Depuis le 21 octobre, la Cinémathèque française propose une formidable exposition qui croise habilement les champs du cinéma et de l’espionnage. Archives rares, scénographie inventive et extraits judicieusement choisis rythment l’évènement, à découvrir jusqu’au 21 mai 2023.
Non pas deux mais une. La saison 2022-2023 de la Cinémathèque française propose « uniquement » une exposition pour cette année, contrairement aux saisons précédentes, où il était coutume d’en proposer deux à ses visiteurs. À savoir une pour l’automne-hiver et une autre pour le printemps-été. Un peu comme en haute couture finalement. Mais cette année, il faudra juste se contenter de l’événement « Top Secret : Cinéma et Espionnage », qui se tient en tout et pour tout pendant sept mois dans le temple de la cinéphilie. Mais que les cinéphiles se rassurent, cette dernière exposition est incroyablement dense et saura ravir les appétits les plus insatiables.
« Comme l’espionnage, le cinéma est une technique qui ne cesse de s’alléger et de se sophistiquer. Lui aussi fouille dans notre intimité et colonise notre imaginaire ; lui aussi connaît nos secrets et sait devancer nos désirs pour mieux exercer son contrôle, ce fameux “contrôle de l’univers” qu’accordait Jean-Luc Godard à Alfred Hitchcock, “le seul poète maudit à rencontrer le succès”. » C’est par ces mots que Frédéric Bonnaud, le directeur général de la Cinémathèque française présente l’événement « Top Secret : Cinéma et espionnage » dans la préface du catalogue de l’exposition (disponible aux éditions Flammarion).
Depuis le 21 octobre, cinéphiles et aficionados de l’histoire de l’espionnage se rejoignent au 51 Rue de Bercy. Dès le début de l’exposition, par un savant jeu de sons et lumières, les visiteurs se retrouvent entraînés dans un univers où secrets et paranoïa cohabitent. À côté de nombreux extraits de films d’espionnage (La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck, Les Espions de Fritz Lang, la saga James Bond…), il est possible de contempler de précieuses reliques utilisées par les services de renseignement, à l’image de cet authentique détecteur de mensonges ou encore de ce florilège de gadgets utilisés par les agents en missions (un manteau réversible bien utile lors des filatures, ou encore une chaussure avec une lame cachée dans la semelle pour blesser son adversaire lors d’un combat).
Septième Art et Guerre Froide
L’un des aspects les plus intéressants de l’exposition concerne ces archives rares de la Stasi (le service de police politique, de renseignements, d’espionnage et de contre-espionnage de la RDA) que le public peut découvrir. Les photos d’agents en activité, comme autant de symboles d’un autre temps, jouxtent les authentiques perruques, postiches et moustaches qui servaient autrefois de déguisements aux espions. C’est ce qui fait certainement toute la richesse de « Top secret : Cinéma et espionnage ». Plus qu’une simple exposition de cinéma, la manifestation embrasse d’autres domaines comme l’histoire et la sociologie, en revenant à plusieurs reprises sur les nombreux enjeux diplomatiques du temps de la Guerre Froide.
Les femmes ne sont pas oubliées et deux d’entre elles sont d’ailleurs particulièrement mises à l’honneur. D’un côté, Mata Hari, la légendaire espionne originaire des Pays-Bas, dont la vie particulièrement fantasmée a souvent été représentée au cinéma. De l’autre, Hedy Lamarr, vamp hollywoodienne doublée d’une pionnière dans le secteur de l’histoire scientifique des télécommunications. Un magnifique buste représentant l’actrice est d’ailleurs exposé. Ludique, passionnante et complète, « Top Secret : Cinéma et espionnage » est une exposition à ne pas manquer !
« Top Secret : Cinéma et espionnage », jusqu’au 21 mai 2023 à la Cinémathèque française (51 Rue de Bercy, 75012 Paris).
Catalogue de l’exposition (Flammarion) disponible en librairies et sur internet au prix de 35 euros.