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PASSAGES TRANSFESTIVAL – « Ghost writer and the broken hand break » : parfois le son fait vibrer

Ghost writer and the broken hand break
© Passages transfestival

L’artiste belge Miet Warlopp, accompagnée des frères Wietse et Joppe Tanghe, propose avec Ghost writer and the broken hand break une réflexion sur les différentes manières d’investir l’espace scénique. Une expérience impressionnante.

En arrivant dans la grande salle, à l’arrière de l’Arsenal de Metz, on craint un peu d’assister à une obscure performance d’art contemporain dont les programmateurs des lieux ont le secret. Pas de décor, pas de chaises, rien. À peine quelques lumières qui éclairent les trois corps de Miet Warlopp et des frères Tanghe, qui, ensemble et séparément, tournoient sur eux-mêmes dans une frénésie que l’on ne s’explique pas vraiment. Le public avance dans la pièce, jette un regard amusé aux toupies humaines qui repartiront probablement avec une sacrée migraine, s’assoit à même le sol, faute de chaises.

On a mal aux fesses mais Miet Warlopp, qui a conçu le spectacle pour questionner les manières dont un corps peut entrer au contact d’une scène et de son public, en met rapidement plein les yeux. Son corps tournoie toujours dans un mouvement hypnotisant, ses compères en font de même. Du silence, on passe aux boum-boums déchaînés d’une sono, mi-coups de tonnerre, mi-musique techno. Ça donne du rythme et ça fait entrer dans le dur.

Un homme s’avance vers les trois qui tournoient sans relâche, il leur tend de drôles d’instruments. Warlopp attrape au vol un cuivre, l’un des frères récupère une percussion et le troisième hérite d’une guitare électrique. Chacun son tour, les trois se mettent à jouer, tournoient, le son fuse et on a l’impression d’assister à un concert de rock dans un contexte de fin du monde.

La musicienne se fait chanteuse, entonne d’une voix mi-rock mi-pop des airs inconnus qui plaisent instantanément à tout le monde. La performance dure quarante-cinq minutes, mais personne ne voit le temps passer. Quand les trois interprètes finissent, toujours en tournoyant sur eux-mêmes, par rendre les instruments, le public, d’un seul regard, affiche une petite déception.

On demanderait bien du rab de cette musique à la fois familière et étrange, venue d’ailleurs pour enchanter les sens et les oreilles. Finalement, doucement, ils s’arrêtent de tourner. Le sang remonte jusque dans leurs boîtes crâniennes. Rouges mais fiers, tout sourire, les artistes saluent, visiblement émus, le public qui leur fait une longue standing ovation. Largement méritée.

Ghost writer and the broken hand break, un spectacle de Miet Warlopp avec Wietse Tanghe et Joppe Tanghe, pensé par Wiet Warlopp, Raimundas Malasauskas et Pieter de Meester, présenté au Passage transfestival à Metz, le 14 mai 2022.

Journaliste

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