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« L’ombre de Goya » – Le mystère Goya

Le Vol des sorcières, Goya Copyright Epicentre Films
Le Vol des sorcières, Goya Copyright Epicentre Films

Peu avant sa disparition en 2021, Jean-Claude Carrière retournait une dernière fois en Espagne sur les traces du peintre Goya. Le réalisateur José Luis Lopez-Linares l’a suivi de près avec sa caméra, et rend ainsi hommage aux deux artistes.

Entre Francisco de Goya (1746-1828) et Jean-Claude Carrière (1931-2021), il y a deux siècles de différence. Le premier homme commence sa vie en Espagne, près de Saragosse, avant de mourir en France, exilé à Bordeaux. Le second est né dans l’Hérault, et s’il s’est éteint à Paris, c’est vers l’Espagne que ses pas l’ont longtemps porté.

En effet, dans les années 60, Carrière fait la rencontre de Luis Buñuel, avec lequel il a longuement travaillé en tant que scénariste (pour Belle de jour ou encore Le charme discret de la bourgeoisie). Et puis en 2006, Jean-Claude Carrière co-signe le scénario du film Les fantômes de Goya avec Miloš Forman (à qui l’on doit notamment Amadeus). Parler avec lui du peintre espagnol s’est donc imposé comme une évidence pour le réalisateur.

Copyright Epicentre Films
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Une œuvre en dédale

Après avoir décortiqué le tableau Le jardin des délices dans son documentaire Le Mystère Jérôme Bosch, José Luis Lopez-Linares s’intéresse à un autre peintre à l’œuvre étrange. Peintre à la cour, peintre de fantasmagories, peintre du peuple, témoin de la Révolution française, Goya touche à tous les sujets, alliant souvent noirceur et ironie. Le documentaire ne retrace pas en détail la vie du peintre, mais s’attache plutôt aux lieux que visite Jean-Claude Carrière.

De la maison de naissance de Goya à certaines salles du musée du Prado, on suit l’écrivain-scénariste et on écoute avec attention sa perception du peintre espagnol. C’est en effet avec force détails et anecdotes que Jean-Claude Carrière nous guide. Tel signe de doigt sur un portrait est une signature, tel visage caché au milieu d’une folle farandole, un mystère.

Seul, seul avec lui-même, avec ses secrets, obligé de trouver en lui les couleurs et le noir, comme tous les peintres. Mais aussi le bruit, voire le vacarme, et le silence. Le silence surtout, qui est la chose du monde la plus difficile à entendre. Et Goya est le maître du silence.

Jean-Claude Carrière

Si le documentaire peu avoir l’air un peu fouillis au départ, fusant dans plusieurs directions sans véritable fil directeur, c’est parce qu’il s’agit plus d’une promenade dans les souvenirs qu’une entière recension de l’art de Goya. La pensée en escalier de Jean-Claude Carrière apporte un éclairage nouveau à l’œuvre du peintre : il mêle en effet des anecdotes personnelles à sa connaissance minutieuse de Goya. Le tout appuyé par des plans sublimes des tableaux et autres gravures, qui cernent avec méticulosité les détails et la matière des œuvres.

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