Le 20 mai dernier Pi Ja Ma sortait son album tout doux Seule sous ma frange. Nous l’avions rencontré à cette occasion pour parler Instagram, cheveux et passions musicales. Accompagnée de son petit chien aussi mignon que l’aura de l’artiste, laissez vous transporter dans cette conversation estivale.
Ton album est sorti le 20 mai. C’est une belle date je trouve, avec un chiffre rond.
Je sors un livre aussi le même jour, donc c’est une grosse date pour ma semaine là.
Comment tu fais pour sortir deux projets totalement différents le même jour ?
J’ai un peu peur du jour même et en même temps en général, tu te fais tout un truc du jour de sortie mais c’est plus avant et après qui sont importants et là cette semaine, j’ai une grosse semaine avec plein de rendez-vous. En plus, je dois me caler sur le planning de Pomme qui elle aussi prépare son album qui sortira en août. On est copine et donc on s’arrange, mais c’est vrai que c’est intense parce que ça fait beaucoup de sujets en même temps et mon album est archi intime et le livre, j’ai plus illustré l’histoire de Claire.
C’est très différent mais je crois que j’aime bien ne pas être tout le temps focus sur un truc et avoir des activités diverses comme ça, dès que tu en as marre d’un projet, tu peux switcher sur l’autre. Il faut juste faire attention à ne pas en avoir plus de deux en même temps parce que là ça commence à devenir compliqué, mais ça c’est ma spécialité aussi dans la vie. J’essaie de gérer la fatigue surtout mais sinon ce sont de trop bonnes émotions. Tout le monde est trop excité, a trop hâte, il fait beau, c’est un peu la meilleure période de l’année. C’est un peu le seul moment où je suis contente d’habiter à Paris. C’est la fête tout le temps, tu peux te poser dans des parcs et rien faire de ta journée.
Tu as donc ton projet à toi et le projet que tu partages avec Pomme.
Oui, c’est une histoire qu’elle a inventé mais qu’on a pas mal élaboré ensemble et donc je pense que je pourrais en parler, mais plus du côté illustration et imagination genre comment j’ai imaginé les personnages. Mais c’est vrai que pour le coup mon album, c’est assez fou parce que j’ai commencé les interviews et je ne savais pas trop ce que j’allais dire dessus et en fait c’est juste ma vie dans un album.
C’est un peu bizarre parce que les journalistes me posent des questions super personnelles mais en fait moi je m’en fous, j’aime bien. Je trouve ça fou comme les gens qui ont écouté l’album connaissent un peu tout de moi d’un coup, c’est genre super immédiat. Donc les interviews en général sont un peu plus intenses que pour le livre. J’aime bien tout ce qui est conversation intense moi donc ça me va.
C’est comme si tu donnais au monde ton journal intime.
Ouais, sans trop de détail et avec un peu de fiction pour pas que ce soit trop gênant non plus.
Ton intimité, tu as un peu l’habitude de la partager avec tout le monde, par exemple sur Instagram. Tu partages avec ta communauté, pourquoi en as-tu besoin ?
De base, je parlais pas tellement face caméra et en fait la première fois que je l’ai fait, il y a eu beaucoup de réactions, de rires et de partage. Je me suis dit « mais en fait c’est pas parce que c’est internet qu’il ne faut pas être comme dans la vraie vie ». C’est un truc que j’adore, rencontrer quelqu’un et raconter tout ce que j’ai envie de dire sans aucun filtre.
Sur Instagram, il y a quand même ce truc que tout le monde critique, le fake, le « tu montres juste que ta vie est super » et moi j’aime partager ce que je fais dans la journée. Plus encore quand c’est drôle et quand c’est joli mais j’aime aussi parler de crise d’angoisse, de dépression et de mauvais trucs qui me sont arrivés. Que ce soit dans l’industrie de la musique ou dans la rue. Ce n’est pas vraiment du journal intime mais plus du journal de bord. Moi on m’a déjà dit « quand je rentre chez moi, je mets tes stories et ça me remplace Netflix ». C’est trop marrant, même si je suis un humain, il y a un truc de divertissement là-dedans.
