Toutes les deux semaines, les journalistes de Maze vous proposent un tour d’horizon des albums et EP qui ont fait l’actualité musicale.
November Ultra – Bedroom Walls
Il est de ces disques baume au coeur qui rassurent et savent toucher l’âme pile au bon endroit pour l’apaiser. Le nouveau disque de November Ultra Bedroom Walls est l’un d’eux. Après une poignée de single, des multiples sessions acoustiques sur Instagram et un maxi Honey Please Be Soft & Tender sorti en 2021, elle dévoile son tout premier album.
Avec Bedroom Walls, November Ultra nous ouvre les portes de sa chambre et de ses secrets. Une ode à l’intime, aux zones d’ombres et de lumières intérieures qui coule dans les oreilles comme un nectar magique. L’album navigue entre plusieurs genres musicaux, R&nb, folk, comédies musicales : comme un patchwork de sonorités et d’influences collées sur une page de journal intime. Pour ce projet, elle s’entoure d’un entourage de producteurs comme Felower (Monomania) ou encore Raphaël Herrerias du groupe Terrenoire (Nostalgia/Ultra) et s’aventure même dans l’autotune. Dans une mélancolie rose, toujours douce, jamais triste, November nous invite à monter dans son manège magique où chaque chanson est une berceuse qui console autant qu’elle réconforte.
Sortie le 8 avril.
Coups de coeur : over & over & over, soft & tender, monomania, nostalgia/ultra, septembre
Pauline Pitrou
Muddy Monk – Ultra Dramatic Kid
Garçon dans la lune, bricoleur de sons spatiaux : depuis son premier disque Longue Ride paru en 2018, Guillaume Dietrich aka Muddy Monk compose la bande originale de ses errances nostalgiques. Après quelques projets, notamment un EP Ultra Tape sorti en 2020, Muddy Monk revient avec Ultra Dramatic Kid, un nouveau disque radical qui flirte avec étoiles et comètes.
Pour ce nouvel album, l’artiste va un peu plus loin dans le futurisme et dans l’affirmation de ses inspirations french touch (Daft Punk). Toujours avec cette fragilité juvénile qui le démarque depuis ses débuts, Muddy Monk alterne entre balades cosmiques et envolées électroniques.
Avec Ultra Dramatic Kid, il nous promène avec lui dans ses rêves déchus, amours perdus et autres nostalgies profondes qui ne cessent de le hanter. Dans le monde aérien de Muddy Monk, les machines comme les cœurs, semblent savoir pleurer, danser et exploser.
Sortie le 1er avril.
Coups de coeur : Face ou Pile, Soldat Boy, Slow
Pauline Pitrou
Father John Misty – Chloë and the Next 20th Century
Le célèbre crooner américain opère un retour en arrière sur son dernier album. Pour pallier les maux de notre société, il suggère de piocher dans notre passé : direction les Années Folles de l’après-guerre, entre euphories amoureuses, costumes à plumes, mondanités et piano-bars… Piste après piste, l’intemporalité du disque étonne. Les morceaux sont savamment choisis et leurs arrangements nous piègeraient presque : est-ce un vinyle poussiéreux trouvé au grenier où un live à Broadway ?
Father John Misty vogue et s’accapare les codes des plus grands classiques musicaux sans tomber dans le cliché et la caricature. Chloë, ode aux comédies musicales américaines, ouvre l’album, qui est clos par The Next 20th Century, au cynisme provocateur. Véritable voyage dans le temps, le disque frappe par sa désillusion moderne, paradoxale mise à côté d’une histoire musicale et iconographique empruntée à l’Amérique d’antan.
Sortie le 8 avril.
Coups de coeur : Chloë, (Everything But) Her Love, Olvidado (Otro Momento), Goodbye Mr. Blue
Robin Smichdt
Dead Myth – Shores
Dans une période qui est tout à fait anxiogène, on a soit besoin de réconfort soit de se défouler le plus possible pour faire sortir cette rage qui nous hante. Dead Myth nous offre la possibilité de bouger frénétiquement sur un post punk vigoureux. Si les sonorités des titres de l’album Shores pourraient nous faire penser aux Irlandais Fontaines DC ou encore des Français Structures. Dead Myth amène une touche plus mélodique et dansante, presque indie sur les sons industriels, par exemple sur les titres Village Idiot et Take me Down. Mais le groupe aborde un aspect très shoegaze et noisy sur d’autres morceaux, qui nous feraient sentir l’incessant mouvement de la houle.
Nous accostons sur les rivages vaporeux et sinistres du groupe normand. Un brin maritime fougueux, Dead Myth nous font découvrir leur univers mystique et froid.
Sortie le 4 mars 2022.
Coups de coeur : Desperation Move, Living Hell, Swing Into The Light
Eva Duc
Antenn.e – A. Bogoliubsky, Chien.
Quoi ? Vous ne comprenez pas le titre de cet EP au nom rocambolesque ? Ce n’est pas bien grave, il n’est pas nécessaire de savoir le prononcer pour pouvoir en apprécier son contenu ! À l’image de la musique du trio lyonnais Antenne.e, A. Bogoliubsky, Chien. est un recueil de six titres surréalistes. Leur musique aurait pu faire partie du manifeste DADA, ce courant du siècle dernier qui faisait de la poésie des mots, en s’amusant à composer avec ceux-ci. Antenn.e, eux, jouent avec les sonorités musicales. Les trois copains font des puzzles musicaux, des collages colorés.
