CINÉMAFestival de Cannes

CANNES 2021 – « Libertad » : Adieux à l’enfance

Libertad - Copyright AVALON 2020
Libertad - Copyright AVALON 2020

SEMAINE DE LA CRITIQUE – Avec Libertad, la réalisatrice Clara Roquet capture les émois des étés adolescents. Un premier film qui dessine les débuts d’une belle carrière derrière la caméra.

« Libertad ». Liberté. C’est cet air chaud de l’été qui commence. Les journées qui s’allongent et deviennent paresseuses. La chaleur des corps et les esprits qui s’échappent. Quand on a quinze ans, ce sont les vacances en famille. Pour la jeune Nora, « Libertad », c’est aussi cette fille colombienne, si belle et intrigante, qui vient s’installer pour quelques semaines dans la maison familiale.  Alors que les deux jeunes filles se lient d’amitié, chacune doit faire face à la fin d’un monde.

Pour Clara Roquet, Nora est un symbole. Celui du passage à l’âge adulte. Celui de l’adolescente sage qui découvre son corps, les garçons et les filles. Mais aussi celui de l’enfant qui apprend à accepter les échecs de ses parents. Ce sont les premiers amours, les premiers pardons, mais aussi les premiers deuils. Ces premiers instants sont gravés profondément en chacun, comme une trace profonde de l’innocence qui n’est plus. Cette période confuse, aussi excitante que menaçante, où tout s’écroule pour mieux se reconstruire. Ce sont des instants uniques. Avec Libertad, la réalisatrice espagnole leur rend hommage. 

Nora, c’est l’exceptionnelle Maria Morera Colomer. Cette jeune actrice espagnole occupe l’écran d’une présence naturelle. Elle incarne à la perfection les troubles adolescents, confondant douceur et rébellion dans un regard vert transperçant. Un talent pur, qui aurait mérité un scénario plus percutant. En effet, Libertad accroche tout de suite, mais ne tient pas la longueur. Cette amitié intense, qui débute sous la chaleur d’un été brûlant, laissait à Clara Roquet de nombreux terrains à découvrir. Finalement, elle choisit de rester dans le chemin des conventions, qu’elle parcourt sans surprendre. 

La réalisatrice espagnole ne réinvente pas le genre, et propose un film qui ressemble à beaucoup d’autres sur l’adolescence et les émois qui lui sont propres. Elle aurait gagné à miser plus franchement sur l’alchimie de ses deux actrices principales, mais propose néanmoins un film attachant. Sa maîtrise de l’image est totale, et laisse entrevoir une patte qu’on retrouvera avec plaisir sur ses prochains longs-métrages. 

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