Une salle plongée dans le noir immerge le public dans un espace-temps indéfini. Quatre personnages nous livrent des récits court-circuités qui révèlent avec humour et fatalité craintes et excitations face aux nouvelles technologies.
Loin de la vision apocalyptique à laquelle nous devrions nous attendre, la pièce aborde ces angoisses avec dérision et dynamisme. Malgré la thématique, le spectacle donne à voir la vie humaine, incarnant, avec parfois trop de vitalité, nos questionnements.
Après une entrée innovante mais longue et superflue, le public se retrouve face à quatre marquages au sol. Ces marquages sont le terrain de jeu individuel de chacun des personnages, autour desquels gravitent leurs hologrammes. Ni nom, ni histoire : nous ignorons tout d’eux. Le trouble est alors semé dans la salle : qui sont ces personnes qui déblatèrent des paroles à toute vitesse et que nous racontent-elles vraiment ? Nous n’avons pas la réponse.
C’est sûrement dans ses dysfonctionnements et discontinuités que se trouve l’intention de la pièce : faire un spectacle à l’image de notre perception des machines, incompréhensible et assaillante d’informations. Alors, devrions-nous accepter ce spectacle au même titre que nous acceptons les cookies ?
Un patchwork énigmatique
Ces récits, comme les personnages, n’ont aucune liaison entre eux. Ils évoquent ainsi l’individualisme auquel les intelligences artificielles poussent notre société. Les transitions perdent leur fonction, elles ne lient pas les scènes entre elles et sont quelque peu banales.
Le public perd vite haleine devant un jeu artificiel composé de respirations et d’un débit de paroles exagéré. Le choix de placer le comédien au centre, au détriment de dispositifs électroniques assaillants, est appréciable autant que surprenant.
D’un retour aux origines à la récurrence de l’évocation d’un grand-père, en passant par un patron aux ambitions futuristes, les spectateurs ne savent plus où donner de la tête. Cet effet brouillon conduit certes à un trouble parfois agaçant, mais permet néanmoins de poser question et de nous emporter dans une faille spatio-temporelle complètement déjantée.
J’accepte du Groupe Merci, mis en scène en co-création avec l’écrivain Charles Robinson. Du 10 au 12 mars au théâtre de Châtillon. Durée : environ 1h17. Plus d’informations ici.