SELECTION OFFICIELLE – HORS COMPETITION – Pour l’ouverture de la 75e édition du Festival de Cannes, Michel Hazanavicius présentait Coupez !. Un OVNI délicieusement absurde à l’humour décapant, à ne surtout pas rater.
L’annonce du nouveau film de Michel Hazanavicius avait créé une attente à la hauteur de la confusion qui entourait le sujet annoncé du film : un tournage de film de zombies tourne au cauchemar lorsque l’équipe est attaquée… par de véritables zombies. Certes. La bande annonce, sortie il y a quelques semaines seulement, n’apportait pas plus d’éléments de réponse. On y voyait une Bérénice Béjo ensanglantée massacrer des zombies à la hache, enveloppée par un décor et une mise en scène kitsch à souhait. Mais pour les plus chevronnés, l’excitation était à son comble : le réalisateur de The Artist s’attaque en fait au remake de Ne coupez pas ! , film japonais devenu culte dès sa sortie en 2017.
Pour adapter à l’écran cet OVNI venu du Japon, Michel Hazanavicius s’entoure comme toujours d’un casting prometteur. Bérénice Béjo, évidemment, Romain Duris, Finnegan Oldfield, Luàna Bajrami et l’actrice italienne Matilda Lutz, grande habituée des films d’horreur. L’équipe est au complet, le tournage peut commencer.
Un tournage explosif
C’est dans un immense bâtiment désaffecté que se prépare le tournage de ce film singulier. Mais, dès les premiers instants, l’ambiance sur le plateau tourne au cauchemar. Rémi, le réalisateur, joué par Romain Duris, devient complètement fou, reprochant à ses acteurs de ne pas lui donner ce dont il a besoin : la vérité dans leur jeu. Livrée à elle même et face aux caprices d’un réalisateur insatisfait, l’équipe découvre peu à peu l’histoire glaçante du lieu où elle se trouve : des expériences scientifiques auraient été menées au sous-sol, donnant vie à des morts vivants avides de revanche et de chair fraiche. Alors que l’angoisse monte, la situation dégénère et c’est un véritable bain de sang qui se déroule à l’écran. Mais pas nécessaire pour les âmes sensibles de s’abstenir : c’est déjà la comédie et l’absurde qui prennent le dessus sur l’horreur.
Les punchlines sont relativement faciles, mais efficaces, et révèlent des acteurs dans leur domaine de prédilection. On découvre d’ailleurs Finnegan Oldfield, plus habitué aux films d’auteurs, dans un registre qui lui va très, très bien.
Un film dans un film
Et puis tout à coup, le twist. Celui qu’on n’attendait pas. Le tournage s’arrête pour révéler l’envers du décor. La genèse du film, le pourquoi du comment de ce film sans queue ni tête. Comme dans la version originale, Michel Hazanavicius met en abîme les trente premières minutes du film, basculant dans un nouveau degré de comédie, encore plus efficace. Pour le spectateur, tout est remis en cause, et l’attaque de zombies apparaît sous un nouveau jour. Les rires s’enchaînent, tant il est impossible de résister au charme loufoque de cette comédie qui propose enfin quelque chose de « nouveau ».
Avec Coupez !, Michel Hazanavicius réussit le pari de rendre un bel hommage au film originel, s’appropriant au passage tout le sous-texte de ce film de zombies qui n’en est pas un. Il se moque de lui, d’abord, à travers le personnage de Rémi, mais surtout de son industrie, de ses travers et de ses ridicules. Mais Coupez ! est aussi une lettre d’amour au cinéma, à toutes ces petites mains, nécessaires, qui se démènent pour pouvoir apporter un film jusqu’à l’écran, malgré les ratés et les imprévus. Un portrait jouissif du cinéma, celui qui naît derrière la caméra. Une vraie réussite, en salles depuis mercredi.