Il faut faire gaffe à sa vie privée mais je ne vais jamais montrer que je sors avec une personne ou trop de trucs sur ma famille. C’est juste moi, j’en ai rien à faire qu’on me voit en culotte, qu’on voit mon appart en désordre. J’ai même envie de cultiver ce truc là, naturel, spontané. Dès que je commence à prévoir par exemple pour le 20, je dois poster ça, en fait ça me saoule. Du coup : improvisation totale !
As-tu déjà pensé à faire des vlogs ou autres ?
Bah je l’ai fait mais en fait, je racontais dès que j’avais une semaine un peu fat où il allait se passer plein de trucs. Je me suis même acheté une caméra et tout et je filmais, mais je le mets plus sur Youtube parce qu’ il y a moins de monde et ça me fait moins peur, ça tourne autour de 3000 vues alors que sur Instagram si je mets mon truc et qu’il y a genre 20 000 vues, ça va m’angoisser un peu.
Mais c’est vrai que j’aime bien ce format et pareil à chaque fois, je me dis que c’est un peu bizarre de raconter sa vie comme ça et en même temps, il y a des gens qui regardent et moi je regarde énormément de vlogs sur Youtube. Un peu moins en ce moment mais genre de mes 18 ans à mes 24 ans, je regardais tous les jours des vlogs et ça me rassurait vachement de voir d’autres filles qui avaient la même vie que moi, qui faisaient de l’illustration ou de la musique et de voir un peu comment elles organisent leur quotidien.
Parce que lorsque tu sors de l’école et que tu dis ok maintenant je vais être artiste, c’est hyper flippant. Je me lève à quelle heure, je mange quoi, je fais quoi, je parle à qui, je vais où ? Je pense que j’ai mis deux ans à aimer ce rythme là, et après une fois que j’ai aimé, j’avais aussi envie de le partager aux autres. Ma vie est fun globalement et donc j’ai envie de montrer ce qu’est mon quotidien. Après je me dis sûrement qu’il y a un âge où ça va me saouler.
Internet a une grosse importance pour toi, dans ta vie de tous les jours, même pour partager ton travail ?
Sans internet, j’aurais pas fait les trois quarts de ce que j’ai fait aujourd’hui, c’est-à-dire que la plupart des gens que j’ai rencontré c’est grâce à Instagram. Je dis internet mais c’est quasiment que Instagram.
Enfin, quand j’étais plus jeune, je ne savais pas trop ce que je voulais faire et j’avais pas trop confiance en ce que je faisais et ça m’arrivait de poster un truc et qu’un mec genre archi connu me disait qu’il aimait bien ce que je faisais et me demande de collaborer ensemble. J’ai déjà fait des duos à distance mais je ne les ai jamais rencontrés, juste par internet. Il y a une mise en contact archi facile et notamment quand tu arrives à accéder à cette pastille bleue certifiée, les gens te répondent 10 fois plus. Avant, quand tu créais un truc, il te fallait forcément une plateforme, une maison d’édition ou un label et là tu peux faire une chanson dans ta chambre. Tu la postes et tu sais jamais sur qui ça va tomber surtout maintenant avec notamment les TikTok. Parfois tu fais un TikTok et d’un coup tu as 3000 vues et souvent c’est ton pire TikTok que t’as fait en une seconde.
