CINÉMA

« L’Année du requin » : Comédie d’horreur à la française

L'Année du Requin © The Jokers Films
L'Année du Requin © The Jokers Films

Deux ans après l’excellent Teddy, les frères Boukherma nous prouvent de nouveau leur talent pour faire un film de genre français sans prétention.

Il fait beau, il fait chaud, l’ambiance est tranquille sur la plage de La Pointe. C’est le parfait moment pour que Maja Bordenave (Marina Foïs), gendarme maritime réputée pour son dévouement, parte en retraite et passe la fin de l’été auprès de son mari Thierry (Kad Merad). Mais elle ne le voit pas de cet œil-là, et lorsqu’un requin décide d’attaquer les baigneurs, elle en profite pour s’emparer de l’affaire et décaler son départ. Qui d’autre qu’elle pourrait gérer cette crise  ? Sûrement les membres de la vigie requin, venus spécialement de la Réunion… Mais aidée d’Eugénie (Christine Gautier) et de Blaise (Jean-Pascal Zadi), elle fera tout pour mettre l’animal hors d’état de nuire.

C’est la kiffance…

Avec Teddy, Ludovic et Zoran Boukherma avaient prouvé leur habileté à s’approprier le genre du fantastique, notamment grâce à leur mise en scène décalée. Dans L’Année du Requin, nous retrouvons les focales perturbantes, les plongées remarquables et les couleurs éblouissantes qui donnent à l’ambiance du film un aspect de bande-dessinée. Cette idée se retrouve avec la mise en scène de personnages reconnaissables par leurs quelques caractéristiques comiques.

Sans avoir la prétention (ni les moyens) d’un long-métrage hollywoodien, L’Année du requin est bien le premier film de requin français. Le duo de réalisateur s’en amuse et par conséquent mélange les comédiens amateurs et les acteurs professionnels, donnant à l’instar de leur premier film, un accent prononcé à certains personnages.

Le parallèle avec Les Dents de la mer, le film de Spielberg, était inévitable. Les frères en ont parfaitement conscience et s’amusent à placer une ou deux références dans leur long-métrage. Pourtant, ils arrivent parfaitement à garder leur style et la volonté d’être sans artifice. L’Année du requin est divertissant et semble s’amuser à nous présenter tour à tour les running gags qui parsèment l’intrigue.

L’Année du Requin © The Jokers Films

… ou presque !

Ce film avait beaucoup de potentiel et, bien qu’il dégage de la bonne humeur, qu’il nous arrache quelques sourires et qu’il reste récréatif, il ne répond pas à notre attente pour deux principales raisons.

 La première est que le genre n’est pas spécifiquement arrêté. Le problème de L’Année du requin est l’utilisation des différents codes sans détournement. Nous ne savons plus si nous regardons une comédie, un récit d’aventure ou simplement le jeu interne d’un personnage qui souhaite faire un dernier acte de bravoure avant son départ à la retraite. Par conséquent, sans radicalement délimiter leur(s) terrain(s) de jeu, le duo de réalisateurs nous filme des personnages irréguliers. Ils deviennent presque fades, en raison de cette hésitation entre être purement comiques ou délibérément plus approfondis, ce qui nous empêchent de nous attacher à eux dans les moments critiques.

La deuxième raison est l’utilisation des running gags souvent mal gérés. La musique de Naps La Kiffance est présente très régulièrement au début du film, mais est complètement abandonnée dans la deuxième partie. Le jeu entre le gérant de l’Aquapark et son collègue n’a aucune chute valable et empêche ainsi tout effet comique. Ces petits détails qui n’aboutissent pas à des réels résultats n’ont donc malheureusement aucun intérêt et au lieu d’apporter au film, ils le desservent.

Un film qui laisse sur sa faim

La fin du film nous laisse un goût amer. Nous avons la sensation qu’il manque quelque chose qui nous permettrait de comprendre certains choix de mise en film. Les Frères Boukherma nous avaient prouvé leurs talents avec Teddy, et leur manière de filmer, de mettre en scène, d’imaginer laissent à penser qu’ils n’ont pas présenté dans L’Année du Requin toutes leurs capacités. Ce film est divertissant et appréciable, malgré les quelques défauts qui le rendent inégal.

You may also like

More in CINÉMA