Avec beaucoup de force et d’humour, Hanane Hajj Ali raconte et incarne, à sa manière, les différentes facettes de Médée.
Dans une performance sans artifice, la comédienne dévoile son humour, ses préoccupations et son militantisme partant d’un jogging quotidien dans Beyrouth. Le personnage de Médée, beaucoup repris sur les scènes de théâtre, lui est apparu comme une évidence, ayant déjà pensé à donner la mort à son enfant pour abréger ses souffrances. A travers cette figure mythique, Hanane donne la parole à d’autres femmes du monde arabe pour défier tous stéréotypes et préjugés les concernant.
Une performance authentique
Avec vitalité, la comédienne se meut sur scène et s’accapare l’espace comme les spectateurs. Son sourire malicieux et ses yeux pétillants captivent le public autant que ses interventions comiques surprenantes. A la fois puissante, érotique et ensorcelée, Hanane interprète avec sincérité les personnes qu’elle représente. Ses expressions faciales intenses et marquées intensifient l’interprétation offerte au public. Cela résulte sûrement du fait qu’elle s’identifie aux histoires de ces différentes figures. Des existences, qui, une fois partagées, acquièrent un certain pouvoir de remise en question politique des spectateurs.
On prend le temps de vivre et de partager ce moment, alternant des scènes de tumulte avec des séquences de partage baignées dans la lenteur du moment présent. Par de simples accessoires, elle offre des images poignantes appuyant la narration. Le spectacle est en majeur partie en libanais, la langue de la comédienne. Probablement faute aux surtitres, l’immersion dans les différentes histoires peut s’avérer complexe.
Toutefois, il est difficile de ne pas tomber en admiration face à la bravoure de l’artiste qui met KO les forces oppressives avec dérision et robustesse.