Mine de rien, ça bouffe pas mal de temps. Je me suis mise une limite de 1h30 par jour et en fait, je l’explose tous les jours, c’est impossible. Je me dis que ça m’apporte quand même beaucoup de choses. Le seul truc qu’il faut que je fasse c’est me réguler et ne pas trop regarder toute la journée ce que font les autres. En fait, plus je vois les gens faire des choses, plus j’ai envie d’en faire. Ça m’arrive de plus avoir de batterie et d’un coup de me dire putain, j’ai dû recevoir trop de messages, j’ai pas posté ça et ça crée des angoisses. Tu te dis mais en fait si j’avais pas Instagram, je serais beaucoup plus chill dans ma vie. Mais en même temps quand tu fais de l’art, tu es obligé sinon c’est quasiment impossible de ne pas être sur les réseaux sociaux,
Ça devient un outil de promotion ultra important.
Oui et en plus tu construis des choses parce que moi ça doit faire cinq, six ans que je suis super active dessus et la communauté grandit et là il y a presque 30 000 personnes et du coup je n’ai pas envie d’arrêter. Là dedans il y a des gens qui n’ont rien à faire de ce que tu fais mais il y a des gens qui sont là depuis presque 10 ans et qui suivent tout et qui connaissent tout et c’est hyper encourageant. Notamment pendant les confinements, on était tous à l’arrêt et moi je postais des trucs et les gens me disaient de continuer. C’est un peu comme ton patron quoi.
Comment en es-tu venu à la musique ?
J’ai vraiment le parcours improbable, c’est-à-dire que j’ai commencé à chanter quand j’avais 16 ans. Avant ça j’adorais la musique, j’adorais danser, écouter de la musique mais je n’avais jamais chanté et un jour j’ai chanté dans la rue avec une copine pour gagner de l’argent, on s’est rendu compte que ça marchait bien. J’ai des amis qui m’ont inscrite en secret à la Nouvelle Star et j’ai fini troisième de l’émission alors que c’était ma première scène donc improbable.
Suite à ça, j’ai rencontré des gens. J’ai rencontré pas mal de musiciens et je me disais que ça avait l’air cool mais j’avais un gros syndrome de l’imposteur. J’avais pas du tout envie de composer ou d’écrire, j’avais juste envie de chanter. J’ai repris mes études d’illustration à la sortie de la Nouvelle Star en 2014-2015. J’ai fait une reprise avec mon copain de l’époque qui lui avait gagné l’émission et était à fond dans la musique. Un gars est tombé sur cette reprise, m’a envoyé un mail et m’a dit « j’adore ta reprise est-ce que tu voudrais chanter mes chansons ? » Je me suis dit « parfait, j’ai rien à faire » donc on s’est rencontré. On s’est trop bien entendus, on a trop rigolé et maintenant ça fait genre 8 ans qu’on bosse ensemble. On a ensuite créé tout le projet Pi Ja Ma. Il s’appelle Axel Concato, et malgré le fait qu’on avait des vies super différentes, on a bossé ensemble et ça a trop bien marché.
Au fur et à mesure je lui ai dit que j’avais envie de composer, d’écrire et il m’a dit ok, on a arrangé ça ensemble ou alors on a composé aussi un peu ensemble. C’était vraiment moitié-moitié, c’était un mélange de plein de choses. C’est pour ça qu’il est aussi dans tous les sens, mais moi c’est exactement le genre d’album que j’aime écouter. J’aime bien quand c’est un peu les montagnes russes, on a croisé un peu tous nos talents et on s’est bien marré, on l’a fait assez rapidement. Après avec le covid ça met mille ans à sortir donc là c’est un peu irréaliste que ça sorte, j’y crois pas trop.
C’est un album qui te ressemble et un projet quand même intime !
Je ne sais pas comment j’aurais pu faire un truc qui ne me ressemblait pas parce qu’il y a plein d’inspirations croisées, j’ai pu vraiment m’amuser sur tout ce qui était visuel, les clips, j’ai bossé qu’avec des amis. J’ai l’impression que personne ne m’a dit vraiment quoi faire, dans la façon de parler, dans la façon de m’exprimer, dans la façon de prendre la parole sur les réseaux sociaux, dans ma façon de créer mes images.
