CINÉMA

« Sentinelle Sud » – Aux sombres héros de l’amer

Sentinelle Sud © UFO Distribution
Sentinelle Sud © UFO Distribution

Pour son premier long-métrage, Sentinelle Sud, le réalisateur Mathieu Gérault embarque Niels Schneider et Sofian Khammes dans un trip évanescent sur fond de trafic d’opium. Un film singulier qui ne laisse pas insensible.

Tout commence par un retour en France. Celui du soldat Christian Lafayette (Niels Schneider), suite à une opération clandestine qui a décimé son unité. Un événement traumatique qui a complètement chamboulé cet écorché vif. Souhaitant tirer un trait sur le passé, il compte reprendre une vie normale. Mais la normalité est-elle possible lorsque l’on a côtoyé de si près l’enfer  ? En s’associant à un acolyte aussi sombre que déjanté, Mounir El Khoury (Sofian Khammes), Christian va plonger dans un trafic d’opium afin de sauver ses deux frères d’armes survivants. Le terrible engrenage n’en est qu’à ses débuts…

Niels Schneider et Sofian Khammes, un incroyable duo de cinéma. © UFO Distribution

Sentinelle Sud est un film étrange. Tant dans son ambiance que dans son genre. Pour son premier long-métrage, Mathieu Gérault a opté pour le mélange des genres. Cela commence comme un film social à la limite du documentaire où il est question du fameux phénomène du stress post-traumatique que connaissent malheureusement trop bien les militaires de retour de guerre. Et puis, rapidement, le film bifurque vers le polar. Les personnages se retrouvent embarqués dans des sombres affaires d’endettement, de braquages… Par moments, le scénario peut avoir tendance à se perdre dans les (nombreuses) méandres du film. Mais la singularité du propos et l’atmosphère générale finissent par emporter l’adhésion du spectateur.

Un personnage célinien

Dans le rôle de Christian Layette, anti-héros au charisme très «  célinien  » (impossible de ne pas penser au célèbre écrivain de Voyage au bout de la nuit devant Sentinelle Sud), Mathieu Gérault a eu la bonne idée de faire appel à Niels Schneider. Ici, son personnage n’est pas sans rappeler celui de Pier Ulmann, le jeune homme épris de vengeance qu’il interprétait dans Diamant Noir d’Arthur Harari en 2016. Une composition bluffante qui lui avait permis de décrocher le César du meilleur espoir masculin l’année suivante. Et si Sentinelle Sud lui permettait de décrocher celui du meilleur acteur  ? Réponse dans quelques mois.

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