LITTÉRATURE

TOP – Les meilleurs livres de 2022

livres 2022
Guillaume Lacoste © éditions de l'Olivier

Revivez les meilleurs moments de 2022 en littérature, avec une sélection tout spécialement concoctée par les journalistes de notre rédaction. Au programme : des récits d’aventure, des romans sur la vie moderne, et des essais féministes.

La vie normale, loin des vicissitudes du Covid-19 (ou presque) a repris son cours en 2022. Les rédacteur·rices de Maze ont été, eux aussi, pris dans le ronron de la vie quotidienne. Pour s’échapper, rien de mieux que les romans qui nous parlent d’aventure, ceux qui nous parlent du monde d’aujourd’hui, de nos plus grandes peurs, mais aussi des plus belles émancipations (féminines). Les membres de la rubrique littérature vous proposent de (re)découvrir les ouvrages qui ont fait 2022. Une sélection dominée par les écrivaines, francophones ou non.

Utopia Avenue – David Mitchell

Genèse d’un groupe de rock britannique qui aurait côtoyé d’autres grands noms de la musique dans les sixties, Utopia Avenue surprend par son mélange des genres. On entre dans cette somme d’un peu moins de mille page comme dans une bonne série. On se prend d’affection pour ses héros, Dean, bassiste et aspirant rock star issu des quartiers populaires, Jasper, guitariste de génie et héritier énigmatique, Elf, chanteuse et féministe. David Mitchell, avec son style sans prétention, parvient à recréer un monde, à faire dialoguer les genres – on bascule parfois même dans le fantastique. C’est rare d’être embarqué dans une telle aventure, une belle odyssée comme celles qui ont fait les débuts de la littérature.

Utopia Avenue de David Mitchell, éditions de l’Olivier, 25 euros.

Emma Poesy

L’Usage du thé – Lucie Azema

Déjà remarquée pour ses récits de voyages, Lucie Azema nous conquiert pour de bon avec L’Usage du thé. L’essai retrace avec une précision remarquable l’histoire de cette boisson millénaire, née en Orient avant d’être très sérieusement convoitée par un Occident colonialiste. Finalement, le thé, boisson d’intérieur, attribuée au féminin, se révèle être le fruit d’une multitude de conflits géopolitiques, avant de devenir, notamment au XXe siècle, la boisson de grands aventuriers. L’autrice, qui a beaucoup voyagé, fait voyager le lecteur et donne avec ce texte soif d’aventures.

L’Usage du thé, Une histoire sensible du bout du monde de Lucie Azema, éditions Flammarion, 25 euros.

Emma Poesy

Les Filles d’Egalie – Gerd Brantenberg

Et s’il suffisait d’inverser le langage pour renverser le monde ? Dès 1977, la norvégienne Gerd Brantenberg s’attaquait à l’épineuse question du langage par le biais de la dystopie. Dans son univers ce qui est désigné comme « masculin » devient « féminin » et vice versa. Petronius a du mal à vivre dans ce matriarcat oppressant et il se rebelle en créant un groupe militant masculiniste. Un roman savoureux, qui bouscule (chose rare !) nos perceptions les plus inconscientes.

Les Filles d’Égalie, Gerd Brantenberg, trad. du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud, 384 pages, Éditions Zulma, 22€

Anaïs Dinarque

On ne naît pas mec – Daisy Letourneur

À lire absolument  : On ne nait pas mec, petit traité féministe sur les masculinités de Daisy Letourneur. C’est une superbe porte d’entrée pour les hommes qui commencent à réfléchir à leur place dans une société patriarcale et capitaliste. Il s’agit d’un essai de vulgarisation sociologique, qui aborde les principaux thèmes liés à la virilité. Ponctué de dessins très drôles et de formules piquantes, ce livre est aussi très agréable à lire  !

On ne naît pas mec de Daisy Letourneur, éditions Zones, 18 euros.