Je suis vraiment resté en totale liberté et c’est aussi un peu impressionnant parce que ça veut dire que si c’est raté c’est vraiment ma faute. Je l’adore et là, il commence à être un peu vieux, il y a des chansons qui ont presque deux ans à trois ans. Je les aime toujours autant et le texte, je le trouve toujours autant actuel avec mes névroses. C’est toujours aussi présent et donc je me dit c’est parfait parce que lorsqu’il va sortir, je vais l’assumer et j’ai trop hâte de faire écouter les chansons aux gens. Par contre, là, je suis vidé, je ne vois pas trop comment faire un troisième album mais je pense que c’est normal.
Deux ans c’est beaucoup, il faut du temps pour créer des chansons c’est quelque chose qui sort de toi.
C’est ça et mine de rien, je découvre encore vachement comment faire de la musique. Tous les jours, je découvre un nouvel instrument. Tu peux écrire en français, tu peux écrire en anglais. Tu peux mettre trois refrains et tu peux en mettre un, tu peux ne pas en mettre du tout. J’ai hâte d’avoir plein de temps pour expérimenter des trucs et aussi en ce moment, j’écoute plein de projets qui sortent et plein de meufs trop inspirantes et je me dis que je vais avoir plein de nouvelles idées et plein de nouvelles directions dans lesquelles je vais avoir envie d’aller.
Tu parlais de l’écriture en français et en anglais. Tu passes de l’un à l’autre dans ton album. C’était une manière d’expérimenter ou quelque chose de naturel ?
Au début, mélanger les deux langues, ça me faisait un peu peur parce que j’avais peur que ça soit un peu ringard et en fait vraiment ça me venait naturellement. J’ai l’impression que l’anglais, est souvent plus lié aux mélodies. Quand je chante en anglais, il y a un truc beaucoup plus ouvert où tu peux plus gueuler, tu peux plus faire des vibes qu’en français, j’ai encore un peu de mal. Après le but, c’est quand même de réussir à éclater un peu tous les a priori et les clichés sur les langues. J’ai envie de chanter en italien, en espagnol et ça change tellement ta façon de chanter.
En français par exemple, j’ai envie de dire des trucs plus absurdes alors qu’en anglais je peux dire des trucs plus premier degré. C’est trop cool de ne pas forcément faire de choix, de ne pas savoir quelle époque t’as inspiré, quelle langue t’as inspiré, quel chanteur, quelle chanteuse. C’est vrai que ça faisait longtemps que j’avais envie de chanter en français et je me suis dit que c’était trop con si je faisais juste un album en français alors que j’adore en chanter en anglais. Rien n’empêche, et les seules personnes qui ont entendu les chansons en concert n’étaient pas du tout désorientées. Beaucoup de gens de toute façon me demandaient quand est-ce que j’allais chanter en français.
Oui forcément quand tu es une artiste française et que tu chantes en anglais…
Il y a une grande incompréhension.
C’est pas toujours facile de chanter en français et de se livrer un petit peu plus que lorsque tu chantes en anglais où il y a une espèce de barrière.
Oui un bouclier. Mais en fait, j’aime vraiment ça et depuis petite j’écoute vraiment beaucoup de musique en français et je me rends compte qu’il y a plein de façons de chanter en français que ce soit plutôt style Jacques Brel ou plutôt style Philippe Katerine ou plutôt style Flavien Berger ou plutôt style Juliette Armanet. Enfin maintenant, tu as plein de modèles par rapport à avant où dans les années 2010 c’était moins la mode quoi,
Avant on pouvait penser que c’était ringard.
C’était très parent France Inter. Alors que là, même dans la techno tu as du français, je trouve ça trop bien parce que ça donne un espèce de champ des possibles infini. J’ai hâte de traverser le champ des possibles, une fois que j’aurai dormi bien sûr et bu de l’eau.
Tu as fait une chanson avec ton papa, peux-tu me raconter cette belle histoire ?
