Sélectionné l’année dernière à la Semaine de la Critique à Cannes, La Femme du fossoyeur est le récit d’une magnifique histoire d’amour dans les paysages somptueux de Djibouti. Une œuvre qui révèle un grand cinéaste, Khadar Ayderus Ahmed.
Il y a près d’un an, la programmation décidément toujours plus riche de la Semaine de la Critique (où l’on comptait également les singuliers Plumes d’Omar El Zohairy et Bruno Reidal de Vincent Le Port) proposait aux festivaliers La Femme du fossoyeur, premier long-métrage de l’écrivain-réalisateur Khadar Ayderus Ahmed. Un film qui n’a finalement pas figuré au palmarès de la section parallèle cannoise, tant la concurrence des autres propositions cinématographiques était rude. Mais qu’importe. La Femme du fossoyeur sort enfin en salles et il serait bien dommage de passer à côté.
Pourquoi ? Car tout simplement le film de Khadar Ayderus Ahmed est le récit d’une grande histoire d’amour, avec un premier degré totalement assumé. Guled (Omar Abdi) et Nasra (Yasmin Warsame) vivent dans la banlieue de Djibouti avec leur fils Mahad (Kadar Abdoul-Aziz Ibrahim) et s’aiment comme au premier jour. Rien ne semble pouvoir entacher le bonheur de ce couple uni si ce n’est la maladie rénale chronique de Nasra. Cette dernière doit subir une opération coûteuse. Guled va s’employer à trouver l’argent nécessaire pour sauver sa femme. Une mission difficile pour ce fossoyeur qui peine déjà à joindre les deux bouts.
Romantisme et cinéma d’action
La Femme du fossoyeur est un grand film de cinéma qui peut se lire de différentes manières. Telle est sa richesse. Bien sûr, le spectateur peut y voir un récit romantique dans le sens le plus littéraire du terme. Le réalisateur filme des personnages qui s’aiment par-delà la maladie. Le romantisme de l’intrigue s’explique également par le rôle des éléments et des paysages, en l’occurrence ici les étendues arides et désolées de Djibouti.
À côté de cette magnifique idylle qui unit les personnages de Guled et Nasra, le cinéaste signe un film d’action. Voici un long-métrage qui, malgré son aspect contemplatif, n’en est pas moins extrêmement palpitant. Pour sauver sa femme, Guled mène une véritable course contre la montre. Il n’a que deux semaines devant lui pour trouver l’argent nécessaire et l’opération qui peut sauver l’être aimée représente un an de salaire. Une mission quasi impossible donc.
Pour donner corps à ces amants magnifiques, Khadar Ayderus Ahmed a fait appel à deux personnes qui n’avaient jamais faits de cinéma, Yasmin Warsame et Omar Abdi. Avec les rôles de Nasra et Guled, ils donnent naissance à l’un des plus beaux couples du septième art de ces derniers mois. Bouleversant.