S’amusant avec la langue, les manières de chanter et les rythmiques, chaque musique pourrait en être une infinité et un bijoux unique. Ce qui est sûr c’est qu’avec Antenn.e on ne s’ennuie jamais, pas question de faire une boucle du même accord, on préfère l’expérimentation. Alors dans la continuité d’un défoulement qui devient essentiel, voici un deuxième album art-punk qui saura vous faire perdre la tête et ainsi vous faire chavirer.
Sortie le 8 avril.
Coups de coeur : Incendie, Moutarde, Flowers, Cheers
Eva Duc
Wet Leg – Wet Leg
Véritable phénomène international, Wet Leg nous vient tout droit de l’île de Wright, minuscule îlot britannique d’à peine 150 000 habitants. Présenté comme la révolution musicale de 2022, le groupe a rapidement été signé sur Domino Records, le prestigieux label d’Arctic Monkeys et Franz Ferdinand. Un tube plus tard (Chaise Longue), le duo a concocté un album énergique et grisant.
L’opus est autant influencé par le post-punk actuel que par la folk qui a bercé les deux amies. Rhian Teasdale et Hester Chambers avaient déjà écrit des chansons et c’est Dan Carey, le génie derrière les réussites que sont Fontaines D.C., Squid et Goat Girl qui les a arrangé pour qu’elles collent à l’esthétique actuelle. Les morceaux ont cette pâte qui fait le retour en force du post-punk alors qu’il apparaît anachronique en 2022.
Que ce soit le lancinant et tubesque Chaise Longue, le sexuel Wet Dream, le rageur Angelica, et même la douce ballade Loving You, chaque morceau transpire l’énergie rock. L’identité de Wet Leg, c’est ce flegme, courant en Angleterre mais rare quand il s’agit de rock. Les paroles, l’intention, la façon de chanter et de jouer, tout semble transmettre cette nonchalance quant à ce qu’il se passe autour. Le vrai baptême du feu sera le live mais avec déjà quelques aperçus, on sait que Wet Leg retournera les Eurockéennes et l’Elysée Montmartre dans les prochains mois !
Sortie le 8 avril.
Coups de cœur : Ur Mom, Wet Dream, Chaise Longue
Basile Hervé
Jack White – Fear Of The Dawn
Après le génial et premier album solo qu’était Lazaretto sorti en 2014, le second Boarding House Reach avait fait office de trop grande expérimentation musicale et grandement déçu. Retour aux sources avec Fear Of The Dawn, ce nouvel et troisième opus. Une batterie agressive, une guitare au son saturé jusqu’à l’excès, des chœurs gorgés de reverb’ et un chant presque crié, voilà ce qui a fait le succès du musicien. Jack White a appris à utiliser ses machines et peut donc enfin livrer un excellent album, tant attendu. De l’électrisant The White Raven, au hip-hopisant Hi-De-Ho jusqu’à l’inclassable Eosophobia, Fear Or The Dawn fait avancer le rock, innove et défoule. Sur fond de riffs accrocheurs et percutants, Jack White déclame ses textes sans vraiment les chanter, harangue la foule et fait crier sa guitare.
Comme son nom l’indique, l’album préfère la rassurante obscurité de la nuit et s’emploie à développer un rock électrique et angoissant. Se suffisant largement à lui-même, Fear of The Dawn n’est pourtant qu’une première partie puisque Entering Heaven Alive sortira le 22 juillet et viendra compléter le dyptique. Annoncé comme plus acoustique, l’opus sera donc le recto de l’électrique verso. Deux faces d’une même pièce, d’un même Jack White, toujours aussi créatif malgré les années.
Sortie le 8 avril.
Coups de cœur : The White Raven, Eosophobia, Taking Me Back
Basile Hervé
Confidence Man – TILT
Pour faire danser les foules par leur audace sur scène et leur musique électronique house et vintage, les Confidence Man de Melbourne sont toujours au rendez-vous. Avec TILT, le groupe australien va encore soulever les foules.
Connus pour leur présence sur scène ainsi que pour leur arrogance à magnifier le beau, Confidence Man nous invite à accepter nos désirs les plus profonds comme sur Toy Boy où l’on parle des fesses d’un toy boy comme 8ème merveille du monde. Mais ici on prône aussi la position forte de la femme avec la house de Woman. Ce nouvel opus nous invite dans les racines de la dance qui est propre au groupe grâce aux morceaux envoutant What I Like, Luvin U Is Easy, ou encore Break It Bought It. Puis les breaks hip-hop de Kiss N Tell et le très funky à la Lizzo Angry Girl vont vous rendre nostalgique du début des années 2000. Puis l’album explose sur l’ultime titre Relieve The Pressure aux rythmes afro-beat et au son didjeridoo, morceau où la sublime Janet Planet fait monter la température en chantant en français.
Vous, fans de Scissor Sister, CSS, Lcd Soundsytem, ainsi que Madonna ou encore Ace Of Base, ce deuxième effort va vous rendre fou. De plus, Confidence Man est clairement un groupe à voir sur scène pour leurs chorégraphies insolites et leurs mooves indécents et sexy. Un album ensoleillé et dance qui fera forcément partie de la bande son de votre été.
Sortie le 1er avril
Coups de coeur : Feels Like A Different Things, What I Like, Toy Boy, Luvin U Is Easy, Angry Girl, Break It Bought It.
Thomas Soulet