Je l’ai invité à chanter sur cette chanson où je pose plein de questions et j’avais envie que quelqu’un me réponde de façon un peu rassurante mais aussi un peu absurde. Je me suis dit que mon père, ça pouvait être bien parce que ça fait deux ans qu’on a un rendez-vous hebdomadaire où on déjeune près de son travail à Montreuil. Souvent, on a des conversations archi philosophiques et moi je lui pose plein de questions parce que je n’ai pas grandi avec lui. J’ai grandi avec ma mère et je lui demande son rapport au mariage, aux enfants, aux relations, à son travail, à sa vie, à ses rêves.
Ce sont de grosses conversations et je me suis dit que ça serait trop drôle de le faire chanter. Je ne savais pas du tout comment il chantait, je ne l’avais jamais entendu. Ça se trouve ça va être la cata et en fait il est arrivé au studio et on lui a demandé d’essayer, de faire des trucs aiguës, graves et il a trop joué le jeu. On a vachement aimé ce qu’il a fait. Je crois que j’aime bien ce côté, où, d’habitude, quand tu n’es pas très connu, tu fais un featuring avec quelqu’un de connu pour te faire connaître un peu et là j’ai pris mon père. Ça me fait rire parce que c’est vraiment pas du tout un mec du show business quoi.
Il est venu pour te faire plaisir et puis pour passer un moment avec toi.
Il me dit tout le temps que c’est un très beau cadeau. Ça lui a fait trop plaisir et du coup moi ça me fait encore plus plaisir parce qu’on a fait une belle chanson et en même temps, on a trop rigolé et puis lui maintenant il va au bureau et il dit que c’est un chanteur.
Comment définirais-tu le mood de ton album ?
Alors, je n’ai jamais fait ça mais je dirais qu’il y a vraiment deux faces. Il y a une face que moi je vois plus rose et une phase que je vois plus bleue. En gros, une face rose bonbon, je dirais et l’autre face un peu mélancolique. C’est dur à définir mais il y a vraiment ce côté-là hyper paradoxal. La dualité entre un côté hyper dansant, amoureux et l’autre côté, hyper mélancolique voire dépressif. C’est vraiment deux faces qui cohabitent et ça me représente. C’est genre être complètement surexcité puis être complètement déprimé une heure après.
C’est ton côté solaire et ton côté un peu plus lunaire.
Voilà, c’est la dualité constante mais je crois que c’est une idée qui s’est dessinée un peu toute seule. Quand j’ai dû ranger les chansons par ordre.
Le titre de ton album est en rapport avec ta frange, pourquoi as-tu choisi Seule sous ma frange ?
J’aimais bien le côté un peu absurde, c’est une parole de chanson à la base qui m’est venue hyper instinctivement dans la chanson « Seule sous ma frange ». En fait cet album, il parle énormément du fait d’être seul et d’aimer être seul. À la fois aimer être en couple mais à la fois détester être en couple. Je me disais c’est trop important qu’il y ait le mot « seul » dans le titre. Après Seule sous ma frange, j’aimais le côté un petit peu onirique absurde comme si tu habitais dans ta tête et que ta frange, c’est ton toit.
Mon rapport à la frange est drôle parce que ça fait 15 ans que j’ai une frange. Quand j’étais jeune, genre ado j’étais archi fan de toutes les chanteuses et les chanteurs des années 60. Mon rêve, c’était de ressembler à la petite amie de Jim Morrison et à Jane Birkin et genre j’étais obsédée par cette esthétique là. La première fois que j’ai eu ma frange, je me suis sentie trop stylée quoi et depuis je ne l’ai jamais enlevé et à chaque fois que j’enlève ma frange, je suis trop mal. Je suis bouclée et donc quand ma frange boucle trop, elle disparaît un peu de mon front et ça me fait passer une mauvaise journée.
