La création du collectif (LA)HORDE, Roommates, est un ensemble de plusieurs tableaux de danse contemporaine qui mettent le désir au centre. Le spectacle présente six pièces chorégraphiées, à l’espace Cardin du Théâtre de la ville de Paris.
(LA)HORDE est un collectif composé de Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel qui dirigent, depuis 2019, le Ballet national de Marseille. Ils proposent avec Roommates un enchaînement chorégraphique de plusieurs pièces qu’ils disent avoir pensé comme on pense ensemble les différentes œuvres d’une exposition collective ou comme cohabitent les membres d’une même colocation.
Nous avons imaginé ce programme pour raconter avec d’autres une histoire qui nous ressemble et pour célébrer les écritures plurielles de chorégraphes qui ont formé notre regard, nous ont donné nos premières émotions et nous accompagnent encore aujourd’hui.
(LA)HORDE – Marine Brutti, Jonathan Debrouwer, Arthur Harel
Les danseurs et danseuses interprètent six pièces courtes et dansées. Présentées selon une logique d’’association libre, elles laissent libre court à l’interprétation des spectateurs et spectatrices. Ce programme alterne entre reprises de chorégraphies existantes et créations inédites et nous propose un aperçu singulier de la danse et de sa création contemporaine. Le désir fait loi : le corps, les corps, s’attirent et entretiennent des rapports charnels et cruels.
Embrassez qui vous voudrez !
Le spectacle s’ouvre sur la pièce Grime Ballet, chorégraphiée par Cecilia Bengolea et Francois Chaignaud. Elle aborde la possibilité d’une communication dansée qui se passerait de mots. Six danseurs et danseuses, monté.es sur pointes, performent dans des justaucorps magnifiques (des tissus en zigzag gris et bleu, un rouge zippé, un en velours violet). Le spectacle commence fort. Une seule idée en tête : l’envie de les rejoindre pour danser sur scène, en rythme, avec eux.
Puis, Weather is sweet, questionne, frontalement, le thème du désir et de la sexualité. Les corps sont pulsions. Les figures s’érotisent. Le mouvement est guidé selon la logique du désir : attraction, répulsion.
Soudain, la scène se recouvre d’un brouillard épais. Franck Chartier met en scène, Oiwa, une création qui emprunte à l’histoire légendaire japonaise du même nom qui raconte le mariage malheureux d’Oiwa avec un samouraï. L’atmosphère est irréelle. Les repères spatio-temporels se troublent. Deux couples dansent dans une scène embrumée en prenant des poses de la statuaire antique. Les corps apparaissent, disparaissent, prennent une forme fantomatique.
La fresque dévoile ensuite une pièce créée il y a trente ans par Lucinda Childs. Concerto donne à voir son art de la danse répétitive. Les êtres sont tous.tes vêtu.es de noir. Ils construisent, par la répétition d’un motif en mouvement, un espace. Le même motif est repris, accéléré, déplacé dans l’espace. Le même devient autre par de minimes variations. Les gestes sont précis et menus. Les mouvements simples et sans narration.
Puis, deux danseurs, torses nus entrent dans un corps à corps très émouvant. Les Indomptés, pièce de Claude Brumachon et Benjamin Lamarche, montre des êtres fragiles, maladroits, tout en tension qui s’accompagnent, malgré tout.
Le spectacle s’achève sur la présentation d’une partie de la création de (LA)HORDE, Room with a view, déjà présentée dans sa version intégrale en 2020 au Théâtre National de Chaillot. Danseuses et danseurs, dans une ambiance qui s’apparente à celle d’une rave party, se meuvent sur la musique de Rone. La musique techno est diffusée près des corps. Elle les fait battre comme des cœurs au rythme des basses. Les poings se lèvent. Une revendication pure prend corps. Une meute avance tout en restant sur place et bien ancrée. Déterminée.
En mêlant le vocabulaire de la danse classique, du théâtre, de la fête et du minimalisme, le collectif (LA)HORDE propose une expérience sensible qui poursuit la recherche créative de l’art du mouvement des corps.
Roommates du collectif (LA)HORDE à l’espace Cardin du Théâtre de la Ville, jusqu’au 4 juin 2022.