Théophile Laverny

Vieille fille – Marie Kock

Après le Sorcières de Mona Chollet, la journaliste Marie Kock explore un autre chemin et nous livre son expérience de vieille fille dans ce livre qui alterne entre recherche documentaire et témoignage. Cette figure connue et largement répudiée – la fameuse vieille à chat – offre pourtant une forme de liberté et de tranquillité qui n’existe pas ailleurs. Détestée parce que profondément improductive – après tout la cellule familiale a soutenu le développement du capitalisme -, la vieille fille est libre de se choisir la vie qu’elle désire. Plus vertigineux encore, elle seule a le courage d’éprouver complètement sa liberté, avec toutes les questions existentielles que cela entraîne. Dans quel but vit-on ? Que fait-on, lorsque l’on n’a plus peur d’être seul ? Lorsque personne ne nous attend à la maison ? C’est une vie vraiment à soi, vraiment pour soi qui commence. C’est terrifiant et c’est passionnant en même temps.

Vieille fille de Marie Kock, éditions La Découverte, 19 euros.

Emma Poesy

Où es-tu monde admirable ? – Sally Rooney

Véritable analyste de sa génération, Sally Rooney frappe encore juste avec Où es-tu monde admirable ? Après le succès de Normal People et de Conversations entre amis, l’autrice a su se réinventer en faisant évoluer ses personnages au même rythme qu’elle. Fini les lycéen·es et étudiant·es, ses personnages entrent dans la vie active. Mais les crises existentielles sont toujours aussi tenaces, et le point de vue politique toujours sous-jacent. Le tout d’une écriture sobre et ironique qui n’a rien à envier à Annie Ernaux et Jane Austen.

Où es-tu, monde admirable   ? de Sally Rooney (trad. Laetitia Devaux) , éditions de l’Olivier, 384 p., 23,50€

Anaïs Dinarque

Ma théorie sur les pères et les cosmonautes – Pauline Desmurs

Le roman le plus frais et accessible cette année est sans doute Ma théorie sur les pères et les cosmonautes de Pauline Desmurs  ! On y suit le jeune garçon Noé qui fait le deuil d’une adulte importante dans sa vie. Le récit est touchant, juste, universel et parsemé de trouvailles. Comme le dit l’auteure, c’est un premier roman «  léger  »  ; mais c’est une légèreté salvatrice lorsque l’on parle de sujets aussi durs. À lire sans hésiter de 8 à 108 ans  !

Ma théorie sur les pères et les cosmonautes par Pauline Desmurs, éditions Denoël, 192 p., 17€

Théophile Laverny

Mon pauvre lapin – César Morgiewiecz

Du haut de sa vingtaine d’année, César doit traverser la crise du Covid alors qu’il est hypocondriaque. La bonne nouvelle, c’est qu’à côté de ça, il est riche. C’est comme ça qu’il se retrouve confiné dans la maison de sa grand-mère, en Californie. Il coule une existence heureuse avec les vieilles, espère un jour faire l’amour avec une fille – alors qu’il est homosexuel, mais ça il ne le sait pas encore. Dans ce récit autobiographique plein d’autodérision, César Morgiewiecz, primo-romancier, trouve sa voix, nous fait beaucoup rire, et dit quelque chose de la jeunesse d’aujourd’hui, prise entre les nombreux feux des injonctions sociétales.

Mon pauvre lapin de César Morgiewicz, éditions Gallimard, 19 euros.

Emma Poesy

Blackwater – Michael McDowell

Dans la petite ville de Perdido, tout allait bien jusqu’à ce qu’une crue inonde la ville. Avec la montée des eaux apparait Elinor, qui va bousculer l’ordre de la famille Caskey, la plus riche de la bourgade. Savant mélange entre les commérages de Desperate Housewife et l’horreur des livres de Stephen King, l’histoire de Blackwater traverse le vingtième siècle et ses problématiques. Publiée en 1983, puis oubliée, la sage a refait peau neuve aux éditions Monsieur Toussaint Louverture dans une superbe version de poche, grâce aux couvertures de Pedro Oyarbide. Un succès qui n’est que justice (posthume cependant) pour Michael McDowell qui a travaillé aux côtés de Tim Burton en tant que scénariste, pour Beetlejuice notamment.

Blackwater, en 6 tomes, de Michael Mcdowell, éditions Monsieur Toussaint Louverture, 8,40 euros

Anaïs Dinarque

Journaliste

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