Il y a un truc à la base qui est vachement lié au fait que je suis fan des années 60 et que dans les années 60-70 toutes les meufs avaient des franges et après ça a évolué. Je pense que c’est une manière aussi de détourner un peu l’attention de ton visage et de te cacher. C’est vrai que c’est pour ça que j’adore avoir des cheveux et que j’ai eu les cheveux très courts et au bout d’un moment, ça m’a saoulé mais je n’ai jamais eu pas de frange. Même avec les cheveux courts, j’avais une sorte de casque. Mais c’est vrai qu’il y a beaucoup de chanteuses à frange maintenant. C’est une addiction, les cheveux, j’adore. Il y a des gens qui s’en foutent mais moi quand un.e pote me dit qu’iel va changer de coupe, je suis trop surexcité. J’ai des Pinterest avec des styles de cheveux que j’aime et si je pouvais changer tous les mois, je le ferai mais après ils seraient dézingués les pauvres…
Après peut-être que les perruques sont la solution !
Ah mais j’ai des extensions, par contre, j’ai triché ! Quand j’ai découvert ça, mais laisse tomber, c’est une infinité de possibilités.
En tant que spectatrice, quel est le concert qui t’a le plus marqué ?
Alors, je dirais qu’il y en a deux récemment. Il y a le concert de Patti Smith où en fait j’étais vraiment choquée de la voir pour de vrai. J’aime plus ses livres que sa musique en réalité mais elle a fait une reprise d’Elvis qui était « Can’t help falling in love with you ». J’étais avec ma cousine à qui j’avais offert la place, c’était l’été, c’était trop étrange comme moment. J’ai pleuré alors que je ne pleure jamais à des concerts. Bon après, je suis allée aussi voir les Lemon Twigs il y a deux ans et je suis archi fan donc j’ai adoré.
Un qui m’a vraiment surpris et où je ne connaissais pas le gars – c’est Pomme qui m’y avait emmené – c’était Hubert Lenoir qui était passé à la Boule Noire et vraiment il m’avait fasciné. Le mec se jetait dans le public toutes les deux minutes, il chantait trop bien. Il y a un vieux saxophoniste sur scène, une choriste qui tapait à fond sur son tambourin, elle n’avait pas de soutif et tout et j’étais là « waouh, ils sont trop badass ». Je crois que j’adore les concerts un peu rock et je crois que c’est mon rêve de faire de la musique beaucoup plus rock et beaucoup plus brute, beaucoup moins maîtriser mon chant. C’est des concerts en général où je suis fan et mon rêve, c’est d’être dans leur groupe. Bonnie Banane, je l’avais vu à l’église Saint-Eustache et je suis archi fan aussi. Elle regardait en l’air d’un coup et tout le monde regardait en l’air mais il n’y avait rien.
L’église Saint Eustache est magnifique.
J’aimerais bien y aller tous les ans et y jouer accessoirement une fois !
Je pense que ça doit être aussi une expérience d’être là comme artiste. En parlant de tes lives, est-ce que tu les voudrais un plus rock que ton album, complètement différent de ce que tu as fait en studio ou dans la continuité de ce que tu as produit ?
Je pense un mélange des deux parce qu’en fait avec Axel, on a bossé chez lui en Normandie, il y a deux jours on a commencé à bosser pour les promos, voir un peu ce qu’on allait faire avec les morceaux et en fait le plus important pour nous, c’est que ce soit beau et que ce soit drôle. On ne peut pas s’empêcher de rire et de faire des blagues et pour moi, il faut vraiment qu’il y ait des moments genre hyper dansants, des moments hyper improvisés. J’adore enlever mes chaussures, craquer mon pantalon, jeter des trucs dans le public. La part d’improvisation et de n’importe quoi, il faut qu’elle soit là.
