous ne demandons qu’à y retourner.
C’est bien connu, lors de festivals à une échelle aussi grande, nous aimons terminer sur une pointe de musique électronique, histoire de danser sur les basses profondes et le groove funky et rayonnant des DJs et formations électroniques invité·es aux Trans.
Nous avons été bercé·es par la techno aérienne et envoûtante du français BIRRD, nous avons dansé sur les rythmes groovy et indécents du duo londonien Sworn Virgins et leur dark disco séduisante, mais nous pouvons remercier la DJ brésilienne Barbara Boeing qui clôtura la journée de samedi avec un set de 2 heures sulfureux aux effluves endiablées de musique funky, latino et house. Un délice.
Nous terminons ce report avec LE grand coup de cœur de ce festival : les chamanes de QuinzeQuinze. Habité par leur musique tribale électronique, le public se voit sans mots, sans bruit face aux prodiges que ces jeunes musiciens créent devant ses yeux. Un silence qui en dit long sur l’incompréhension totale de ce nouveau genre musical.
Mais lorsque leur musique finit par ne faire plus qu’un avec les festivalier·es, l’ambiance explose et se laisse captiver par les ondes puissantes et ensorceleuses du quintet. L’Océan Pacifique et le sable polynésien chatouillent les orteils de la foule tant le voyage est profond. Les jeux de lumières et la performance scénique du groupe nous laisseront captivé·es par cette incantation musicale hypnotisante.