LITTÉRATURE

« Trou Noir » – Caressez-vous !

Trou noir est une revue mensuelle qui publie son premier numéro en format papier. Ce livre collectif fait du désir le point brûlant d’une politique incarnée et relationnelle.

Trou noir c’est d’abord un site internet. Ce lieu questionne ce que serait un « avenir désirable » et l’imbrication de nos expériences sexuelles, intellectuelles et politiques. La « dissidence sexuelle » est le cœur battant de leur projet. Montrer que la sexualité peut encore faire trembler les normes et les subvertir. Dans ce premier numéro, plusieurs textes sont proposés par Tati-Gabrielle, Olivier Cheval, Tim Madesclaire, Melle Durex et Melle Latex, Mickaël Tempête et Quentin Dubois. 

TROU NOIR est une aventure éditoriale faisant le pari que les débats et réflexions actuelles sur le genre et la sexualité ne sont pas des questions subsidiaires ni partielles dans la lutte générale contre le capitalisme. 

Faire mauvais genre

Tati-Gabrielle, Olivier Cheval, Tim Madesclaire consacrent leur écriture à une figure gay et mauvais genre. On retrouve donc des textes sur Guillaume Dustan et Renaud Camus. Écrivain, énarque, ancien juge administratif et séropositif, Guillaume Dustan est connu pour ses écrits crus, ses récits d’aventures sexuelles et ses court-métrages. Un trou de souris d’Olivier Cheval questionne le libéralisme et l’individualisme radical de Dustan tant dans sa vie sexuelle que dans ses choix. Dustan écrivain de l’espoir de Tim Madesclaire, un de ses proches, voit dans les mots de Dustan le portrait du « marais gay » des années 1990. 

Tati-Gabrielle s’attaque à la figure paradoxale de Renaud Camus : militant homosexuel, homme fasciste et profondément raciste. Auteur de Trick (1979), un manifeste littéraire luttant pour un Nouveau Monde Homosexuel, il a aussi écrit Grand Remplacement qui théorise la possibilité d’un parti d’extrême-droit qui ferait de l’Islam la cause de tous les maux de la France.

Melle Durex et Melle Latex raconte le procès théâtral d’une agression transphobe. Avec un point de vue désolé et parsemé d’humour noir, ce texte dénonce l’ignorance de la justice mais aussi celle de l’avocate de la plaignante qui tente de défendre la victime en reproduisant, elle-même dans sa plaidoirie, les biais qui sont reprochés aux agresseurs.

« Rien n’est plus étrange que l’hétérosexualité »

Nous ne sommes pas des questions minoritaires ! Le genre, la sexualité, la procréation, la jouissance est le centre de nos vies à toutes et à tous. Pour un communisme gay appelle à défendre un « universalisme » homosexuel. Cet universalisme doit lutter contre une politique de tolérance des homosexuel.les, considéré.es comme groupe minoritaire, pour révolutionner nos représentations.

Le premier pas consiste à nous demander si ce n’est pas l’hétérosexualité comme norme qui est étrange en ce qu’elle n’a rien d’évident en soi. Aussi, ce communisme gay nous invite à penser le désir homosexuel non pas comme un « particularisme » mais comme un « universalisme » qui s’ignore. Cessons de refouler nos attirances. Observons-les. Aventurons nous.

« Les vrais révolutionnaires, cessant d’être des politiciens, seront des amants » écrit à son tour Mario Meli.

Trou noir est un lieu qui propose de réfléchir à la sexualité, au genre, à l’homosexualité, à la lutte et à la littérature. Alors, guettez leurs publications et faîtes-vous votre propre avis !

Leur site internet : ICI

Trou Noir #1 – Voyage dans la dissidence sexuelle, ouvrage collectif, Editions La Tempête, 10euros.

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