Après j’ai aussi envie d’un moment super minimaliste, guitare-voix, ambiance feu de camp où limite on va se mettre dans le public. J’ai envie que ce soit le moins traditionnel possible et le plus improvisé. Parce que t’as des scènes archi rock qui sentent la bière et la clope et t’as des scènes super belles avec des sièges en velours. Il faut adapter ton concert sinon tu peux te taper des grosses gênes mais je pense que ça va se faire assez naturellement. J’aime bien être dans la débrouille et ne pas avoir vraiment de scéno et fabriquer des trucs. Je vais faire plein de petites magouilles comme ça à droite à gauche. J’ai aussi prévu, pour ma release party, d’amener une carotte et de la faire gagner à quelqu’un et j’adore cette idée. Je ne sais pas pourquoi.
Donc le DIY pour toi, est un peu au cœur de ta vie ?
Oui, c’est marrant quand j’ai commencé à faire de la musique, on me sortait tout le temps ça et c’est grave ça en fait. C’est que des trucs de débrouille et de bricolage. Mais en fait c’est vraiment de la pure flemme à la base, je veux faire un projet mais j’ai trop la flemme. Donc je vais trouver les moyens d’arriver le plus vite à mes fins. J’avais un prof qui m’avait dit « tu es une grosse flemmarde, mais tes projets sont bien parce qu’en fait tu te débrouilles pour faire le moins d’effort possible et à la fin c’est quand même cool ».
Après c’est quand même bien de s’associer avec des gens qui sont perfectionnistes et patients genre Axel, parce que sinon moi, je ferais que des albums avec les chansons qui font une minute et la cover en 5 secondes. Je pense que j’ai tellement envie de faire de choses dans ma vie, je suis tellement pressée. Enfin là le livre, j’ai passé six mois dessus et j’ai trouvé ça trop à la fin. Je me disais là c’est bon c’est fini mais après j’en suis trop fière et j’aime trop.
Ce sont des trucs que tu gardes toute la vie mais c’est vrai que j’ai un truc un peu urgent et du coup c’est ça qui fait que c’est un peu de l’art brut et un peu sale parfois. J’aime cette esthétique, dès que je vois un dessin fait par un enfant de 4 ans, je suis fan et je me dis que moi aussi j’ai le droit. J’ai 25 ans, c’est autorisé franchement. Moi j’adore faire des ateliers avec des enfants et souvent il y a des parents, des gens de nos âges qui n’osent pas. Au contraire, si ! Défonce la feuille, on s’en fout c’est trop bien on peut faire ce qu’on veut !
C’est un peu cathartique aussi d’une manière.
Oui et puis le dessin pour le coup, c’est le seul truc où tu peux vraiment faire de la merde et ça peut être beau, la musique, c’est un peu plus galère quoi.
Ça peut devenir un peu expérimental quoi.
Même ça, tu peux découvrir qu’en fait c’est ce que tu as envie de faire. Moi, c’était ça qui me stressait dans le fait de faire de la musique, c’est que je n’arrivais pas à faire de la musique comme les autres et je me suis dit que je pouvais faire ma propre musique et quand je l’ai montré à mes amis il m’ont dit que c’était cool. Là je me suis dit allez c’est validé, ça part en prod ! Et c’est bien parti en un Seule sous ma frange…
Est-ce que tu as des découvertes musicales que tu aimerais partager ?
J’en ai trop ! Alors un morceau que j’ai écouté sur mon vélo L’amour joue au violon de Jeannette, est incroyable. Aussi obsession Les oignons de HSRS (Bonnie Banane et Émile Parisien). Ce qui est trop drôle, c’est que j’étais en studio avec Voyou pour enregistrer des chœurs sur son album et la meuf qui a créé cette chanson est rentrée dans le studio et elle m’a dit « on se connaît ? » et j’ai dit « bah moi je suis fan de toi » et elle m’a dit « mais non, on s’est rencontré, il y a genre six ans » et là j’ai capté que je la connaissais enfin trop bizarre. Bref et la dernière DA de Shay. J’écoute que ça. Voilà, je dirais que ce sont les trois morceaux un peu obsession.