Présenté au Festival Music & Cinema Marseille, “Toubab ” dénonce le caractère aléatoire des politiques d’émigration. Pour son premier long-métrage, Florian Dietrich s’entoure d’acteurs novices. Le résultat ? Une comédie douce-amère, qui soulève brillamment de nombreux questionnements.
Babtou (Farba Dieng) est tout juste sorti de prison. Il se retrouve malgré lui de nouveau au commissariat, l’après-midi de sa libération. Cette fois-ci, il n’est plus question d’incarcération, mais d’éviction. Définitive. Du territoire. N’ayant connu que l’Allemagne, Toubab n’envisage pas de rentrer “dans son pays” : le Sénégal. Sa vie est en Allemagne, coûte que coûte, quoi qu’il faille faire…
Accompagné par Dennis (Julius Nitschkoff) son grand ami, Babtou (Toubab), cherche conseil auprès d’une avocate. Cette dernière lui annonce ne plus rien pouvoir pour lui. Que la seule chose qui pourrait lui éviter l’éviction, serait le miracle d’un soudain mariage. Cette idée, mentionnée naïvement, va lancer les deux amis vers de nouvelles conquêtes. Seulement, leur passé aux tendances macho, ne leur facilitera pas la tâche. Trouver la liaison qui permettra à Babtou d’être officiellement chez lui, en Allemagne s’annonce particulièrement compliqué. Là où les recherches semblent vaines, une dernière opportunité s’offre alors à eux : s’échanger eux-mêmes ces fameuses alliances, qui résoudraient tous les problèmes de Toubab.
Les révélations pleuvent
Sa distribution, Florian Dietrich l’a constituée autour de quelques connaissances, issues de son quartier d’origine. Les amis d’amis qui se sont présentés au casting, sans expérience préalable, ont permis à cet habile scénario de voir le jour. Le cœur de l’histoire puise d’ailleurs son inspiration dans les situations d’expulsion vécues par certains camarades de promotion du réalisateur, à la Deutsche Film- und Fernsehakademie Berlin.
Cette réalisation haute en couleurs, en cultures et où se rencontrent tant de langues, questionne le vivre ensemble. Elle s’attarde sur la dure réalité identitaire rattachée à la géographie, pour articuler un propos juste, bercé d’humour. Une grande réussite, qui n’est pour l’instant pas encore programmée en salles françaises (malheureusement).
